Chine
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La Chine (en chinois : 中国, zhōngguó), en forme longue la république populaire de Chine (RPC), également appelée Chine populaire et Chine communiste, est un pays d'Asie de l'Est. Avec plus de 1,4 milliard d'habitants, soit environ un sixième de la population mondiale, elle est, en 2023, le deuxième pays le plus peuplé du monde, après l'Inde. La principale partie de la population se trouve à l'est du pays. Elle compte six agglomérations de plus de dix millions d'habitants : la capitale Pékin, Shanghai, Chongqing, Tianjin, Canton et Shenzhen, ainsi que plus de trente villes d'au moins deux millions d'habitants[9]. Avec une superficie de 9 600 000 km2 selon l'ONU[10] ou de 9 596 960 km2 selon The World Factbook[11], la Chine est également le plus grand pays d'Asie orientale et le troisième ou quatrième plus grand pays du monde par la superficie[12]. La Chine s'étend des côtes de l'océan Pacifique au Pamir et aux Tian Shan, et du désert de Gobi à l'Himalaya et au nord de la péninsule indochinoise.
Cet article concerne le pays aujourd'hui appelé « République populaire de Chine ». Pour d’autres usages du nom « Chine », voir Chine (homonymie).
République populaire de Chine
(zh-Hans) 中华人民共和国
(zh-Hant) 中華人民共和國
(zh-Latn-pinyin) Zhōnghuá Rénmín Gònghéguó
Drapeau de la république populaire de Chine |
Emblème de la république populaire de Chine |
Hymne |
en mandarin : 義勇軍進行曲 (Yìyǒngjūn Jìnxíngqǔ, « La Marche des Volontaires ») |
---|---|
Fête nationale | 1er octobre |
· Événement commémoré |
En vert clair : territoire revendiqué mais non contrôlé par la république populaire de Chine.
Forme de l'État |
République État communiste à parti unique[1] |
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Secrétaire général du PCC | Xi Jinping |
Président | Xi Jinping |
Vice-président | Han Zheng |
Premier ministre | Li Qiang |
Parlement | Assemblée nationale populaire |
Langues officielles | Chinois mandarin[alpha 1] (écrit à l'aide de sinogrammes simplifiés[alpha 2]) |
Capitale |
Pékin (Beijing) 39° 55' N, 116° 23' E |
Ville la plus peuplée (zone urbaine) | Shanghai |
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Superficie totale |
9 596 960 km2 (classé 4e) |
Superficie en eau | 2,85 % |
Fuseau horaire | UTC +8 |
Entités précédentes | |
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Chine impériale | 221 av. J.-C. - 1912 |
Guerres de l'opium | 1839-1842 et 1856-1860 |
Première guerre sino-japonaise | 1894-1895 |
Révolution chinoise | 1911 |
République de Chine | 1912-1949 |
Guerre civile chinoise | 1927-1949 (ou 1950) |
Seconde guerre sino-japonaise | 1937-1945 |
Fondation de la république populaire de Chine | |
Dictature[2],[3] de Mao Zedong | 1949-1976 |
Grand Bond en avant | 1958-1960 |
Révolution culturelle | 1966-1976 |
Réforme économique chinoise | depuis 1978 |
Gentilé | Chinois, Chinoise |
---|---|
Population totale ([4]) |
1 425 671 352 hab. (classé 2e) |
Densité | 149 hab./km2 |
PIB nominal (2022) |
18 117 milliards de $ +2,99 %[alpha 3],[5] (2e) |
---|---|
PIB (PPA) (2022) | 30 217 milliards de dollars internationaux courants[5] (1er) |
PIB nominal par hab. (2022) | 12 814 $[5] (65e/195) |
PIB (PPA) par hab. (2022) | 21 392 dollars internationaux courants[5] (78e/195) |
Taux de chômage (2022) |
4,20 % de la pop. active +0,24 pp[5] |
Dette publique brute (2022) |
Nominale : 94 013 milliards de ¥[5] Relative : 77,1 % du PIB +6,3 pp[5] |
Monnaie |
yuan ou renminbi (CNY ) |
IDH (2021) | 0,768[6] (élevé ; 79e) |
---|---|
IDHI (2021) | 0,651[6] (67e) |
Coefficient de Gini (2019) | 38,2 %[7] |
Indice d'inégalité de genre (2021) | 0,192[6] (48e) |
Indice de performance environnementale (2022) | 28,4[8] (160e) |
Code ISO 3166-1 |
CHN, CN |
---|---|
Domaine Internet | .cn, .中国, .中國 |
Indicatif téléphonique | +86 |
Organisations internationales | ONU BADBAIIAPSCOINBARCIRG20G33OCSBRICS |
La Chine est l'un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies (république de Chine jusqu'en 1971, puis république populaire de Chine depuis cette date). Elle est le premier exportateur mondial et dispose de l'arme nucléaire, de la plus grande armée du monde (pour l'effectif) et du deuxième plus grand budget militaire. Gouvernée par le Parti communiste chinois depuis 1949, la Chine a adopté une « économie socialiste de marché » où capitalisme et contrôle politique totalitaire se côtoient en une formule spécifique. La Constitution de la république populaire de Chine la définit comme « un État socialiste de dictature démocratique populaire, dirigé par la classe ouvrière et basé sur l'alliance des ouvriers et des paysans ». Le préambule de la Constitution spécifie le rôle dirigeant du Parti communiste chinois et continue de citer officiellement le marxisme-léninisme comme idéologie de référence de l'État[13].
