Sémantique générale
Forme de pensée non aristotélicienne, élaborée initialement par Alfred Korzybski / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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La sémantique générale propose pour tous, une forme de pensée non aristotélicienne, élaborée initialement par Alfred Korzybski.
La sémantique générale cherche à étendre le cadre de la sémantique classique (étude de la signification des termes du vocabulaire et des modifications qu'elle peut subir). Korzybski entendait conceptualiser une logique correspondant aussi au niveau d'évolution scientifique de son époque, permettant selon lui de résoudre plus efficacement les problèmes humains qu'avec les logiques précédentes d'Aristote et Descartes et des physiques aristotélicienne et newtonienne. Ces logiques conceptualisées de l'Antiquité jusqu'au XVIIe siècle, Korzybski ne les considérait plus efficaces pour décrire et traiter les problèmes propres aux découvertes de son siècle. Korzybski l'appliqua en psychiatrie, Henri Laborit en biologie (théorie de l'inhibition de l'action) et agressologie (étude des réactions des organismes vivants en condition d'agression).
Korzybski explique, dans Science and Sanity, voir une correspondance entre cette logique non aristotélicienne et deux révolutions scientifiques du XXe siècle, la physique quantique et la théorie de la relativité[1]. Il fait observer que la première bouleverse les catégories habituelles de la raison, et que la seconde introduit une physique « non newtonienne » et une géométrie « non euclidienne »[2]. Comme celles-ci, le "non" de non-Aristotélicien ne doit pas être compris comme une négation, mais comme une généralisation et dépassement de la logique aristotélicienne, tout en incluant celle-ci, et le mot "générale" compris dans le même sens que relativité générale[3]. Par analogie avec la physique quantique, Korzybski affirme que l'observateur fait partie intégrante de la représentation du réel et que cela doit être pris en compte dans la sémantique générale[ic 1].
Le système de pensée aristotélicien, pour Korzybski, conduit à confondre le réel avec sa représentation produite par notre système nerveux, et présuppose implicitement que chaque mot a un sens précis et univoque indépendamment de nos représentations. Ainsi, une façon de présenter la sémantique générale est de partir de la phrase "La carte n'est pas le territoire". La carte est de l'ordre de la représentation, et résulte de l'analyse du territoire par un cartographe. Le territoire possède des propriétés que le cartographe n'a pas pu percevoir, ou qu'il a choisi d'ignorer car elles ne font pas partie des éléments dont a besoin l'utilisateur de la carte. Quand nous montrons une carte en affirmant "nous sommes ici", nous utilisons le langage pour affirmer une chose qui semble vraie, mais qui est une identification abusive. Nous devrions dire "voici la représentation sur cette carte de l'endroit où nous sommes". La plupart du temps les identifications erronées ont peu de conséquences, mais lorsque nous discutons de sujets complexes, elles induisent des incompréhensions et des erreurs de jugement.
Pour les éviter, Korzybski propose de recourir à des extensions de langage permettant de matérialiser dans le langage la séparation entre la représentation et la chose représentée, la représentation correspondant au phénomène et la chose représentée au noumène d'Emmanuel Kant. Ces extensions peuvent se présenter sous forme d'indices ou de mentions entre parenthèses permettant de lever l’ambiguïté sémantique d'un mot. Par exemple parler de sexe, selon le contexte peut concerner la sexualité, le sexe d'une personne voire l'organe ou la fonction biologique. Le contexte peut par ailleurs induire ou non de l'émotion, évoquer ou non le désir, être trivial ou scientifique. C'est le même mot, mais ce qu'il porte via le langage se révèle source de confusions ou de quiproquo. Les différentes formes d'expression (littéraire, scientifique, technique, psychologique) comportent suffisamment de codes culturels implicites pour que nous nous y retrouvions, mais il s'agit toujours de verbalisation, c'est-à-dire que notre système nerveux, par le langage, élabore des significations qui résultent de notre développement psychosocial et non de réalités objectives.