Roubaix
commune française du département du Nord / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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Roubaix (/ʁu.bɛ/) est une commune française située dans le département du Nord, en région Hauts-de-France. Elle est le chef-lieu de deux cantons.
Avec un peu moins de cent mille habitants, Roubaix, quatrième commune des Hauts-de-France par sa population[1], constitue un des pôles urbains de la Métropole européenne de Lille (MEL).
Ville d'art et d'histoire depuis 2001, Roubaix est notable pour son patrimoine architectural et pour l'essor économique qu'elle a connu durant la Révolution industrielle au XIXe siècle, grâce à l’industrie textile, dont elle fut une des capitales mondiales au début du XXe siècle. C'est encore à Roubaix que furent fondées les principales maisons de vente par correspondance françaises (La Redoute, les 3 Suisses). La ville se distingue également par son riche tissu associatif et son caractère pionnier dans le domaine social (Comité interprofessionnel pour le logement, participation des habitants, économie sociale et solidaire…).
Même si Roubaix constitue toujours un grand pôle d'emploi, le chômage y demeure important et 74 % du territoire de la ville est classé en quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV). Avec 43 % de la population vivant sous le taux de pauvreté, Roubaix est une des villes les plus pauvres de France[2].
La ville cherche à lutter contre les difficultés liées à la désindustrialisation des années 1970-1980 en misant sur une forte présence étudiante (EDHEC, ENSAIT, ESAAT, Université de Lille…), le développement de nouvelles filières économiques (numérique, créative et culturelle…), une politique culturelle (La Piscine - Musée d'art et d'industrie André-Diligent, La Condition publique, le Colisée, les Archives nationales du monde du travail, street art, etc.), et une forte capacité à innover (maisons à 1 €[3], programme zéro déchet[4], agriculture urbaine…) est citée par le Financial Times comme un possible « cas d'école de renaissance post-industrielle » en France[5],[6].
Localisation
Située à 11 km de Lille, 17 km de Tournai, et 17 km de Courtrai, Roubaix se situe sur le versant Nord-Est de la métropole lilloise mais occupe une position géographiquement centrale au sein de l'Eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai, premier groupement européen de coopération territoriale créé en pour donner un cadre institutionnel à la vaste conurbation formée par la métropole Lille-Roubaix-Tourcoing et les villes belges de Mouscron, Courtrai, Tournai et Menin. Cet ensemble totalise près de deux millions d’habitants.
Avec la ville de Tourcoing, Roubaix appartient au Ferrain, territoire limitrophe de la Belgique qui s'étend de Comines à Lannoy.
Avant que le développement urbain ne fusionne les agglomérations de Lille, Roubaix et Tourcoing, Roubaix était la ville-centre de sa propre agglomération entourée des communes limitrophes de Croix, Wasquehal, Wattrelos, Leers, Lys-lez-Lannoy et Hem.
Communes limitrophes
Géologie et relief
Roubaix, comme toutes les autres villes de la communauté urbaine de Lille appartient à la plaine de Flandre. Elle se caractérise par l’enfouissement en profondeur de craie sous une épaisseur de formations tertiaire et quaternaires notamment des argiles et des sables[7]. Les formations tertiaires sont recouvertes d’un manteau de limons argileux ou sableux d’épaisseur variable (deux à cinq mètres en moyenne). Elles sont constituées de la base vers le sommet :
- des Argiles de Louvil (Landénien), 10 m d’épaisseur environ
- des sables d’Ostricourt (Landénien), ils peuvent atteindre une épaisseur supérieure à 30 mètres.
- des argiles de Roncq, de Roubaix ou d’Orchies (Yprésien).
La ressource en eau de Roubaix provient de l’exploitation de la nappe du calcaire carbonifère. Un captage déclaré d’utilité publique a été effectué le 26 avril 1994[8]. L'altitude de Roubaix est de 33 mètres environ[9].
Hydrographie
Le canal de Roubaix traverse la partie Nord de la ville. Construit comme une voie de transport pour apporter les matières textiles (laine, coton, etc.) et le charbon, ainsi que pour exporter les produits textiles en retour, il a longtemps été abandonné; la navigation a été rétablie le 2 juin 2011 (programme Blue Links). Le tracé, emprunté par une centaine de bateaux chaque année, compte 4 écluses sur Roubaix.