La Chine est l'une des plus anciennes civilisations au monde, et est parfois citée comme la plus ancienne civilisation continue[14]. Elle trouve son origine dans la vallée du fleuve Jaune puis s'est étendue vers le sud (conquête des territoires au sud du Yangtsé dès la dynastie Han), vers l'ouest (premières incursions en Asie centrale sous les Han, extension temporaire jusqu'à la mer Caspienne sous les Tang, conquête du Xinjiang et du Tibet sous les Qing[15]) et vers le nord (la dynastie Qing, d'origine mandchoue, apporta à la Chine la Mandchourie et la Mongolie). Au cours de son histoire la Chine a été à plusieurs reprises divisée puis réunifiée ; elle a été par deux fois entièrement conquise par des étrangers[alpha 4] (par les Mongols au XIIIe siècle et par les Mandchous au XVIIe siècle), bien que ceux-ci aient fini par adopter les coutumes et le système administratif chinois pour gouverner l'empire. La dernière dynastie impériale, les Qing (la dynastie d'origine mandchoue qui régnait sur le pays depuis 1644), a connu une période de déclin durant la phase d'expansion coloniale des pays occidentaux, menant le pays de défaite en défaite à partir des guerres de l'opium. Le régime impérial chinois est renversé par la révolution chinoise de 1911 et la république de Chine est proclamée par Sun Yat-sen début 1912. En 1927, une guerre civile éclate avec le Parti communiste chinois, interrompue pendant la guerre avec le Japon jusqu'à la capitulation japonaise en 1945. À la suite de la victoire militaire du Parti communiste chinois sur le Kuomintang qui s'est exilé à Taïwan avec le gouvernement de la république de Chine, la république populaire de Chine est proclamée le en Chine continentale. Elle se présente comme une « république socialiste », et exerce depuis 1997 un contrôle sur vingt-deux provinces[alpha 5], cinq régions autonomes, quatre municipalités (dont Pékin) et deux régions administratives spéciales (Hong Kong et Macao).
La Chine a connu une période néolithique et des âges des métaux plutôt tardive par rapport à l'Anatolie et à la Mésopotamie, mais elle a été et reste le foyer de nombreuses innovations dans les domaines des sciences et des arts[11]. Elle est à l'origine de nombreuses inventions majeures telles que la boussole[16], le papier[17], la monnaie de papier[18] ou la poudre noire[19]. La civilisation chinoise a fortement imprégné toute l'Asie de l'Est, notamment aux niveaux religieux (confucianisme, taoïsme et développement du bouddhisme chan), linguistique (les caractères chinois ont été utilisés dans toute la région et de nombreux mots chinois sont présents dans les langues qui y sont parlées), ainsi qu'artistique (calligraphie, peinture, imprimerie, instruments de musique, arts martiaux).
La république populaire de Chine est souvent appelée « Chine », bien que la république de Chine (Taïwan) revendique également cette appellation dans sa constitution de 1947. La république populaire de Chine s'écrit aussi « République populaire de Chine » avec une majuscule[20]. On écrit 中華人民共和國 en chinois traditionnel, 中华人民共和国 en chinois simplifié, Zhōnghuá Rénmín Gònghéguó en pinyin, prononcé /tʂʊŋ˥xua˧˥ɻən˧˥mɪn˧˥kʊŋ˥˩xə˧˥kuɔ˧˥/ Écouter.
Tout au long de leur histoire, les Chinois ont utilisé plusieurs noms pour désigner leur pays. Aujourd'hui, le plus utilisé d'entre eux est 中国 / 中國, zhōngguó (prononcé /tʂʊŋ˥kwɔ˧˥/).
