Rouen
ville et commune française (chef-lieu du département de la Seine-Maritime et la région Normandie) / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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Rouen (prononciation : /ʁuɑ̃/ ou /ʁwɑ̃/ Écouter) est une commune française, préfecture du département de la Seine-Maritime et chef-lieu de la région Normandie[1]. Elle est traversée par la Seine.
Comptant 114 083 habitants en 2021, elle est la trente-cinquième commune la plus peuplée de France et la deuxième de Normandie après Le Havre. En 2018, son agglomération compte 498 822 habitants[2]. Elle est la commune la plus densément peuplée du Grand-Ouest français avec 5 254 hab./km2. En 2012, avec 658 285 habitants[3], son aire urbaine est la première de la région normande, la douzième de France et la deuxième du Bassin parisien après celle de Paris[4]. Sa zone d'emploi, première du territoire régional, comprend 829 210 habitants en 2012[5]. Par conséquent, la ville est un centre économique national important.
L'histoire très riche de cette cité normande témoigne de sa dimension politique et économique. Entre 911 et 1204, elle est la capitale du duché de Normandie. L'Échiquier puis le Parlement de Normandie y sont successivement installés. À partir du XIIIe siècle, la ville connaît un essor économique remarquable grâce au développement des manufactures de textile. Revendiquée aussi bien par les Français que par les Anglais durant la guerre de Cent Ans, c'est sur son sol que Jeanne d'Arc a été incarcérée, jugée puis brûlée vive en 1431. Très endommagée par la Semaine rouge de 1944, elle a retrouvé son dynamisme économique au cours de l'après-guerre grâce à ses sites industriels et à son grand port maritime, qui est de nos jours le cinquième grand port maritime français.
Dotée d'un prestige hérité principalement de l'ère médiévale et d'un patrimoine composé de nombreux monuments historiques, Rouen est une capitale culturelle reconnue dont plusieurs musées jouissent d'une renommée certaine. Célèbres sont ses maisons à colombages. Le grand nombre d'édifices religieux s'y trouvant lui vaut le surnom de « Ville aux cent clochers ». La cathédrale Notre-Dame, bien connue par-delà la région, est l'une des plus hautes du monde. Labellisée ville d'art et d'histoire en 2002, elle brigue sans succès le titre de capitale européenne de la culture pour 2028.
Siège d'un archidiocèse et de la primatie de Normandie, elle accueille aussi une cour d'appel et une université. Tous les quatre à six ans, son Armada fait d'elle la capitale du monde maritime.
Après la Seconde Guerre mondiale, Rouen fait partie des quelques villes décorées de la Légion d'honneur et de la croix de guerre 1939-1945.
Localisation
Rouen se trouve à 136 kilomètres au nord-ouest de Paris, capitale de la France.
À l'origine, la ville se situait sur la rive droite de la Seine. Aujourd'hui, elle inclut la rive gauche (quartier Saint-Sever en particulier, au sud du fleuve) et l'île Lacroix. Le Nord de la ville (« Hauts de Rouen »), très vallonné, est dominé par un plateau sur lequel se trouve une partie des villes de la Métropole.
La Seine couvre 179 hectares de la superficie de la ville. On compte 306 hectares d'espaces verts, 210 kilomètres de voies dont 16 kilomètres de pistes cyclables et 8 kilomètres de rues piétonnes, dont la rue du Gros-Horloge, qui fut en France la première rendue aux piétons, en 1971.
Le port de Rouen a été l'un des plus importants ports français d'importation d'agrumes et de fruits tropicaux. Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, à la suite de la destruction de la quasi-totalité des vignobles français par le phylloxéra, l'activité portuaire a fortement augmenté avec l'importation de la production vinicole de l'Algérie.
La transformation du port en a fait le premier port européen exportateur de céréales ; c'est aussi le premier port céréalier français. Un « terminal pour conteneurs et marchandises diverses » a trouvé place dans l'activité portuaire vers 1990[6].