La ville était également traversée par le Trichon, rivière aujourd'hui reprise dans les canalisations du réseau d'assainissement.
Climat
Pour des articles plus généraux, voir Climat des Hauts-de-France et Climat du Nord.
En 2010, le climat de la commune est de type climat océanique dégradé des plaines du Centre et du Nord, selon une étude du CNRS s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000[10]. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat océanique et est dans la région climatique Nord-est du bassin Parisien, caractérisée par un ensoleillement médiocre, une pluviométrie moyenne régulièrement répartie au cours de l’année et un hiver froid (3 °C)[11].
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 10,7 °C, avec une amplitude thermique annuelle de 14,3 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 679 mm, avec 11,7 jours de précipitations en janvier et 9,1 jours en juillet[10]. Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique la plus proche, située sur la commune de Lesquin à 12 km à vol d'oiseau[12], est de 11,3 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 740,0 mm[13],[14]. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d'émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022[15].
Typologie
Roubaix est une commune urbaine, car elle fait partie des communes denses ou de densité intermédiaire, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[Note 1],[16],[17],[18].
Elle appartient à l'unité urbaine de Lille (partie française), une agglomération internationale dont la partie française regroupe 60 communes[19] et 1 058 439 habitants en 2021, dont elle est une commune de la banlieue. L'agglomération de Lille (partie française) est la quatrième plus importante de la France en termes de population, derrière celles de Paris, Lyon et Marseille-Aix-en-Provence[20],[21].
Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Lille (partie française), dont elle est une commune du pôle principal[Note 2]. Cette aire, qui regroupe 201 communes, est catégorisée dans les aires de 700 000 habitants ou plus (hors Paris)[22],[23].
Occupation des sols
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires artificialisés (100 % en 2018), une proportion identique à celle de 1990 (99,9 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : zones urbanisées (81,3 %), zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication (16,7 %), espaces verts artificialisés, non agricoles (2 %)[24]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
Quartiers actuels
Le tissu urbain présente une grande diversité urbanistique qui reflète l'histoire de la ville. On peut ainsi distinguer plusieurs typologies urbanistiques: le centre historique (Centre-Ville), les quartiers plus populaires constitués d'habitat dense de petites maisons en briques (Le Pile, l'Épeule, Le Fresnoy Mackellerie, L'Hommelet, Moulin Potennerie), les quartiers issus des rénovations urbaines des années 1970-1980 (Alma-Gare, Anselme Motte Bossut) et les zones d'habitat résidentiel bourgeois constitués de belles maisons bourgeoises et d'immeubles cossus, comme le quartier de Barbieux. La commune est composée de plusieurs quartiers[25] dont certains prennent le nom de hameaux, de lieux-dits ou d'anciens fiefs.
- Centre-ville : Le centre-ville, est le lieu de la ville où l'Hôtel de ville de Roubaix et l'Église Saint-Martin se font face de chaque côté de la Grand'Place.
- Armentières :
- Barbieux : Quartier qui se situe proche du Parc Barbieux qui est reconnu comme l'un des plus beaux parcs urbains de France[26].
- Cité des Trois Ponts : À la fin XIXe siècle, les Trois Ponts ne sont que quelques hameaux reliés au bourg par d’étroits chemins de terre, des pieds sentes, arrosés par un riez prenant sa source à Hem, irriguant les terres de la ferme de la Petite-Vigne, et qui alimente les fossés de la Ferme de Courcelles et traverse les hameaux du Pile et des Trois Ponts pour se jeter dans le Canal de l'Espierres. Ce riez était traversé par trois ponts en planches, donnant son nom à ce quartier de la ville[27].
- Le Pile : Le Pile était un hameau qui se situait autour de la Ferme Beaurepaire. Pour rejoindre cette ferme, il fallait emprunter un chemin de pierre (appelé pire en patois), qui a donné au quartier le nom de Pile. Ce quartier est lié au développement de l'industrie textile à Roubaix[28].
- Sainte-Élisabeth : Quartier créé à partir de 1860, entre le chemin des longues haies (ex rue Édouard Anseele) et le chemin du tilleul (actuelle rue Jules Guesde). Roubaix ville s'arrête encore au chemin du Pile à La Potennerie (future rue Jules Guesde)[29].