Lorsqu'ils envisagèrent l'établissement d'une république, Sun Yat-sen et ses compagnons ne voulurent pas reprendre le terme « zhōngguó », pourtant courant, car il était employé par les puissances occidentales ; ils voulaient encore moins de « Shina » (支那), terme réducteur utilisé par les Japonais durant les guerres sino-japonaises, imprégné de colonialisme, qu'on retrouve dans la transcription chinoise de Indochine (印度支那, Yìndù zhīnà). Ils décidèrent finalement de combiner les caractères « zhōng » (中) et « huá » (華 chin.trad. 华 chin.simpl.).
Le sinogramme « zhōng » viendrait de « zhōngyuán » (中原 chin.trad. et chin.simpl.) qui signifie « les plaines du centre » en référence au berceau de la première civilisation chinoise situé quelque part entre le fleuve Jaune (le Huang he) et le Yangtsé.
Quant au sinogramme huá, qui peut prendre aujourd'hui le sens de « en fleur », « magnifique » ou « illustre », c'est l'un des éléments de huáxià, terme qui désigne dans les écrits des Royaumes combattants les premiers Chinois, « les tribus de Huángdì et de Yandi ». Qián Mù (錢穆), historien chinois, considère qu'il s'agit du nom de leur territoire, Hua étant une montagne du Henan et Xia l'ancien nom de la rivière Han (漢水, Hàn shuǐ). D'autres historiens pensent que l'ethnie Xia, qui aurait donné son nom à la première dynastie de l'histoire chinoise, était qualifiée de hua, dont un des sens est « peint », du fait que ses membres se tatouaient.
Ainsi, le terme zhōnghuá fut mentionné pour la première fois en 1894 par Sun Yat-sen à l'occasion d'un discours prononcé à Hawaï. Ce terme est aujourd'hui inclus dans les appellations de la république de Chine (Taïwan) (Zhōnghuá Mínguó ; 中華民國 / 中华民国) et de la république populaire de Chine (Zhōnghuá Rénmín Gònghéguó ; 中華人民共和國 / 中华人民共和国).
Le mot « zhōngguó » (Chine), ayant à l'origine un nombre de sens restreints, a par la suite pris un sens plus large et désigne désormais l'ensemble du territoire chinois. Aujourd'hui, ce mot fait généralement référence à la Chine continentale (中國大陸, zhōngguó dàlù) ou à la république populaire de Chine (Hong Kong et Macao inclus), plus rarement à l'ensemble formé de la république populaire de Chine et de Taïwan, ce qui correspond alors à une zone économique aussi appelée la « Grande Chine » (Dà Zhōnghuá Dìqū ; 大中華地區/大中华地区).
Début | Fin | Période | Origine | Événements remarquables |
---|---|---|---|---|
? | ? | Dynastie Xia | (écrits légendaires) | (légendes sur la grande inondation) |
XVIe siècle av. J.-C. | −1046 | Dynastie Shang | (écrits légendaires) | écriture ossécaille |
−1046 | −256 | Dynastie Zhou | fief sous Shang | introduction du féodalisme et de l'étiquette |
−770 | −476 | Période des Printemps et Automnes | « Annales des Printemps et Automnes » | cent écoles de pensée (Confucius, etc.) |
−475 | −221 | Période des Royaumes combattants | « Stratagèmes des Royaumes combattants » | chute de la dynastie Zhou, route de la soie par le bassin du Tarim (récits assez fiables) |
−221 | −206 | Dynastie Qin | duché sous Zhou | première unification, début de construction de la Grande Muraille |
−206 | 220 | Dynastie Han | révolte des paysans | première conquête du Nord-Ouest (bassin du Tarim) |
220 | 280 | Trois Royaumes | royalistes et nobles de la dynastie Han | |
266 | 420 | Dynastie Jin | coup de la cour | invention de la poudre, propagation du bouddhisme |
420 | 589 | Dynasties du Sud et du Nord | divers | |
581 | 618 | Dynastie Sui | duché sous les dynasties du Nord | création des examens impériaux, Grand Canal |
618 | 907 | Dynastie Tang | duché sous Sui | bataille de Talas avec les Arabes |
907 | 979 | Période des Cinq Dynasties et les Dix Royaumes | divers | |
960 | 1279 | Dynastie Song | coup militaire | invention de l'imprimerie, du compas, et du billet d'argent |
1279 | 1368 | Dynastie Yuan (empire mongol) | conquête mongole de la Chine | |
1368 | 1644 | Dynastie Ming | révolte des paysans | explorations de Zheng He sur océans Indien et Pacifique, invasions japonaises de la Corée |
1644 | 1911 | Dynastie Qing | conquête mandchoue de la Chine | conquête du Tibet, première guerre sino-japonaise |
1911 | 1949 | République de Chine | révolution | aujourd'hui devenue Taïwan |
1949 | - | République populaire de Chine | guerre civile entre communistes et nationalistes |
Préhistoire
Dès le Néolithique existaient en Chine des sociétés organisées sédentaires qui pratiquaient l'agriculture et l'élevage. La culture du riz apparaît vers 5000 av. J.-C. Bien que des objets de bronze aient été trouvés sur le site de la culture de Majiayao (entre 2700 et 2300 av. J.-C.), il est généralement admis que l'âge du bronze en Chine a commencé aux alentours de 2100 av. J.-C., durant la dynastie des Xia[21],[22]. Mais c'est sous la dynastie des Shang (de 1766 à 1122 av. J.-C.) que le travail du bronze atteint tout son développement[23].