De grands armateurs ont marqué l'histoire portuaire, dont des rues et avenues portent les noms. Il en est de même pour les anciennes activités maritimes avec l'Afrique du Nord. Jusqu'au début des années 1960, le port étendait son emprise au cœur même de la ville et les navires de commerce accostaient jusqu'au pont Jeanne-d'Arc, presque en face de l'ancienne gare routière (rue Saint-Éloi).
L'abbatiale Saint-Ouen, contiguë à l'hôtel de ville, est l'aboutissement de la Route des Abbayes de la vallée de la Seine, sur laquelle se trouvent les abbayes de Saint-Wandrille, de Jumièges et de Saint-Georges de Boscherville.
Communes limitrophes
Rouen et ses douze communes limitrophes sont constitutives de la Métropole Rouen Normandie ; parmi elles, les six situées au nord sont Mont-Saint-Aignan, Déville-lès-Rouen, Bois-Guillaume, Bihorel, Saint-Martin-du-Vivier et Darnétal ; une autre, Canteleu, se trouve à l'ouest tandis que Saint-Léger-du-Bourg-Denis se trouve à l'est ; enfin, les quatre dernières communes — Le Grand-Quevilly, Le Petit-Quevilly, Sotteville-lès-Rouen et Bonsecours — se trouvent au sud de Rouen.
Géologie
Les paléontologues Alexandre Brongniart et Georges Cuvier sont les premiers à étudier les « « terrains de craie » de la côte Sainte-Catherine », fixant ainsi la référence internationale de ce type de craie cénomanienne[8]. Alcide Dessalines d'Orbigny mentionne la « faune de la craie de Rouen » dans sa « Paléontologie Française » entamée en 1840.
Hydrographie
Rouen est traversée par la Seine, fleuve qui s'y écoule sous la forme d'une légère courbe. Constituent ses affluents les rivières Aubette, Robec et Cailly.
Climat
Pour des articles plus généraux, voir Climat de la Normandie et Climat de la Seine-Maritime.
En 2010, le climat de la commune est de type climat océanique altéré, selon une étude du CNRS s'appuyant sur une série de données couvrant la période 1971-2000[9]. En 2020, Météo-France publie une typologie des climats de la France métropolitaine dans laquelle la commune est exposée à un climat océanique et est dans la région climatique Côtes de la Manche orientale, caractérisée par un faible ensoleillement (1 550 h/an) ; forte humidité de l’air (plus de 20 h/jour avec humidité relative > 80 % en hiver), vents forts fréquents[10]. Parallèlement le GIEC normand, un groupe régional d’experts sur le climat, différencie quant à lui, dans une étude de 2020, trois grands types de climats pour la région Normandie, nuancés à une échelle plus fine par les facteurs géographiques locaux. La commune est, selon ce zonage, exposée à un « climat contrasté des collines », correspondant au Pays d’Auge, Lieuvin et Roumois, moins directement soumis aux flux océaniques et connaissant toutefois des précipitations assez marquées en raison des reliefs collinaires qui favorisent leur formation[11].
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 10,9 °C, avec une amplitude thermique annuelle de 13,2 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 790 mm, avec 12 jours de précipitations en janvier et 8 jours en juillet[9]. Pour la période 1991-2020 la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique installée sur la commune est de 12,6 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 817,9 mm[12],[13]. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d’émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022[14].
Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Température minimale moyenne (°C) | 2,7 | 2,6 | 4,4 | 6,2 | 9,5 | 12,6 | 14,5 | 14,2 | 11,5 | 8,9 | 5,5 | 3,1 | 8 |
Température moyenne (°C) | 5,6 | 6,2 | 8,9 | 11,6 | 15 | 18,2 | 20,2 | 20 | 16,9 | 13,2 | 8,8 | 6 | 12,6 |
Température maximale moyenne (°C) | 8,6 | 9,9 | 13,4 | 17,1 | 20,5 | 23,9 | 25,9 | 25,9 | 22,3 | 17,4 | 12,1 | 8,9 | 17,2 |
Record de froid (°C) date du record |
−17 08.01.1985 |
−12,2 07.02.1991 |
−6,1 01.03.05 |
−3,3 06.04.21 |
0 07.05.1979 |
2,3 05.06.1991 |
7,5 12.07.00 |
6 28.08.1979 |
2,5 30.09.18 |
−3,5 30.10.1997 |
−6,6 24.11.1998 |
−11 29.12.1996 |
−17 1985 |
Record de chaleur (°C) date du record |
16,9 01.01.22 |
22 24.02.1990 |
27,5 31.03.21 |
28,5 15.04.15 |
33,5 27.05.05 |
39,1 18.06.22 |
43 25.07.19 |
40,5 09.08.20 |
36,3 09.09.23 |
31 01.10.11 |
22,5 07.11.15 |
17,3 30.12.22 |
43 2019 |
Précipitations (mm) | 76,1 | 63,6 | 58 | 52,5 | 66,5 | 56,8 | 62 | 68,6 | 57,8 | 76,2 | 76,2 | 103,6 | 817,9 |
Typologie
Rouen est une commune urbaine car elle fait partie des communes denses ou de densité intermédiaire, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[Note 1],[15],[16],[17].