- Espérance : À cheval entre les quartiers de l'Alma et de l'Épeule, le quartier de l'Espérance se situe à deux pas du centre, de la gare, du musée, du parc du Brondeloire. Sa requalification qui est une nécessité pour l'image de la ville, est en cours, avec des futurs programmes de logements. Ces constructions bénéficient d’un financement dans le cadre de l’Agence nationale de la rénovation urbaine[30].
- Anselme Motte Bossut : Quartier issu des rénovations urbaines des années 1970-1980[31].
- Nations-Unies :
- Vauban :
- Crouy : Fruit d’une des premières reconversions de bâtiments industriels de la ville (1986), l’îlot de Crouy est situé à l’emplacement de l’ancienne usine Toulemonde (1860). Depuis sa rénovation initiale, ce morceau de ville vit au rythme d'enjeux urbains renouvelés[32].
- Le Sartel-Carihem : Nés de la révolution industrielle, le Sartel et le Carihem, aux confins de Roubaix, Wattrelos et Leers, ont toujours gardé une vocation économique[33].
- L'Hommelet :
- La Fosse-aux-Chênes : La Fosse-aux-Chênes tire son nom d'un fossé entouré de chênes à une époque où la ville se résumait en un bourg seigneurial[34].
- Le Hutin Oran Cartigny :
- L'Entrepont :
- L'Épeule : La rue de l'Épeule était autrefois appelée Pavé de Croix et ne prit son nom actuel qu'en 1867. La rue de l'Épeule tiendrait son nom d'un cabaret situé à l'angle de la rue Watt. À l'époque, la rue de l'Épeule est très commerçante et les estaminets sont nombreux. Les courées, qui sont apparues à la fin du XIXe siècle, sont nombreuses[35].
- Le Trichon : Il donne son nom à une rue, à une place et à un quartier. Le Trichon est le nom du seul ruisseau qui traverse la ville. De sa source à Mouvaux, il a marqué l'expansion de l'industrie textile[36].
- Le Fresnoy Mackellerie :
- Alma-Gare : Ce quartier s’appelait le hameau du Fontenoy, mais c'est avant 1914 avec une rue de l'Alma devenue importante (plus de 2000 habitants y vivaient), que le quartier a pris son nom. Aujourd'hui, on parle de l'Alma-gare[37].
- Le Cul de four : Ce quartier se constitue progressivement au XIXe siècle. Un chemin qui partait de la Place de la Fosse aux Chênes vers Tourcoing était la première voie qui deviendra le tracé des rues Saint Joseph, Turgot et Cadeau, avant que la rue de Tourcoing ne soit ouverte entre 1835 et 1836. La création de cette voie, va favoriser l'industrialisation du quartier le long de son tracer. On trouve dans ce quartier, les rues Duflot, du nom d’un industriel et Jacquard, du nom de l’inventeur du métier à tisser[38],[39].
- Le Chemin-Neuf :
- Édouard-Vaillant :
- Les Hauts-Champs : Quartier construit de 1958 à 1960 sur de vastes terres agricoles qui s’étendaient de Lys-lez-Lannoy et Hem jusqu'à Roubaix. Les architectes sont Jean Dubuisson et Guy Lapchin. En 1957, les terres sont occupées par une grande briqueterie près de laquelle est construit le groupe scolaire dit des Hauts Champs[40]. Ce quartier qui a vu naître le premier supermarché Auchan en 1961, a donné son nom à l'enseigne[41].
- Justice et la Fraternité : Deux quartiers voisins de part et d'autre de l'avenue Motte sont quasiment jumeaux : 1982 habitants d'un côté, 2496 de l'autre au recensement de 2007[42].
- Moulin-Potennerie :
- Petites Haies : La rue des Longues Haies était autrefois un sentier. Son nom évoque les haies défensives du fief de Roubaix, transformé en bourg par son seigneur Pierre au XVe siècle[43].
- Le Nouveau-Roubaix : Construit vers 1922 afin de répondre aux importants besoins de logements de l'après-guerre, le Nouveau Roubaix est un quartier conçu pour une forte densité de population, dans un souci de respect du cadre de vie. Il s'inscrit dans le plan d'urbanisme réalisé en 1921 par Jacques Gréber sous le mandat de Jean-Baptiste Lebas[44],[45].