Histoire ancienne
L'histoire de la Chine antique débute vers 1300 av. J.-C. Après les premières dynasties, telles que celles des Xia, des Shang et des Zhou, qui n'occupent que la partie la plus centrale du pays, le grand unificateur de la Chine est l'empereur Qin Shi Huang, fondateur de la dynastie Qin (qui a donné son nom à la Chine) en 221 av. J.-C., ainsi que de la Grande Muraille de Chine[alpha 6]. Elle est alors devenue une vaste zone relativement unifiée politiquement et linguistiquement, avec une culture avancée, devançant le reste du monde dans de nombreux domaines tels que les arts, la médecine et les techniques. L'armée enterrée qui garde encore aujourd'hui son mausolée à côté de Xi'an a été retrouvée en 1974.
Sous les Han ( – apr. J.-C.), les Tang (de 618 à 907), puis les Song (de 960 à 1279), le pays connait de longues périodes de paix, pendant lesquelles la Chine peut être comptée au premier rang des nations les plus importantes du monde, par sa population, sensiblement égale à celle de l'Europe, mais aussi par ses innovations, sous les Tang et sous les Song en particulier. À cette époque se met en place la route de la soie : les Chinois en fixent l'ouverture au voyage de Zhang Qian entre −138 et −126[24], mais la route de la soie s'est développée surtout sous la dynastie Han ; elle permet d'établir des contacts, d'abord indirects, avec la plupart des grands empires de l'Ancien monde, et jusqu'en Europe (le Livre des Han postérieurs évoque l'empire romain, appelé Da Qin).
Entre ces brillantes dynasties cependant, la Chine connait des périodes troublées, avec des périodes de guerres civiles pendant lesquelles elle perd son unité. C'est notamment le cas de la période séparant la chute des Han, en 220 apr. J.-C. avec l'apparition des Trois Royaumes, jusqu'en 581, date à laquelle la dynastie Sui réunifie la Chine, préparant ainsi l'avènement des Tang. De même, une période de troubles, les Cinq dynasties et les dix royaumes, sépare les Tang de la dynastie Song, pendant laquelle s'épanouit la culture chinoise à son apogée.
Invasion mongole : dynastie Yuan
Après le traumatisme de l'invasion mongole opérée par les héritiers de Gengis Khan, la dynastie Yuan, celle-ci prend le pouvoir dans le Nord de la Chine à partir de 1234, et proclame sa souveraineté sur la Chine en 1271, en dépit de la résistance acharnée de la dynastie des Song dans le Sud de la Chine jusqu'en 1279. En 1274, l'empereur Kubilaï constitua une flotte imposante pour s'emparer du Japon, mais elle fut en partie détruite par un typhon ; en 1281, il renouvela cette tentative qui fut contrariée par un nouveau typhon, baptisé kamikaze (« vent des dieux »)[25]. Jusqu'à la fin du XIIIe siècle, l'Europe connaissait très peu de chose de la Chine avec qui elle était indirectement reliée par les routes de la soie, au long desquelles de multiples intermédiaires et marchands se succédaient gardant secrète leur connaissance parcellaire du parcours[26].