Elle appartient à l'unité urbaine de Rouen, une agglomération inter-départementale regroupant 50 communes[18] et 467 575 habitants en 2017, dont elle est ville-centre[19],[20].
Par ailleurs, la commune fait partie de l'aire d'attraction de Rouen, dont elle est la commune-centre[Note 2]. Cette aire, qui regroupe 317 communes, est catégorisée dans les aires de 200 000 à moins de 700 000 habitants[21],[22].
Occupation des sols
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d'occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires artificialisés (89,4 % en 2018), en augmentation par rapport à 1990 (86,9 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : zones urbanisées (56,9 %), zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication (29,3 %), eaux continentales[Note 3] (7,7 %), espaces verts artificialisés, non agricoles (3,2 %), forêts (2,4 %), prairies (0,6 %)[23]. L'évolution de l’occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 1].
Morphologie urbaine
Rouen, à l'image de Paris, est traversée par la Seine en son milieu ; la ville est par conséquent divisée en deux rives :
- la rive droite, sur laquelle se trouve le centre historique de Rouen ;
- la rive gauche, sur laquelle se trouve le quartier Saint-Sever.
Les deux rives sont reliées par six ponts routiers et un pont ferroviaire.
Il existe également une vaste île, l'île Lacroix, qui sépare la Seine en deux bras.
- Vue panoramique de la ville, traversée par la Seine.
Quartiers
Rouen est divisée en douze quartiers[réf. nécessaire], répartis sur les deux rives de la Seine ; neuf quartiers sont situés au cœur historique en rive droite, tandis que les trois autres se trouvent rive gauche.
Les quartiers rouennais sont ainsi nommés[24] :
- Rive droite
- Coteaux Ouest
- Pasteur
- Vieux-Marché – Cathédrale
- Mont-Gargan
- Saint-Marc – Croix de Pierre – Saint-Nicaise
- Gare Jouvenet
- Descroizilles
- Sapins – Châtelet – Lombardie
- Grand'Mare
- Grieu – Vallon Suisse – Saint-Hilaire
- Rive gauche
Rive droite
Véritable centre historique de Rouen, le quartier Vieux-Marché – Cathédrale, ainsi nommé en référence à deux des plus grandes traces patrimoniales du passé rouennais, comprend plusieurs autres monuments emblématiques de la « ville aux cent clochers », comme le Palais de Justice ou encore le Gros-Horloge. La concentration de musées parmi les plus prestigieux tels que le musée des Beaux-Arts ou celui de la Céramique, ainsi que de galeries d'art, généralement situées rue des Bons-Enfants, en fait l'une des places les plus attractives de la ville[24]. Dans son prolongement, le quartier Saint-Marc – Croix de Pierre – Saint-Nicaise est, pour sa part, animé par des manifestations régulières comme le marché de la place Saint-Marc, l'une des plus réputées de Rouen ; les Rouennais et touristes peuvent notamment déambuler dans la rue Damiette où sont installés de nombreux magasins d'antiquités, ou la rue Eau-de-Robec[24].
