M4 Sherman
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Le M4 Sherman est un char moyen et le char américain produit en plus grande quantité pendant la Seconde Guerre mondiale. Près de cinquante mille exemplaires (toutes versions confondues) furent produits de 1942 à 1945[1].
M4 Medium Tank | ||||||||
Chars Sherman lors d'une reconstitution en Belgique en 2008. | ||||||||
Caractéristiques de service | ||||||||
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Type | char moyen | |||||||
Caractéristiques générales | ||||||||
Équipage | 5 | |||||||
Longueur | 5,89 m | |||||||
Largeur | 2,62 m | |||||||
Hauteur | 2,74 m | |||||||
Garde au sol | 0,43 m | |||||||
Masse au combat | 27,2 t | |||||||
Armement | ||||||||
Armement principal | Un canon M3 de 75 mm | |||||||
Armement secondaire | Une mitrailleuse Browning 7,62 mm en proue ; 1 mitrailleuse Browning 7,62 mm coaxiale ; 1 mitrailleuse Browning M2 12,7 mm sur la tourelle (facultative) |
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Mobilité | ||||||||
Moteur | Continental R975 C1 | |||||||
Puissance | 350 hp à 2400 t/m | |||||||
Vitesse sur route | 34 km/h | |||||||
Puissance massique | 10,5 hp/t | |||||||
Réservoir | 662 l | |||||||
Autonomie | 193 km | |||||||
Chronologie des modèles | ||||||||
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Le système de dénomination américain se compose de trois éléments : le type de véhicule, ici medium tank pour « char moyen », la lettre T ou M suivi d’un numéro, qui désigne s’il s’agit d’un prototype ou d’un modèle de série. Ainsi, la désignation dans la nomenclature américaine est medium tank M4 et celle du prototype est medium tank T6. Les variantes reçoivent en sus un numéro de version composé de lettre A suivie d’un numéro, A1 représentant la première mise à jour. L’inconvénient de ce système est qu’il peut facilement porter à confusion lorsque le nom est abrégé : ainsi, le nom M3 seul peut désigner à la fois un char moyen, un char léger, une automitrailleuse, un half-track, un pistolet-mitrailleur, etc.[2],[3].
Afin d’éviter ces confusions, les Britanniques prennent l’habitude de renommer le matériel américain qu’ils reçoivent, en attribuant aux chars des noms de généraux de la guerre de sécession américaine. Les variantes sont ensuite incrémentées avec des chiffres romains. Le M4 devient ainsi le Sherman, d’après le général William Tecumseh Sherman de l'Union pendant la Guerre de Sécession, le M4A1 correspondant au Sherman II. Après la Seconde Guerre mondiale, la désignation britannique est devenue majoritaire, y compris aux États-Unis, alors que ceux-ci ne l’ont pas utilisée pendant la guerre[4],[3]
Contexte
À la fin de la Première Guerre mondiale, l'US Army est équipée du char Renault FT ou de sa version construite sous licence le M1917 et de quelques chars anglais. Les années 1920 et 1930 sont des années maigres pour les forces armées : de 1930 à 1939, l'armée de terre achète 321 chars légers M2 Light Tank pour l'infanterie - plus 148 « combats cars » pour la cavalerie qui, à la suite d'une loi votée par le congrès en 1920, n'a plus le droit de mettre en œuvre des « tanks »[5].
La montée des menaces déclenche une course aux armements en Europe que les États-Unis ont du mal à suivre : il faut attendre les chocs du début de la Seconde Guerre mondiale et en particulier de la défaite française, ainsi que l'augmentation de la demande anglaise, pour qu'ils se lancent dans un programme massif de conception puis de fabrication de chars, les plans initiaux étant de porter l'armée américaine à 216 divisions dont 61 blindées[6]. Créée en , l'« Armored Force » absorbe les chars de l'infanterie et de la cavalerie. Le manque d'expérience américain dans la fabrication des tourelles portant des armes de fort calibre conduit, dans le domaine des chars moyens, à développer d'abord le M3 Medium Tank[7]. Le développement du M3 commence ainsi en septembre 1940, le premier prototype sortant du bureau d’étude en février 1941.