- L'Union : La zone de l'Union est une ancienne zone industrielle (80 ha environ), devenue friche industrielle. Cette zone fait depuis 2007, l'objet d'un grand projet de réhabilitation (écoquartier et espaces verts) qui doit d'étendre sur une quinzaine d'années.
Logement et densité
Au XIXe siècle et dans la première partie du XXe siècle, une grande partie des maisons d'ouvriers sont situées dans des courées à proximité des usines textiles. En 2017, la ville, inspirée par la ville de Liverpool, a lancé une démarche innovante pour favoriser la reconquête des logements vacants : les Maisons à 1 € avec travaux[46]. Si la première expérimentation ne concerne que 17 logements dans un premier temps, cette démarche, si elle est concluante, a vocation à se massifier.
Le quartier de Pile bénéficie du Programme national de revitalisation des quartiers anciens dégradés (PNRQAD)[47].
Voies de communication et transports
Grand Boulevard
Depuis 1909, le Grand Boulevard relie Lille à Roubaix et Tourcoing et dispose de voies réservées au tramway.
Métro / Tramway
Roubaix est desservie par la ligne 2 du métro automatique VAL, construite par Lille Métropole Communauté Urbaine, inaugurée le 25 avril 1983 et aujourd'hui géré par la société Ilévia. Cette ligne relie Roubaix à Lille d'une part et à Tourcoing d'autre part. Six stations de métro existent sur la ville dont la principale est Eurotéléport qui permet l’interconnexion avec le tramway.
La ligne de tramway (surnommée « le Mongy » du nom de son ingénieur, Alfred Mongy) dessert depuis Roubaix les villes de Croix, Wasquehal, Marcq-en-Barœul et La Madeleine, jusqu'à Lille.
Dans le cadre du Schéma Directeur des Infrastructures de Transport (SDIT) de la Métropole Européenne de Lille adopté en juin 2019, deux nouvelles lignes de tramway doivent voir le jour à Roubaix d'ici 2035[48] :
- une ligne entre Eurotéléport et Wattrelos
- une ligne entre Tourcoing et Hem passant par le quartier de l'Alma, Eurotéléport et le quartier des Trois-Ponts
Bus
En outre, douze lignes de bus, dont trois Lianes (lignes à haut niveau de services), desservent la ville et la relie aux villes de Hem, Lys-lez-Lannoy, Leers, Wattrelos et Tourcoing.
Vélo
Roubaix compte plus de 30 stations de location de vélos « V'Lille », vélos en libre-service, ce qui fait donc 250 vélos à disposition. 50% des voies urbaines sont aménagées pour le vélo, avec notamment 53 km de pistes, bandes et contresens cyclables et 46 km de zone 30 et zones de rencontre.
Roubaix se situe sur le tracé de l'EuroVélo n°5 qui relie Londres à Brindisi et longe le Canal de Roubaix.
Chemin de fer
Roubaix dispose d'une gare ferroviaire, située sur la Ligne de Fives à Mouscron (frontière), qui est régulièrement desservie, outre les TGV et les TER Nord-Pas-de-Calais, par des trains de la compagnie nationale belge SNCB, notamment ceux reliant Lille et Anvers via Courtrai et Gand.
Auto partage
Au , une station Citiz est en place dans la commune, pour effectuer de l'autopartage.
Le nom de la localité est mentionné sous la forme latinisée (villa) Rusbaci au IXe siècle,Robacum vers 863 selon la carte de Nicaise Fabius[Note 3],[49] Rubaix[49], Rubais en 1047 et 1106, Rosbays en 1122, Robais en 1127[50] et aussi au XIIe siècle Rosbais et Rosbacum[49]. Si la forme Robaais constitue la version néerlandaise officiellement promue par l'Union de la langue néerlandaise[51], l'usage du nom Robeke, quoique rare, est recensé en flamand[52].
Rusbaci doit correspondre au type toponymique fréquent au nord de la France le plus souvent latinisé en Rosbaci- ou Resbaci- dans les textes et qui à l'origine des différents Robecq, Rebecques, Rebais, etc[53]. Albert Dauzat et Charles Rostaing y ont vu un composé du germanique hros « cheval » et baki « ruisseau »[54], quant à Ernest Nègre, il propose les termes germaniques raus « roseau » et bach « ruisseau »[55].