Un autre quartier important est celui appelé Gare Jouvenet, où se trouve la gare de Rouen-Rive-Droite. Situé au nord de la ville et délimité par les boulevards de la Marne et de l'Yser au sud, se trouve le cimetière monumental. Plusieurs artistes, peintres ou écrivains, ont vécu dans ce quartier souvent considéré comme le point d'origine de l'École de Rouen[25]. Le projet de construction, sur la rive gauche, d'une nouvelle gare devrait amener la municipalité à travailler sur un renouveau prochain de ce quartier emblématique du centre-ville[24].
Mêlant architectures classique et contemporaine, le quartier Pasteur-Madeleine accueille la faculté de droit de l'université de Rouen. En outre, l'église Sainte-Madeleine, dernier édifice religieux bâti avant la Révolution française de 1789, et son parc constitué d'allées sont très appréciés des promeneurs. Le quartier concentre des activités aussi touristiques, qu'économiques ou politiques, accueillant le siège de plusieurs entreprises ainsi que la préfecture de région[24]. Les bords de Seine, désormais piétonniers, font du quartier un lieu investi par les promeneurs ou sportifs amateurs. La ZAC Luciline, un « écoquartier », y a été aménagé[26], ainsi que le palais des sports « Kindarena ».
Alors que les Coteaux Ouest, naguère haut lieu du commerce et de l'agriculture, ont longtemps été marqués par l'activité maraîchère et comptent désormais comme un quartier plutôt bourgeois de la ville, le quartier Sapins - Châtelet - Lombardie, situé à l'opposé des premiers, a été l'un des premiers ouvrant la voie à l'urbanisation de Rouen, essentiellement au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. C'est également le cas du quartier dit du Mont-Gargan, considéré comme le « plus vert » de Rouen[24]. Ces deux derniers quartiers forment, avec Grieu – Vallon Suisse – Saint-Hilaire, les « Hauts-de-Rouen », lot de quartiers populaires objets de sollicitudes sociales[27]. Les difficultés sociales se répercutent également sur le quartier de la Grand'Mare, classé « zone de sécurité prioritaire » en 2013[28].
Rive gauche
Le principal quartier de la rive gauche, connu sous le nom de quartier Saint-Sever, est un ancien faubourg ; l'île Lacroix lui est administrativement rattachée. Il accueille le conseil départemental de la Seine-Maritime, la cité administrative et la tour des Archives départementales.
Le quartier est doté de deux piscines, d'une patinoire et d'un club d'avirons[24]. Le quartier Grammont, qui jouit d'un parc d'une superficie de 29 000 m2, accueille le pôle culturel Grammont, qui comprend une partie des archives départementales et la bibliothèque Simone-de-Beauvoir ; il a fait l'objet d'importants aménagements urbains destinés à le moderniser et l'imposer comme une zone commerciale de référence[24].
Le quartier Saint-Clément - Jardin-des-Plantes abrite l'un des espaces verts les plus vastes et les plus anciens[24]. Cependant, le quartier ne se résume pas à ce seul jardin : l'Atrium, la maison d'arrêt « Bonne Nouvelle », la Direction régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement ou encore la Chambre de métiers de la Seine-Maritime animent le quartier.
Logements
En 2019, le nombre total de logements dans la commune était de 73 755, alors qu'il était de 69 491 en 2014 et de 67 104 en 2009[I 1].
Parmi ces logements, 86,9 % étaient des résidences principales, 2,5 % des résidences secondaires et 10,6 % des logements vacants. Ces logements étaient pour 15 % d'entre eux des maisons individuelles et pour 84 % des appartements[I 2].
Au sens du recensement, en 2008, le parc de résidences principales de la ville comprend 18,5 % de logements sociaux, taux qui s'est accru à 20,4 % en 2013 puis est revenu à 18,6 % en 2019[I 3].
Le tableau ci-dessous présente la typologie des logements à Rouen en 2019 en comparaison avec celle de la Seine-Maritime et de la France entière. Une caractéristique marquante du parc de logements est ainsi une proportion de résidences secondaires et logements occasionnels (2,5 %) inférieure à celle du département (4 %) mais supérieure à celle de la France entière (9,7 %). Concernant le statut d'occupation de ces logements, 28 % des habitants de la commune sont propriétaires de leur logement (28,3 % en 2014), contre 53 % pour la Seine-Maritime et 57,5 pour la France entière[I 3].