Dynastie Ming (Han)
Une nouvelle dynastie d'ethnie Han reconquiert le pouvoir en 1368 ; c'est la dynastie Ming, qui s'efforcera de retrouver la gloire du passé, sans toutefois en retrouver le dynamisme. En 1405, la Chine se prépare avec la construction de la « Grande Flotte » à l'une des plus grandes aventures d'exploration maritime de l’époque du Moyen Âge qui la mènera au cours de sept expéditions sous la direction de l'amiral Zheng He jusqu'à Java, Ceylan puis l'est de l'Afrique[25]. On retrouve notamment des traces de leurs ADN dans les populations modernes.[réf. souhaitée]
Invasion mandchoue : dynastie Qing
En 1644, une nouvelle dynastie « non-Han », mandchoue cette fois, descendant de tribus qui nomadisaient en Sibérie orientale ayant sédentarisé au nord de Pékin (région de Gehol), s'empare du trône de Chine et fonde la dynastie Qing, aboutissement de l'œuvre de Nurhachi, le véritable fondateur de cette lignée. Elle s'achèvera après la Révolution de 1911 qui débouchera sur la proclamation de la république de Chine par le Dr Sun Yat-sen au et l'abdication de l'empereur Puyi, « le dernier empereur » en février de la même année[27].
Importance de la langue écrite
Même pendant les périodes d'unité, la culture chinoise a toujours consisté en un tissu très composite, et la variété des cuisines, des dialectes, des habitudes et des modes de vie ne doit pas être éclipsée par l'étonnante unité culturelle, administrative et politique de ce pays à l'échelle d'un continent. Cette unité et continuité ne sont pas sans rapport avec l'emploi d'une écriture relativement détachée de la phonétique, qui permet de noter de la même façon des langues et des dialectes très différents.
Naissance de la Chine moderne
Guerres de l'opium et traités inégaux
Lors de la révolution industrielle inaugurée au Royaume-Uni, la Chine des Qing se ferma aux influences étrangères : cela contribua sans doute, dans un contexte d'internationalisation des échanges et d'impérialisme colonial, à son déclin économique et technique[non neutre]. À la suite des guerres de l'opium (1839 et 1856), les Traités inégaux forcèrent l'empire Qing à diviser son territoire en zones d'influence attribuées aux Huit armées étrangères alliées, ouvertes sans conditions au commerce étranger : l'Allemagne, par exemple, dominait le Shandong, la France le Yunnan. L'économie du pays, axée sur le commerce de l'opium, fut ruinée, son autonomie politique abolie de facto.
En 1851 commença la révolte des Taiping, alimentée par les croyances des sociétés secrètes de Chine méridionale, et prônant un mouvement de réformes radicales. Mal organisée, l'armée des Taiping fut défaite en 1864, avec l'appui des troupes franco-britanniques.
Lors de la première guerre sino-japonaise (1894-1895), le Japon vainquit les troupes impériales, et obtint l'île de Taïwan et les îles Penghu à travers le traité de Shimonoseki. En 1898, le Royaume-Uni obtint une concession de 99 ans sur les Nouveaux Territoires (y compris New Kowloon et Lantau). Le Royaume-Uni, la Russie, le Japon, la France, l'Allemagne et la Belgique tirèrent parti de l'état de déréliction croissante du pays pour élargir chacun leur sphère d'influence.
Entre 1861 et 1895, les tentatives de la Chine pour se moderniser s'avèrent insuffisantes, la réforme des Cent Jours de 1898 est un échec. Le mouvement nationaliste de la révolte des Boxers, en 1899-1901, dont l'empire tente de tirer parti pour résister à l'influence des puissances étrangères, débouche sur une intervention internationale et sur un protocole de paix humiliant pour la Chine, renforçant le discrédit des Qing.
République de Chine
La révolution éclate en 1911. Sous la pression d'intellectuels et hommes politiques progressistes, le choix d'un régime républicain est décidé et la république de Chine est proclamée en par Sun Yat-sen, chef du parti nationaliste Kuomintang.
L'empereur Puyi, âgé de 6 ans, abdique, le pouvoir ayant été essentiellement dans les mains de l'impératrice douairière Cixi[28]. Yuan Shikai, devenu président, tente de rétablir l'empire à son profit en 1915. Sa mort, en 1916, contribue au chaos économique et politique du pays : la conférence de Paris, en 1919, attribue le Shandong, revendiqué par l'Allemagne récemment défaite, au Japon. Le mouvement du 4 Mai 1919 éclate en signe de protestation.