Ces auteurs se sont cependant mal exprimés sur la forme initiale du terme germanique signifiant « ruisseau ». Les premiers évoquent baki et le second bach, or ni l'un ni l'autre ne conviennent exactement. En effet la plupart des sources spécialisées proposent un prototype germanique, c'est-à-dire proto-germanique, sous une forme initiale *bakiz[56], elle n'est pas attestée mais reconstituée, et doit, à ce titre, comporter un astérisque. Quant à bach, c'est une forme allemande qui remonte au vieux haut-allemand bak, bah de même sens. Or, il ne convient pas ici, pour des raisons de géographie linguistique et de phonétique. En effet, on n'a jamais parlé le vieux haut-allemand dans la région et bak ou bac ne peut pas avoir abouti à la terminaison -bais, mais aurait donné une terminaison -*ba en ancien français[57].
En réalité, le germanique commun *bakiz a donné le vieux bas francique *baki, à l'origine du gallo-roman *BĀCIS au nominatif, d'où une terminaison primitive en -*baiz, devenue en ancien français -bais. Elle a été notée plus tardivement -baix[57], comme le montrent les formes anciennes de Roubaix. En revanche, la terminaison -becq de Robecq est issue d'une forme d'ancien néerlandais bēke, francisée par la suite[57] et procédant elle aussi du vieux bas francique.
Quant au premier élément Rou- de Roubaix, la plupart des spécialistes le considèrent comme issu de ros, semblable à celui de ces différents toponymes et qui remonte au vieux bas francique *raus[53] (cf. gotique raus[58]) ou *rausa « roseau »[59], qui a donné l'ancien français ros « roseau », d'où le diminutif rosel> roseau[59].
Enfin, le vieux haut-allemand bah, bak ne peut pas avoir été combiné avec cet élément, puisque la forme prise par le proto-germanique *raus(a) en vieux haut-allemand est rôr « roseau » (allemand Schilfrohr « sorte de roseau »), avec rhotacisme de [s][58], ce qui donne des toponymes de même sens, bien représentés en Alsace et en Lorraine, sous les formes Rohrbach, Rorbach-lès-Dieuze, etc.
Moyen Âge
La ville de Roubaix est mentionnée dès 897[60] et apparait pour la première fois sur des cartes du IXe siècle. Roubaix fait partie de la Flandre romane et dépend du diocèse de Tournai. En 1202, Otbert de Roubaix participe à la quatrième croisade. Son nom figure dans la deuxième salle des croisades du château de Versailles. La ville passe du statut de simple bourgade à celui de ville sous le règne du seigneur Pierre de Roubaix au XVe siècle.
Époque moderne
Le 1er mars 1579, la terre et seigneurie de Roubaix est érigée en marquisat, par lettres données à Madrid, pour Robert de Melun (Maison de Melun), vicomte de Gand, seigneur de Roubaix, dont le père, prince d'Épinoy, seigneur d'Antoing a été tué à Talmar. Ces lettres patentes de marquisat ont été confirmées par les archiducs Albert d'Autriche et Isabelle-Claire-Eugénie d'Autriche le 6 avril 1600, en faveur de Lamoral Ier de Ligne, comte de Ligne et de Fauquembergues, Robert de Melun recevant en échange le titre de marquis de Richebourg[61].
Roubaix devient française au traité d'Aix-la-Chapelle (1668)[62].
Révolution française
En 1793, dans le cadre de la bataille d'Hondschoote, un combat oppose à Roubaix les Français aux prises avec les Alliés coalisés contre la France le 16 août 1793[63]. Les Français ont pris puis perdu Roubaix dans la même journée[63].
XIXe siècle
La récession de 1847 touche durement l'industrie de la ville, qui compte 8000 chômeurs sur un effectif ouvrier de 13000 personnes[64].