Typologie | Rouen[I 1] | Seine-Maritime[I 4] | France entière[I 5] |
---|---|---|---|
Résidences principales (en %) | 86,9 | 87,8 | 82,1 |
Résidences secondaires et logements occasionnels (en %) | 2,5 | 4 | 9,7 |
Logements vacants (en %) | 10,6 | 8,2 | 8,2 |
Le confort des résidences principales est variable : en 2019, 17 357 logements sur 64 092 (27,1 %) sont pourvus de deux pièces tandis que 16 323 autres logements (25,5 %) comptent trois pièces. Enfin, 10 423 logements (16,3 %) sont dotées de quatre pièces alors que 11 140 autres (17,4 %) n'en ont qu'une. S'agissant des résidences principales comptant cinq pièces ou plus, elles sont minoritaires sur l'ensemble de la commune (8 845, soit 13,8 %)[I 6].
Dès la fin du XIXe siècle, la problématique du logement est apparue comme un véritable enjeu social et politique : le souci d'une salubrité garantie aux petits employés ainsi qu'aux ouvriers poussa plusieurs patrons à acquérir un terrain pour y bâtir un parc de « petits logements » regroupés dans un grand immeuble situé au croisement des actuelles rues Alsace-Lorraine et Victor-Hugo. Ces habitations bon marché[29], gérées par la « Société anonyme immobilière des Petits Logements », n'étaient pas négligeables pour l'époque puisque les occupants jouissaient d'un accès à l'eau courante, d'une cave et d'un grenier tout en bénéficiant d'un vide-ordures.
Après la Seconde Guerre mondiale, il a fallu reconstruire une ville dévastée par de nombreux bombardements. C'est au cours de cette période que 2,9 % des logements actuels ont été construits[30]. Malgré les dommages et les destructions causés par ce conflit, une partie du patrimoine architectural de la ville a été préservée. La reconstruction rendue nécessaire par les besoins de la population locale a laissé place à de nouveaux édifices capables d'accueillir plusieurs logements contemporains.
Renouvellement urbain
D'importants projets de réaménagements urbains sont programmés ou en cours de réalisation dans la ville, afin de se réapproprier des territoires oubliés (friches industrielles et portuaires). C'est le cas notamment dans l'ancienne emprise portuaire de la rive droite, avec le projet Luciline - Rives de Seine destiné à accueillir 1 000 logements neufs, ainsi que des activités tertiaires d'ici 2020[31]. Il en va de même pour la friche portuaire de la rive gauche, avec l'écoquartier Flaubert, qui devrait accueillir quant à lui 10 000 habitants (une partie sur la commune de Rouen, l'autre sur la commune du Petit-Quevilly), d'ici 2024[32]. Un autre îlot urbain a été reconverti à partir de 2015, principalement autour de la rue de Constantine en remplacement d'anciens entrepôts.
Voies de communication et transports
Service Express Régional Métropolitain Rouennais
En avril 2022, trois associations (SOS Gares, le Comité de Défense du Triage de Sotteville et le Comité de Vigilance Ferroviaire de Normandie) présentent un projet de Service Express Métropolitain lors d'une conférence de presse[33]. Quelques semaines plus tard, le président de la Métropole Rouen Normandie, Nicolas Mayer-Rossignol, annonce qu'il soutient l'initiative des trois associations et apporte son soutien au projet. En septembre 2023, la Région Normandie et la Métropole Rouen Normandie annoncent conjointement que l'intégration tarifaire sera mise en place dès janvier 2024 pour les abonnés au Réseau Astuce.