En 1921, le Parti communiste chinois est créé à Shanghai. Entre-temps, Sun Yat-sen a multiplié les contacts et demandes d'assistance auprès de la jeune Union soviétique. En 1923, il fonde à Canton l'académie militaire de Huangpu, destinée à former une armée chinoise moderne : Tchang Kaï-chek en prend la direction. À la mort de Sun Yat-sen en 1925, Tchang Kaï-chek mène avec succès l'Expédition du Nord, reprenant aux seigneurs de guerre la moitié nord du pays. En avril 1927, il proclame l'établissement de la capitale à Nankin, instaurant la période dite de la décennie de Nankin. Dans le même temps, il rompt avec ses alliés communistes et entame cette rupture avec le massacre de Shanghai, marquant le début de la guerre civile chinoise. La capitale communiste, Wuhan, est reprise en 1928 par l'Armée nationale révolutionnaire du Kuomintang : le Kuomintang a le contrôle nominal de l'ensemble du pays et obtient une reconnaissance internationale.
Fin 1931, Mao Zedong proclame la République soviétique chinoise à Ruijin. Fin 1934, chassé par l'armée de Tchang Kaï-chek, il entame la Longue Marche (12 500 kilomètres), fuyant vers le Nord avec 100 000 hommes, dont 86 000 soldats de l'Armée rouge. Fin 1935, il se fixe avec les quelques dizaines de milliers de survivants à Yan'an. En 1932, le royaume fantoche de Mandchoukouo dont Pu Yi était le souverain nominal avait été établi par les Japonais en Mandchourie, réduisant considérablement le support industriel du Kuomintang. À l'été 1937, l'invasion massive de la partie orientale de la Chine par le Japon déclencha la seconde guerre sino-japonaise. Menacé par l'occupation japonaise et les mutineries de ses troupes, le parti nationaliste s'allia aux communistes contre l'envahisseur. Exacerbée par le massacre de Nankin en décembre 1937 et les multiples exactions contre les civils, la lutte anti-japonaise fortifia cette alliance jusqu'en 1940, où des conflits entre communistes et nationalistes reprirent épisodiquement.
De 1940 à 1945, un Gouvernement national réorganisé de la république de Chine, instauré par Wang Jingwei, ancien rival de Tchang Kaï-chek au sein du Kuomintang et ancien chef du gouvernement de la République de Chine de 1932 à 1935, collabore avec l'occupant japonais.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis accordèrent une aide financière massive au Kuomintang dans le cadre de l'effort de guerre anti-japonais ; les traités inégaux furent abolis par les Américains et les Britanniques en 1943. En , la conférence de Yalta autorisa l'Union soviétique, avec l'accord tacite du Parti communiste chinois, à chasser l'armée japonaise de Mandchourie.
En 1947, l'aide américaine, s'avérant inefficace, prit fin. En 1948, les troupes du Kuomintang étaient démoralisées, épuisées par la guerre antijaponaise et la corruption du parti nationaliste. Dès la République soviétique chinoise du Jiangxi et surtout après son installation à Yan'an, Mao Zedong avait rompu avec les principes marxistes-léninistes traditionnels, fondés sur les révolutions urbaines à base ouvrière. Dans les territoires qu'il occupait, il poussait une réforme agraire, menant une guérilla paysanne et ralliant les masses rurales. En , son mouvement avait rallié la majorité du pays et Pékin fut prise sans combat par l'Armée populaire de libération ; elle redevint capitale de la Chine sous l'appellation internationale de Beijing. Entre avril et novembre, la plupart des autres villes tombèrent sans grande résistance aux mains des communistes.
En 1949, les Communistes achèvent de prendre le contrôle de la Chine continentale (achevant en 1950 leur conquête par celle de l'île de Hainan). Les partisans du Kuomintang se replient sur l'île de Taïwan, et quelques îles du Fujian. Ils y maintiennent le gouvernement sous le nom de la république de Chine. Ce gouvernement basé à Taïwan est initialement le seul État chinois reconnu par les pays occidentaux, et conserve le siège de la Chine à l'ONU jusqu'en 1971, date à laquelle la république populaire de Chine la remplace.
Histoire de la république populaire de Chine
Le , Mao Zedong proclame la fondation de la république populaire de Chine, qui succède à la république de Chine, sur la place Tian'anmen, à Pékin.
Le nouveau pouvoir veut mettre en place un nouvel ordre économique et social à la fois inspiré de l'exemple soviétique et adapté aux réalités chinoises. Dans un premier temps, cherchant d'abord à reconstruire un pays ravagé, il se contente de réformes relativement modérées, inspirées de celles déjà mises en place dans ses anciens bastions du temps de la guerre civile. Le rythme des réformes s'accélère pourtant rapidement, et de nombreuses personnes, soupçonnées de ne pas collaborer avec le régime, sont exécutées[29].