La Belle Époque
Au XIXe siècle, jusqu'au milieu du XXe siècle, Roubaix est une capitale mondiale du textile[65], abritant même la bourse de la laine. Son industrialisation est très forte avec de nombreuses usines réparties sur toute la ville. La ville est même appelée ville aux mille cheminées. Aujourd’hui, peu de ces vestiges subsistent mais les dernières cheminées encore debout sont toutes protégées. Éloy Droulers, natif de Roubaix, fonde une chocolaterie en 1890 à Fresnes-sur-Escaut qui commercialisa le chocolat Droulers. En 1911, la ville accueille l'Exposition internationale du Nord de la France.
À Roubaix existent au XIXe siècle de nombreuses guinguettes populaires où les Roubaisiens viennent chanter notamment en patois du nord. La demande en spectacles est très vive, ce qui détermine les autorités municipales à entreprendre la construction d'un cirque municipal, l'Hippodrome théâtre, en 1882, non loin de l'actuel bâtiment des Archives nationales du Monde du Travail. Cette scène accueillait aussi bien représentations théâtrales que vedettes du music-hall ou mêmes orateurs politiques (Jules Guesde, Jean Jaurès entre autres). Après la Libération en 1944, cette salle, devenue le « Capitole », alternant cinéma et comédies musicales, maintiendra tant bien que mal sa faveur auprès du public, jusqu'à sa fermeture et sa démolition en 1964[66],[67].
Roubaix est desservi par des tramways dès 1894. De 1899 à 1904, la ville accueille des spectacles taurins dans les arènes de Roubaix.
Époque contemporaine
Pour un article plus général, voir Occupation du Nord-Est de la France par l'Allemagne pendant la Première Guerre mondiale.
Roubaix fait partie de la zone occupée par les Allemands. En se crée à Roubaix une feuille clandestine Le Journal des occupés… inoccupés. En , elle fusionne avec La Patience, lilloise, pour devenir L'Oiseau de France[68]. L'équipe qui la dirige passera devant le conseil de guerre en et ses membres seront déportés[69].
Du au , la police militaire et la gendarmerie allemande font des rafles à Roubaix, Tourcoing et dans les environs. On arrête les jeunes gens, de préférence des ouvrières et ouvriers, on les emmène dans les trois prisons allemandes de la ville, où des opérations de tri ont lieu et des convois d'environ 400 personnes par trains sont constitués. Les personnes ainsi sélectionnées, jeunes de moins de 35 ans, ouvrières, servantes, lingères, couturières et leurs homologues masculins, sont déportées dans les Ardennes pour y travailler. Le nombre de déportés n'est pas connu avec précision, le 11 avril ils étaient déjà 2500[70]. Il en va de même dans les villes voisines également occupées Lille, Tourcoing…
En 1939, est organisée à Roubaix et à Lille, l'exposition du Progrès social, voulue par l'association des maires du Nord et de l'Est, pour montrer que vingt ans après la fin de la première guerre mondiale, le renouveau, tant industriel que social, est bien installé. La manifestation est inaugurée le 14 mai par le ministre du commerce Fernand Gentin, avant de recevoir le 5 juin, le président de la République Albert Lebrun, accueilli par une foule immense. Cette volonté affirmée de regarder vers l'avenir rencontre un beau succès et amène pendant quelques mois une succession d'évènements joyeux (concerts, conférences…). La déclaration de guerre du 3 septembre 1939 va provoquer la fin prématurée de l'exposition et de l'espoir qu'elle voulait représenter [71].
La ville est prise le 24 mai 1940 par les Allemands pendant la bataille de France au début de la Seconde Guerre mondiale.
À partir des années 1970, Roubaix connait un processus de désindustrialisation, du fait de la crise du textile. La ville entre dans une phase de décroissance urbaine[72].
Dans la population roubaisienne du milieu des années 1990, environ 30 000 personnes, soit 30 % de la population totale, sont étrangères ou d’origine étrangère. Parmi celles-ci 63 % sont issues de pays « hors CEE »[73]. La mairie de Roubaix témoigne de la grande prospérité passée de la ville. Sur son fronton sont représentés les différents métiers exercés dans la ville au XIXe siècle.