Les caractéristiques de conception détaillées du M4 furent soumises par l'Ordnance Department le 31 août 1940, mais le développement d'un prototype fut retardé tandis que les conceptions de production finales du M3 étaient terminées et que le M3 n'entre en production à grande échelle. Le 18 avril 1941, l'Armored Force Board des États-Unis choisit le modèle le plus simple parmi cinq proposés. Connu sous le nom de T6, le modèle était une coque et un châssis de M3 Medium Tank modifiés, portant une tourelle de conception nouvelle équipée du canon M3 de 75 mm.
Le M4 est conçu à une époque où l'armée américaine considère que la mission principale du char est de conduire des percées sur les arrières de l'ennemi. L'appui de l'infanterie est également une mission importante mais pas la lutte contre les chars adverses, qui doit être confiée principalement à des chasseurs de chars ou « Tank Destroyers » dédiés. Cette philosophie conduit l'armée américaine à choisir pour le M4 un canon de 75 mm efficace pour les missions d'appui mais qui se révèle rapidement insuffisant pour lutter contre les chars allemands, plus puissants, auxquels il est confronté à partir de 1943[8].
Naissance du M4
En parallèle du développement du M3, les caractéristiques attendues de son successeur sont publiées par l’Armored Force le . Du fait de la surcharge de travail, les équipes devant développer le M3 et le nouveau char étant les mêmes, le travail de conception ne commence vraiment qu’en . Les spécifications sont plus fermement établies au mois d’avril. Afin de réduire le temps de production, le châssis du M3 est en grande partie conservé, mais il est requis que l’armement principal soit placé dans une tourelle et que la hauteur soit plus faible que celle de son prédécesseur. Il est également prévu que la tourelle soit modulable et permette l’installation de différents types d’armement[9].
Un premier prototype est achevé le et prend le nom de T6. Outre le châssis, celui-ci conserve certaines caractéristiques du M3, mais le canon M2 de 75 mm se trouve désormais dans une tourelle centrale et le canon de 37 mm a été supprimé pour réduire la hauteur. Anticipant sur la mise en service prochaine du canon M3, les ingénieurs ont choisi d’utiliser la monture de ce dernier, ce qui nécessite d’adapter un imposant contrepoids à l’extrémité du tube de l’ancien canon M2[10]. Le véhicule est approuvé en octobre après quelques modifications : certains vestiges du M3, comme les portes latérales et le tourelleau du chef de char, sont supprimés et une mitrailleuse de 12,7 mm ajoutée sur le toit de la tourelle pour la défense contre les avions[11].
Les véhicules pilotes de production sont construits en et les désignations de série sont attribuées le : les véhicules à coque coulée initiale prennent celle de medium tank M4A1[4], la première version est dotée du canon M3 de 75 mm et 40 calibres (3 m), d'un blindage boite de vitesse en 3 parties boulonnées et de la suspension du M3[12].
Mise en production
M4A1
La production du M4A1, à coque moulée doté du moteur en étoile Continental R-975 Whirlwind, débute en à l’usine Lima Locomotive Works sur la ligne d’assemblage dédiée au prêt-bail avec les Britanniques, puis, à partir de mars, chez Pressed Steel Car Company[13]. Le premier M4A1 sort des usines de la Pacific Car and Foundry Company au mois de mai et la production s’arrête à la fin de l’année 1943 avec un total de 6 281 exemplaires du M4A1 produits avec le canon de 75 mm[14].
M4A2
À la fin de l’année 1941, les efforts se concentrent sur la production d’une version du M4 dotée d’une motorisation Diesel. Reprenant les composants du M3A3 et notamment le moteur Diesel General Motors 6046, le prototype du M4A2 sort d’usine en . Bien que les essais montrent des performances supérieures à la version précédente M4A1, les évaluateurs s’inquiètent des difficultés de maintenance, les filtres à air et le système de refroidissement présentant des défauts[15]. La version M4A2 du Sherman utilisait une coque soudée presque identique au M4A1, mais avec une paire de grilles blindées ventilées sur le pont arrière de la coque. Les chars M4A2 utilisaient le moteur double diesel GM 6046. C'était la version préférée pour les livraisons de prêt-bail soviétiques puisque l'URSS n'utilisa que des moteurs diesel. Le M4A2 a été produit dans six usines avec 10 968 unités de tous types produites entre avril 42 et juillet 45.