Pendant de longues années, les politiques, sur tout l'échiquier politique, ainsi que les dirigeants de la SNCF ont utilisé une excuse fallacieuse pour ne rien faire : la gare de Rouen-Rive-Droite était saturée selon eux. Pourtant, à la suite de la crise sanitaire du Covid, 18 trains ont été supprimés par la Région Normandie. Malgré un retour aux chiffres de fréquentation de 2019, point de retour à la grille horaire. Une décision que les associations d'usagers continuent à dénoncer unanimement. Les premiers résultats de l'étude commandée conjointement par SNCF Réseau, la Région Normandie et la Métropole Rouen Normandie ont par ailleurs démontré que la gare de Rouen-Rive-Droite était loin d'être en état de saturation.[réf. nécessaire] Le trafic de fret ferroviaire en provenance ou à destination du Port du Havre peut facilement contourner Rouen via la ligne Motteville/Montérolier, que la SNCF a électrifié pour cet usage spécifique au début des années 2010. Nicolas Mayer-Rossignol a officiellement changé de position, le 14 mai 2023, dans l'émission Dimanche en Politique sur France 3 Normandie consacrée au ferroviaire.
Transports routiers
Rouen ne dispose pas de boulevard périphérique, les principales routes menant directement aux abords du centre-ville, près de la Seine. Cette particularité amène à une circulation souvent difficile sur les routes de l'agglomération. Un contournement Est dont l'accès via un péage est projeté depuis de nombreuses années. Cependant, la date de réalisation de ce projet n'est pas précisée.
- Rocade Sud III (RN338) : voie rapide entre l'A13 et le pont Gustave-Flaubert.
- Rocade Sud (ouverte en 2008) : voie rapide entre la Sud III et la RD 18E.
- Pont Gustave-Flaubert : liaison entre l'A150 et la Sud III (raccordements définitifs construits ultérieurement).
- L'A150 : reliant Barentin au pont Gustave-Flaubert.
- La RN28 : rocade Est reliant l'A28 vers Abbeville au boulevard de l'Europe par le pont Mathilde et le tunnel de la Grand'Mare.
- Rocade Nord : projet reliant la RN 28 au nord du tunnel de la Grand'Mare à La Vaupalière (autoroute A150 vers Barentin) ; un viaduc est nécessaire pour traverser la vallée du Cailly.
- Rocade Ouest (entre l’A151 de Dieppe et l’A28 vers Le Mans et Tours) : en projet mais nécessite la construction d'un ouvrage majeur, un pont à haubans proche de Duclair.
- Contournement Est : en projet de liaison Est entre l'A28 au nord et l'A154 au Sud (section Val de Reuil à Évreux) ; avec un possible barreau (dénommé A134) qui relierait la future liaison Est (A133) à la rocade Sud III en direction du Port de Rouen (contraintes Natura 2000) ; ouverture prévisible en 2027 maximum selon les scénarios de financement retenus et le nombre de recours faisant suite à la DUP publiée en .
- Création d'une zone à faibles émissions mobilité (ZFE) en 2021[34].
Réseaux cyclables
Le réseau cyclable voit le jour à Rouen en 2007. Des aménagements cyclables sont apportés, notamment avec la piste cyclable du pont Boieldieu qui permet de traverser la Seine sans être mêlé au reste du trafic.
Depuis 2019, les cyclistes ont de nouveau l'autorisation d'emprunter certaines voies du TEOR[35], notamment celles en centre ville.
Le Cy'clic est un système de vélopartage ouvert de 5 h à 1 h, installé en par la mairie en partenariat avec la société JCDecaux et qui facilite les déplacements en centre-ville. En 2013, 251 vélos sont accessibles dans les 21 stations en ville.
Rouen est également une étape du projet de la véloroute du Val de Seine en cours d'aménagement[36]. Des pistes cyclables supplémentaires ont été créées à l'occasion du confinement du printemps 2020.
Dès 2023, le réseau Cy'clic est remplacé par le système Lovélo.
Transports autoroutiers
Rouen est à la convergence d'axes autoroutiers, dont l'autoroute A13 Paris-Caen, l'autoroute A28 Abbeville-Tours (section de l'Axe Nord-Sud Atlantique européen) et l'autoroute A150 Rouen-Yvetot (barreau de raccordement à l'A29 entre Barentin et Yvetot).
Transports fluviaux
Ville traversée par un fleuve navigable en tous temps, Rouen est un lieu d'escale pour les mariniers.
Le port de plaisance, ouvert depuis le , compte 150 anneaux sur des pontons totalement équipés. La ville connaît une explosion du trafic de croisières fluviales avec près d'une vingtaine d'escales par semaine en haute saison.