En 1950, la Chine attaque militairement le Tibet[30]. En octobre 1950, elle soutient activement la Corée du Nord dans le conflit qui l'oppose à la Corée du Sud, en envoyant 1 700 000 « volontaires » combattre les forces américaines et internationales des Nations-Unies. En 1957, prenant acte des insuffisances du régime, Mao lance la campagne des Cent Fleurs : il invite la population à un débat critique. Les critiques formulées par les intellectuels sont parfois très violentes et inquiètent le parti. Celui-ci réplique par une « campagne antidroite » et lance en 1958 le Grand Bond en avant, vaste mobilisation pour la modernisation économique qui se solde par une famine responsable de 15 à 30 millions de morts. À partir de ce moment, Mao, très contesté par certains des responsables les plus éminents du parti, perd de son autorité. De nouvelles politiques économiques sont mises en place sous la présidence de Liu Shaoqi.
En 1966, Mao lance la révolution culturelle, qui lui permet de revenir au pouvoir en s'appuyant sur la jeunesse du pays contre les élites du parti en poste alors. Une période de chaos s'ensuit[31]. La situation est progressivement reprise en main par Zhou Enlai. Peu après la mort de Mao, Deng Xiaoping, considéré comme le leader des réformistes, parvint à se hisser au pouvoir. À la suite de cela, la veuve de Mao, Jiang Qing, et ses associés, la bande des Quatre, sont arrêtés et jugés et le gouvernement engage des réformes économiques.
En décembre 1978, lors du XIe Comité central du Parti communiste chinois, les dirigeants chinois annoncent qu'ils encourageront les coopérations économiques avec les autres pays et chercheront à obtenir les techniques et équipements les plus avancés du monde. Ce revirement politique marque le début de la politique d'ouverture de la Chine, avec le nouveau concept d'« économie socialiste de marché »[32]. Le leitmotiv des partisans de la réforme économique est l'ouverture progressive du marché chinois, pour parvenir à la constitution d'une classe moyenne urbaine (15 % de la population actuelle) et à l'amélioration du niveau de vie[réf. nécessaire] (qui s'est vérifié par une augmentation spectaculaire du revenu annuel, du niveau de consommation, de l'espérance de vie, de l'alphabétisation). Les critiques adressées à ces réformes économiques, émanant généralement des paysans les plus pauvres, des observateurs étrangers et des dissidents politiques, notent que ces réformes ont créé de grandes disparités au sein du pays, une importante pollution, une corruption rampante, un chômage croissant et une mauvaise gestion des entreprises d'État. Certains acteurs de la vie politique chinoise, journalistes et magistrats, critiquent également le manque de réformes politiques vers plus de démocratie[33].
Le pays adopte progressivement une économie de marché et s'insère de plus en plus dans le système économique libéral mondial. En 2001, il adhère à l'Organisation mondiale du commerce. Toutefois, le Parti communiste chinois en conserve le contrôle politique exclusif et maintient sa politique ferme vis-à-vis de groupes menaçant son hégémonie. Ces opposants sont majoritairement des personnes issues de certaines minorités (notamment du Tibet et du Xinjiang), certains Hans issus de la classe urbaine[réf. nécessaire] ou des dissidents vivant à l'étranger. La question des droits de l'homme reste un des sujets les plus sensibles concernant la république populaire de Chine dans l'opinion occidentale.
Stigmatisant les violations des droits de l'homme, la répression des manifestations de la place Tian'anmen, le , a entraîné un embargo sur les ventes d'armes à la Chine. L'Union européenne souhaitait en 2005 lever cet embargo[34]. La république populaire de Chine est de plus en plus influente politiquement à travers le monde. Depuis 2010, c'est la deuxième puissance économique du monde, derrière les États-Unis (et l'Union européenne).
Géographie
La Chine est le 3e ou 4e pays le plus grand du monde après la Russie, le Canada et, selon la méthode de calcul utilisée, les États-Unis (incluant l'Alaska)[12]. Si l'on prend en compte seulement la superficie terrestre (sans les lacs et rivières), la Chine est le 2e pays le plus grand après la Russie.
La Chine est située au centre de l'Asie. Elle a des frontières terrestres avec 14 pays, ce qui en fait, à égalité avec la Russie, l'État avec le plus de voisins[alpha 7] au monde. Ses voisins sont : le Viêt Nam et le Laos au sud, la Birmanie au sud-sud-ouest, le Bhoutan et le Népal à l'ouest-sud-ouest, l'Inde à l'ouest-sud-ouest et à l'ouest, le Pakistan, l'Afghanistan, le Tadjikistan et le Kirghizistan à l'ouest-nord-ouest, le Kazakhstan au nord-ouest, la Mongolie au nord, la Russie au nord-est et la Corée du Nord à l'est-nord-est. La Chine a une frontière terrestre totale de 22 117 km, la plus grande au monde. La Chine a également des frontières maritimes avec la Corée du Sud, le Japon et les Philippines.