M4A3
Des expérimentations sont également menées afin d’améliorer les moteurs à essence. Le moteur Ford GAA est ainsi choisi pour équiper une nouvelle version, appelée M4A3, dont le premier prototype est produit en [16]. La version M4A3 du Sherman sera la base de ce qui serait le dernier Sherman utilisé par l'armée américaine, allant jusqu'à la guerre de Corée. Ce char avait une coque soudée tout comme les M4, A2 et A4, mais utilisait un nouveau moteur: Le Ford GAA V8. À l'époque, il est devenu la version préférée du char de l'armée américaine, tant pour les chars armés de 75 mm que de 76 mm. Il bénéficierait de toutes les améliorations et serait le premier type de coque à utiliser le système de suspension HVSS au combat pour l'armée américaine. Il sera produit dans trois usines, 12 596 exemplaires de tous types sont construits au total entre et .
M4
Les chars M4 utilisaient le même moteur R975 que les M3 et M3A1. La grande majorité des bugs de ce système automobile ont été résolus avant même le début de la production du M4. Cela a vraiment contribué à donner au Sherman sa réputation de fiabilité et de facilité de réparation. Le M4 avait une coque soudée avec une tourelle moulée supportant le canon M3 de 75 mm. L'armement de la tourelle est resté inchangé pendant presque toute la production : utilisation du canon M3 de 75 mm avec la mitrailleuse coaxiale M1919A4 et du calibre M2 .50 monté sur le toit, avec quelques centaines de chars M4 105 fabriqués vers la fin.
La tourelle était la même que celle utilisée sur tous les premiers Sherman. La version M4 n'a pas été produite avec la tourelle T23 améliorée ultérieurement, mais a reçu de grandes coques à trappe dans la variante 105 mm.
Il y avait deux variantes du M4 construites avec la grande coque à écoutille. Le premier, le M4 (105), était une coque à grande écoutille couplée à l'obusier de 105 mm, sur le support M52, dans la tourelle standard de 75 mm. Ces coques n'avaient pas de porte-munitions humides ni de stabilisateurs gyroscopiques, et les tourelles de 105 mm avaient un ventilateur blindé supplémentaire, les seules tourelles à en être équipées. Les chars à canon M4 (105) avaient un masque spécial, avec quatre grandes vis sur la face avant, unique aux chars 105. La production a commencé en février 44 et s'est poursuivie jusqu'en 45, les chars M4 (105) de production tardive bénéficiant d'une suspension HVSS. Ces chars étaient utilisés en remplacement du M7 Priest dans les unités de chars et passaient la plupart de leur temps à être utilisés comme appui-feu indirect, comme le M7 qu'ils remplaçaient. Ce blindé était également équipé d'évents de déflexion d'échappement installés à l'arrière pour aider à réduire le soulèvement de la poussière.
Une autre variante du M4 avec coque à grande écoutille (environ 100 petites écoutilles moulées ont également été fabriquées) était le M4 « hybride », cette coque était soudée, mais utilisait un grand moulage très similaire à l'avant du M4A1 sur l'avant de la coque. Il a été constaté que la plupart des heures de soudage nécessaires à la construction des blindés à coque soudée étaient consacrées à la plaque glacis. Ils ont compris qu'en utilisant une grande pièce moulée, l'incorporation des écoutilles et de la mitrailleuse permettrait d'économiser du temps de soudage et des coûts de main d'œuvre.
Ces hybrides M4 ont été utilisés par les Britanniques pour fabriquer des Firefly Ic. Ils appréciaient la tourelle de 75 mm fournie avec ces chars, car beaucoup avaient déjà une trappe de chargement, ce qui leur faisait gagner du temps lors de la conversion puisqu'ils n'avaient pas besoin d'en couper une. La plupart des chars composites M4 ont été expédiés en Europe ou dans le Pacifique, ce qui rend les survivants rares.