Le Terminal croisières, en aval du pont Flaubert, prévoit dix-neuf escales de grands navires en 2023[37].
Transports aériens
Rouen est desservie par l’aéroport Rouen Vallée de Seine situé à Boos, 9 km à l'est de la ville. Depuis l'été 2017, il est relié à Bastia en ligne saisonnière. La liaison vers Lyon Saint-Exupéry de façon quotidienne avec HOP !) a été arrêtée en . D'autres lignes régulières et des destinations touristiques devraient prochainement desservir la métropole rouennaise dans le cadre d'un projet de développement[38].
Transports ferroviaires
Avant la Seconde Guerre mondiale, Rouen comptait quatre gares : celles de Rouen-Rive-Droite, de Rouen-Orléans, Rouen-Martainville et Saint-Sever. La ville n'étant plus desservie que par la première, il a été question de réaménager la gare en rive gauche pour alléger celle de la rive droite, laquelle a atteint ses limites d'agrandissements ; la mise en service d'une telle gare nouvelle n'est toutefois pas prévue avant 2030, au mieux.
La gare principale qu'est la gare de Rouen-Rive-Droite est fréquentée par quatre millions de voyageurs en 2020 (près de sept millions en 2015). Elle est reliée au réseau TGV et Intercités Normandie, ainsi qu'aux réseaux TER Normandie et TER Hauts-de-France ; l'accès au « métro » dépend de la station Gare-Rue Verte. Jusqu'au mois de , la gare a fait l'objet d'importants travaux de modernisation impliquant aussi bien l'accessibilité que les commerces proposant des services aux usagers.
Rouen pâtit d'une part de l'engorgement quasi-permanent du réseau Île-de-France (sillon) à partir de Mantes-la-Jolie. Si la liaison avec Paris prend en théorie une heure, la vétusté du réseau allonge d'autre part le parcours en moyenne de trente minutes. Ce temps de trajet étonne au regard de la proximité géographique des deux villes, alors que certaines villes comme Reims, bien que plus éloignées de la capitale, s'en trouvent parfois à moins de quarante-cinq minutes par le train. Consciente de cette anomalie, la SNCF s'est engagée à moderniser ses infrastructures.
Rouen est raccordée quotidiennement à Amiens par cinq allers-retours en moyenne, à la métropole lilloise par trois allers-retours ainsi que par un aller-retour en TGV pour Lyon et Marseille. De nouvelles rames Regio 2N remplaçant l'ensemble des trains dits « corail » sont déployées entre fin 2019 et 2022 (40 unités) sur la Normandie qui gère dorénavant la totalité de ses lignes ferroviaires. D'autres rames neuves compléteront cette série initiale de 2022 à 2025.
Transports en commun
L'autorité organisatrice de la mobilité, chargée de son développement et de son financement à Rouen et dans son agglomération, est la Métropole Rouen Normandie. Le réseau Astuce comprend :
- deux lignes de tramway sur un axe nord-sud de la Métropole comprenant 27 rames en circulation ;
- quatre lignes TEOR avec des bus à haut niveau de service sur un axe est-ouest et nord-sud dans l'agglomération avec 79 véhicules articulés ;
- trente-quatre lignes régulières de bus et quatre lignes de taxis avec 219 bus (161 véhicules standards et 58 véhicules articulés) ;
- quarante-deux lignes de transports scolaires, accessibles aux non-scolaires.
Ces lignes sont exploitées par le groupe Transdev (Transdev Rouen), les transports de l'agglomération d'Elbeuf (TAE), Keolis Normandie Seine et la société sottevillaise VTNI.
Dix-sept parcs relais, pour un total de 1 500 places, sont accessibles, soit gratuitement, soit sur présentation d'un titre de transport validé.