Le territoire chinois comprend une très grande diversité de paysages, du fait de la taille du pays. À l'est, on retrouve de grandes plaines très peuplées. Au nord, en Mongolie-Intérieure, le climat est semi-désertique, avec la présence du désert de Gobi. La Chine du Sud est dominée par des paysages très vallonnés (collines et petites chaînes de montagne) et un climat tropical. À l'ouest du pays se situe le désert du Taklamakan (l'un des déserts les plus arides) et le plus haut plateau du monde, le plateau tibétain. C'est sur ce plateau que se situe le mont Everest, la plus haute montagne du monde (8 849 m).
Les fleuves principaux coulent d'ouest en est, dont le Yangtsé (ou Chang Jiang, « long fleuve »), le fleuve Jaune (centre-est), l'Amour (nord-est) ; certains coulent vers le sud (rivière des Perles, Mékong, Brahmapoutre). La plupart de ces fleuves se jettent dans la mer de Chine méridionale ou la mer de Chine orientale. Une grande partie des terres arables chinoises se situent autour des deux fleuves principaux, le Yangtsé et le fleuve Jaune, qui sont aussi les foyers principaux des anciennes civilisations chinoises. Le plus grand lac de Chine est le lac Qinghai.
Géologie
Les formations paléozoïques de Chine sont pour la plupart marines ; les dépôts du mésozoïque et du tertiaire proviennent d'estuaires et d'eaux douces, ou de terres. Des groupes volcaniques composent certaines parties des grandes plaines du Nord. Dans les péninsules du Liaodong et du Shandong se trouvent des plateaux basaltiques.
Climat
Le climat change beaucoup d'une région à l'autre du fait de la grande taille du pays et de sa topographie complexe : au nord, un climat sec avec de rudes hivers ; au centre, un climat plus tempéré ; au sud, un climat subtropical humide, marqué par la mousson.
Faune et flore
La végétation de la Chine est très diversifiée et développée. Le pays compte plus de 7 000 espèces de plantes ligneuses, dont 2 800 arbres de futaie (forêt composée d'arbres adultes). Dans les forêts tropicales et dans la vallée du Xi Jiang, on retrouve des arbres pouvant mesurer jusqu'à 50 mètres de haut. Au nord de la Chine, on retrouve une vaste zone de flore composée de chênes verts, des ginkgos bilobas qui « sont la seule espèce vivante de ce genre et une des plus anciennes espèces d'arbres connues », des bambous et des azalées, ginkgo, épicéa, pin du Yunnan, teck, palissandre, santal rouge, camphrier, ébénier, azalée, camélia. On peut également y voir des forêts entièrement recouvertes de magnolia, de lauriers, des petits buissons et du bambou. En haute altitude le type de végétation est différent. En effet, vers l'Himalaya, les pins ainsi que les sapins sont très présents.
De nombreuses espèces de plantes et d'animaux ne sont présentes qu'en Chine à l'état sauvage. Nombre d'entre elles ont reçu l'épithète spécifique ou le nom subspécifique chinensis ou chinense , sinensis ou sinense , ou plus rarement sinicus ou sinica .
Les palmiers et les singes sont présents en grande quantité dans la région du Sud puisque le climat est chaud et humide. Les prédateurs tels que le tigre et l'ours, tout comme certains types de plantes, se développent dans des milieux humides, isolés des autres. Les steppes herbeuses s'étendent sur les plateaux du Shaanxi, du Ningxia et de l'Ordos, et dans le Qinghai. Cette végétation a été en grande partie anéantie par les troupeaux (moutons, chevaux et autres espèces animales) mais aussi par l'érosion des sols. Les prairies occupent 400 000 km2 du territoire chinois et sont situées en altitude. En Chine, près de 10 000 km2 de forêts sont déboisés chaque année. Dans le sud du pays, les forêts sont assaillies par des pluies acides qui sont causées par la pollution industrielle. Les déserts couvrent une superficie de 1 300 000 km2 et ils progressent de 2 000 km2 chaque année. C'est en 1978 que le gouvernement lance un programme appelé « Grande Muraille verte » pour stopper la progression du désert. Ce programme visait à planter des plantes xérophiles (qui résistent à la sécheresse et servent de coupe-vent) sur une bande de 7 000 km de long.