Le 23 janvier 2022, une émission de Zone interdite diffusé sur M6 sur l'Islam radical, est en partie tourné à Roubaix. À la suite de ce reportage, plusieurs personnes sont la cible de menaces de mort, parmi elles, Guillaume Delbar, le maire de la ville, le roubaisien Amine Elbahi, le producteur Tony Comiti ou encore la présentatrice de l'émission, Ophélie Meunier, qui est placée sous protection policière[74]. Le 1er février 2022, le site Arrêt sur images fait part d'emails et de messages trompeurs de la part des journalistes de l'émission. Lilia, une étudiante en droit sollicitée par la production, affirme que le contact de l'émission voulait réaliser un reportage sur "la laïcité et le vivre-ensemble" et non sur l'Islam radical. L'intéressée dénonce "des propos tronqués et un montage trompeur."[75].
Le tissu urbain de Roubaix, comme celui de nombreuses autres communes du Nord-Pas-de-Calais est très marqué par l’histoire industrielle (filatures, charbon, métallurgie) et ses séquelles et par le processus de désindustrialisation massif, démarré ici dès la fin des années 1960.
Roubaix constitue avec ses voisines Tourcoing, Wattrelos, Croix, Lys-lez-Lannoy, etc. l'un des rares exemples français d'une ville dont le développement est essentiellement dû à l'industrie, très majoritairement l'industrie textile sous ses diverses formes.
Si l'histoire textile, principalement lainière, de la ville est antérieure à la révolution industrielle, c'est avec cette dernière que ce gros bourg va devenir une très grande ville, décuplant sa population entre 1820 et 1914. Cette expansion s'est essentiellement faite pour répondre aux besoins de main-d’œuvre croissants d'une industrie textile en fort développement. Elle s'est principalement produite quartier par quartier, ceux-ci succédant à d'anciens hameaux, et n'a été que très partiellement et tardivement planifiée, même à petite échelle, les industriels locaux ne s'intéressant généralement que peu ou pas à la question du logement ouvrier.
En 1802-1803, au niveau des transports, Roubaix est reliée à Lille par deux voitures à quatre roues, lorsqu'il fait mauvais temps, à une fréquence variable. Une liaison régulière est assurée avec Tourcoing par une brouette trainée par un homme et un chien[76].
Celui-ci s'est donc souvent développé à l'initiative de petits investisseurs, rentabilisant au maximum des emprises foncières limitées, proche des usines. Ceci a donné naissance à des formes urbaines assez spécifiques, bien qu'héritées des siècles antérieurs, les "rangs" ou "choques", les cours ou "courées", les "forts", etc. Dans certains quartiers, tel le Pile, habitat ouvrier et usines constituaient l'essentiel du tissu. Dans d'autres quartiers, l'Épeule par exemple, les rues principales étaient occupées par des maisons un peu plus vastes, voire parfois quelques hôtels particuliers, des commerces et des ateliers d'artisans et plus tard par les premiers services publics (écoles…). La grande bourgeoisie industrielle, quant à elle, logée tout d'abord près de ses usines ou en centre-ville dans les maisons familiales de marchands-fabricants, va dès les années 1870 se faire construire, en priorité au sud de la ville, des hôtels de maîtres, de grandes villas, voire de véritables "châteaux" au sein de vastes parcs.
À partir de la fin du XIXe siècle, la municipalité, va intervenir de façon importante mais jusqu'à l'entre deux guerres principalement dans le domaine des équipements publics (écoles, dispensaires, postes de police…) quand, première en France, elle est socialiste, et, de nouveau sous direction patronale, sur la structuration du centre-ville - Hôtel de ville (1911) et Grand Place, percée de la rue de la Gare (1882) (avenue Jean Lebas) et la réalisation du prestigieux parc Barbieux (1867-1907).
En 1921, en réponse notamment à la montée de la question du logement, la municipalité demande à l'urbaniste Jacques Gréber de produire un « plan d'aménagement, d'embellissements et d'extension » (s'étendant aux communes voisines, notamment Tourcoing). Le plan se résume en fait à l'extension de la commune vers le sud et l'est, toute intervention sur tissu existant s'avérant quasi impossible. C'est ainsi qu'est développé le quartier du Nouveau Roubaix, principalement par l'Office public de HBM, créé à cette fin : 500 appartements et 200 maisons individuelles environ sont ainsi conçus par les plus éminents architectes locaux: Jacques Barbotin, Emile Dervaux, Paul Destombes, René Dupire et Maurice Dupire… La municipalité fait à la même époque construire le Parc des sports de Roubaix avec son célèbre vélodrome[77].