Le tramway assure la liaison entre les deux rives de la Seine depuis 1994. Il dessert quatre communes de la Métropole : Saint-Étienne-du-Rouvray, Sotteville-lès-Rouen, Le Petit-Quevilly et Le Grand-Quevilly. Une importante rénovation du réseau a été effectuée en 2012 en vue du remplacement des vingt-huit rames Alstom TFS par vingt-sept rames Alstom Citadis 402 de plus grande capacité de à . Les stations Saint-Sever et Théâtre des Arts ont été modernisées en 2014 et 2016-2017. Les cinq stations souterraines du réseau sont relookées en 2018 pendant l'été principalement (revêtements muraux intérieur / extérieur, éclairage LED, etc.).
Le transport est-ouest rouennais (TEOR), en service depuis 2001, assure la liaison entre l'est et l'ouest de la Métropole, en traversant le centre-ville sur un tracé en site propre. Les trois lignes de 39 km sont en correspondance avec le tramway à la station Théâtre des Arts. TEOR dessert environ 175 000 habitants de huit communes de la Métropole : Rouen, Déville-lès-Rouen, Bihorel, Mont-Saint-Aignan, Darnétal, Canteleu, Notre-Dame-de-Bondeville et Maromme. Une quatrième ligne (TEOR) Nord - Sud (Boulingrin - Parc Expo / Zénith) est ouverte au mois de pour l'Armada et prolongée en 2022 jusqu'au CHU de Rouen et en 2023 jusqu'au Medical Training Center.
Transdev Rouen exploite les lignes TEOR T1; T2; T3; T4, des lignes Fast F1; F2; F3; F4; F5; F7 et F8, ainsi que des lignes régulières 10; 11; 15; 20; 22; 27; 41; 43 et le Noctambus. Certaines lignes sont sous-traitées par des taxibus (35, 36, 37 et 38) et le restant des lignes sont sous-traitées par Transdev Normandie Grand-Rouen (F6, 13, 14, 26, 28, 33, 35, 42 et 44). Les lignes T.A.E. A, B, C, D1, D2, E, F, G et le Fast 9 sont exploitées par la régie des bus de l'agglomération d'Elbeuf.
Des pôles ont été mis en place afin de garantir un service en continu lors des changements de conducteur à l'hôtel de ville de Sotteville-lès-Rouen, à Champlain, au théâtre des Arts, à l'hôtel de ville de Rouen, au Mont-Riboudet, au Boulingrin ainsi que récemment avec la mise en place du réseau de 2022 à la Varenne.
Réseau de nuit
Une ligne Noctambus reliant La Pléiade de Mont-Saint-Aignan aux Cateliers de Saint-Étienne-du-Rouvray circule du lundi au samedi de 0 h 10 à 4 h 55 et le dimanche de 0 h 10 à 2 h 55. Cette ligne prend le relais des lignes de soirée (métro, TEOR et FAST) qui effectuent leurs derniers départs au centre-ville de Rouen à minuit (sauf dimanche). À noter que le T1 effectue des rotations entre le CHU Charles-Nicolle et le Mont-aux-Malades du lundi au samedi jusqu'à 2 h 5 et le dimanche à 1 h 20.
Réseau à la demande sur réservation
Les communes qui ne sont pas reliées à une ligne régulière de Transdev Rouen possèdent un réseau Filo'R de 29 véhicules avec 561 arrêts. Le Filo'R est destiné à tous, particulièrement aux habitants des 37 communes de la Métropole directement concernées. Les véhicules (des minibus de 7, 20 ou 22 places) sont accessibles aux personnes à mobilité réduite. Le service Filo'R fonctionne de 6 h 30 à 19 h 30 (heure de dernière prise en charge), du lundi au samedi (hors dimanche et jours fériés), en complément des lignes régulières et scolaires existantes.
Pour les autres communes qui ne bénéficient pas de passages d'une ligne TAE, le réseau a mis en place un moyen de transport à la demande appelé Allobus qui se compose de cinq lignes desservant La Londe, Orival, Freneuse, Bédanne, Saint-Pierre-lès-Elbeuf. Pour pouvoir utiliser l'une de ces cinq lignes, il est prévu de formuler une réservation téléphonique au moins 1 heure avant le passage du véhicule, du lundi au vendredi de 7 h 30 à 19 h le samedi de 7 h 30 à 12 h 30.
Des lignes de pédibus sont par ailleurs structurées.