La production du M4, à coque soudée, commence en à la Pressed Steel Car Company. Pendant le reste de l’année 1942 il s’agit de la seule usine à produire cette variante, mais de nombreuses autres se rattachent au programme à partir de 1943 : Baldwin Locomotive Works en janvier, American Locomotive Company en février, Pullman Standard Car Company en mai et enfin le Detroit Tank Arsenal en août. La production de cette version s’arrête progressivement à partir de l’automne 1943, mais certaines usines la produisent encore jusqu’en ; à cette date 6 748 exemplaires dotés du canon de 75 mm ont été produits[17]. Pour l'armée américaine, le M4 et le M4A1 étaient interchangeables.
M4A4
Le nombre de moteurs de type Ford V8 GAA se révélant toutefois insuffisant pour suivre le rythme de production, une autre version, le M4A4, dotée d’un moteur Chrysler A57 comme le M3A4 sur lequel elle est basée, entre en production en [18]. Ce moteur pose toutefois de nombreux problèmes : il est notamment peu performant et pose de grandes difficultés de maintenance en raison de taille et de sa complexité. Ces inconvénients sont en partie résolus par la simplification du moteur et l’agrandissement du compartiment moteur, mais l’U.S. Army choisit tout-de-même de ne pas l’utiliser au combat et le réserve pour l’entraînement et le prêt-bail[19]. Le moteur multibank fabriqué à partir de la combinaison en étoile de cinq moteurs 6 cylindres en ligne à soupapes latérales de voiture (Chrysler Royal) sur un seul carter. Aussi compliqué que cela puisse paraître, il a été produit en grand nombre et était suffisamment fiable pour être utilisé au combat, bien qu'il ne soit pas entre les mains des Américains dans la plupart des cas. Les Britanniques l’ont trouvé plus fiable que leurs moteurs d’origine et l’ont très bien apprécié. La version A4 n'a jamais reçu la coque à grande trappe améliorée ou la tourelle T23 avec le canon M1. La plupart ont été expédiés aux Britanniques via prêt-bail et beaucoup ont été transformés en Firefly Vc, ce qui en fait le type de Firefly le plus courant. Les Marines américains exploitaient ces chars comme chars d'entraînement, 22 d'entre eux pendant deux mois avant d'être remplacés par des M4A2. Ce char avait une coque plus longue, comme son cousin Lee pour accueillir le gros moteur Chrysler multibank A-57. La plupart ont été expédiés aux Britanniques via prêt-bail et beaucoup ont été transformés en Firefly Vc. Il a été produit dans une seule usine (Detroit Tank Arsenal) de à avec 7 499 exemplaires construits.
Grizzly I
De leur côté, en raison de la forte demande de chars, les Canadiens commencent à produire en septembre 1943 à la Montreal Locomotive Work une copie presque exacte du M4A1, qu’ils appellent Grizzly (en), afin de remplacer le Ram II, mais la production est rapidement arrêté après 188 exemplaires, le nombre de Sherman américains étant suffisant pour répondre aux besoins[20]. Cependant deux des variantes du Grizzly vont rencontrer un plus grand succès, après conversion et retrait de la tourelle, à savoir, le canon automoteur Sexton Mk. II de 25 livres et le Transport de troupes Kangaroo. Trois exemplaires sont modifiés en blindé de lutte anti-aviation, la tourelle du char "Skink" etant équipée de quatre canons automatiques jumelés 20 mm Polsten (concept abandonné en 1944).
Évolutions
Les efforts suivants vont porter sur la puissance de feu du M4, qui montre ses limites face aux chars allemands les plus modernes comme les Panther, ou les Tigre. Le premier essai est britannique, avec le montage de leur canon de 17 livres dans une tourelle standard de Sherman. Connu sous la dénomination « Sherman Firefly » (luciole), il est particulièrement réussi, et se révèle déterminant pour lutter contre les chars de la Wehrmacht, au cours des opérations en France et en Italie. Tant et si bien que même les unités américaines l'adoptent, 80 exemplaires de M4A3 étant ainsi transformés (mais, arrivés trop tard sur le théâtre d'opération, ils ne seront jamais utilisés au combat[21]).