L'extension urbaine se poursuit après la Seconde Guerre mondiale avec la réalisation sous forme de ZUP du quartier des Trois Ponts en 1961 conçu par Guillaume Gillet et celui des Hauts Champs, partagé avec la commune voisine de Hem, de 1954 à 1962, sous la direction de Jean Dubuisson avec A. Fauchelle et José Segers.
C'est cependant dans le tissu existant que se mettent en œuvre les opérations d'aménagement les plus significatives :
- La rénovation totale du secteur de la rue des longues haies / ilôt Edouard Anseele, de 1958 à 1969, sous la direction de Guillaume Gillet et des architectes roubaisiens Guy et Jacques Lapchin.
- la résidence Armenonville, de 1954 à 1960, par les mêmes architectes
- la résidence du parc, de 1950 à 1957, en grande partie sur la commune de Croix, par Jean Dubuisson avec R. Legay et R. Patout ; la tour du fer-à-cheval étant conçue par Guillaume Gillet.
Depuis lors de nombreuses opérations de restructuration du tissu existant ont été menées. Jusqu'au milieu des années 1990 - et même parfois au-delà - elles se sont accompagnées de démolitions massives, justifiées par l'état généralement médiocre du bâti, mais surtout révélatrices d'une méconnaissance totale de sa valeur patrimoniale, tant architecturale que sociale. C'est dans ce contexte qu'a été percée, à partir de 1972, l'avenue des Nations unies.
Cependant dès les années 1980, une remise en cause des pratiques de la rénovation urbaine s'était fait jour, dont le quartier de l'Alma Gare et son Atelier populaire d'urbanisme sont les représentants les plus emblématiques. Une très intéressante et très médiatisée expérience de rénovation urbaine participative y a été mené dans les années 1976 à 85 avec le soutien de la municipalité et de l'office d'HLM de la ville : les architectes de l'Agence AUSIA notamment, se sont mis au service d'une vision à la fois nostalgique et innovante du quartier, ardemment défendue par un collectif d'habitants.
La réhabilitation/reconversion de ces monuments a entrainé un mouvement de revalorisation du patrimoine et, ce faisant, un timide regain d'attractivité pour la ville; une partie du patrimoine domestique est aujourd'hui réinvesti par des particuliers à des fins résidentielles ou pour des activités principalement libérales. le soutien de la politique de la ville (dispositif Zone franche urbaine notamment) aidant. Parallèlement, à l'initiative de Lille métropole, de nombreuses courées ont été réhabilitées plutôt que démolies, offrant désormais un habitat individuel décent à des familles en difficultés.
Une re-dynamisation commerciale du centre-ville (centre de magasins d'usine, centre commercial avec hypermarché et cinémas) a été engagée avec des résultats assez inégaux. Depuis quelques années des opérations de logements neufs de tailles très diverses sont menées tant sur initiative publique que privée, certaines autour de parcs publics, parc du Nouveau monde, parc du Brondeloire, créés par dédensification du tissu urbain.
Les besoins de réhabilitation de l'habitat, de renforcement des services et de restauration/réaffectation des grands bâtiments issus de l'ère industrielle restent cependant gigantesques.
La « Zone de l’Union », située sur Roubaix, Tourcoing et Wattrelos, est l’un des plus grands chantiers de France avec la réhabilitation d’une friche industrielle de quatre-vingt hectares environ – dont l’ancienne brasserie Terken – pour en faire une zone d’activité de haute qualité environnementale, en associant les habitants des quartiers au projet, dans une dynamique de démocratie participative. La zone est desservie par un réseau de chaleur biomasse. Elle accueille déjà le Centre Européen des Textiles Innovants (CETI) ainsi que plusieurs sièges d'entreprises (Kipsta, le bailleur LMH, Vinci Construction, Ciuch) et également la Plaine Image.
Outre le centre-ville, la politique de la ville et ses divers dispositifs ont permis une reconquête active de nombreux quartiers en pleine rénovation, tels le quartier des Trois Ponts, des Hauts Champs et prochainement du Pile.
Plus de 75 % de la population de la ville se situe en Quartier Prioritaire de la Politique de la Ville.