Cependant, les États-Unis adoptent une autre solution en montant une nouvelle tourelle T23 embarquant un canon M1 de calibre 76 mm de fabrication nationale, dérivé du 3 inch déjà utilisé sur le chasseur de chars M10 Wolverine[22]. Les premiers chars M4A1(76)W, armés du nouveau canon apparaissent peu après le débarquement de Normandie, ils sont rapidement suivis par des M4A3(76)W. Totalement absents de la première ligne lors du débarquement de Normandie, car les généraux n'en avaient pas vu l'utilité et souhaitaient simplifier la logistique, les modèles à canon de 76 mm seront rapidement réclamés par tous à la suite des premières rencontres avec les Panther et les Tigre[23]. Mais le canon de 76 mm est à peine supérieur au 75 mm avec sa munition anti-char M62 APC et il lui est inférieur pour la munition explosive HE (High explosive), ce qui explique la réticence de l'état-major US à le déployer en première ligne. Ce n'est que lorsqu'il sera doté d'obus de type T4 HVAP (High-velocity armor-piercing : perforants à haute vitesse initiale) qu'il permettra d'affronter les derniers chars allemands avec de bonnes chances de succès[24]. Le nombre de chars équipés de canons de 76 mm augmentera progressivement jusqu'à atteindre 50 % des effectifs des chars Sherman US en [25].Dans le même temps apparaît une version d'appui feu armée d'un obusier de 105 mm, le M4A3 « 105 ». Bien que fabriqué avec des caisses récentes, avec un glacis incliné à 47°, il est dépourvu pour des raisons de masse du système de stockage humide.
En février 1942, la mission de chars britanniques aux États-Unis contacta le ministère américain de la Guerre avec l'idée de développer une version lourde du M4 qui sera bientôt produit pour répondre aux besoins attendus en matière d'assaut sur les lignes défensives ennemies fixes (notamment la Ligne Siegfried). Il est probable que le plan britannique était de demander aux Américains de lancer une version plus lourde du M4A1 en augmentant l'épaisseur du blindage coulé jusqu'à 3 ½" (89 mm) sur le glacis (plaque supérieure avant de la coque) et 3" (76 mm) sur les plaques latérales supérieures de coque. Bien que ce premier plan n'ait abouti à rien, le département américain de l'Ordnance n'a pas complètement oublié l'idée et le 17 décembre 1943, le General Motors proving grounds (en) a été chargé de tester un M4A3 avec une charge supplémentaire jusqu'à un poids de 82 600 lb (37 466 kg). Après 500 milles, il a été constaté qu’"aucune panne anormale n’avait été rencontrée". Il semble donc possible de convertir un char moyen en char d'assaut d'un poids de 82 600 livres. Il s’agissait donc d’un véhicule à utiliser en fonction des besoins et non sur de longues périodes ou distances. Au début de 1944, l'armée américaine décida qu'elle avait besoin d'une version renforcée d'un char moyen pour un rôle d'assaut pour les opérations à venir sur le théâtre d'opérations européen (ETO). Cependant, ils avaient rejeté les projets antérieurs concernant un tel véhicule et le temps manquait. Comme le nouveau T26E1 ne serait pas prêt à temps et que les modèles précédents étaient totalement inadaptés à cette tâche, la décision fut prise de modifier le M4A3 Sherman. Le véhicule est devenu le char d'assaut M4A3E2 ou Sherman Jumbo. Avec seulement 254 exemplaires construits, il représentait moins de 1 % du nombre total de versions du M4. Cependant, son profil emblématique a laissé une image durable qui est probablement l’une des variantes M4 les plus facilement reconnaissables. Il convient de noter à ce stade que le nom « Jumbo » n’apparaît dans aucun document de guerre et qu’il s’agit presque certainement d’un surnom d’après-guerre, très probablement créé par une des entreprises de construction.
Le M4A3E2 devait avoir une plaque de blindage supplémentaire de 1 ½" (38 mm) soudée à l'avant et aux côtés de la coque supérieure, portant l'épaisseur totale à 4" (101 mm) à l'avant et 3" (76 mm) sur les côtés. La coque supérieure arrière et le dessus sont restés inchangés, tout comme la coque inférieure. Pour garantir une bonne soudure, le blindage latéral supplémentaire a été soudé en deux pièces avec un espace de 2 pouces (50 mm) dans une ligne centrale verticale remplie de soudure. La plaque supplémentaire avait un trou découpé pour permettre le montage sur le support de la boule de mitrailleuse existante. Le cordon standard sur lequel était fixé le cache-poussière a ensuite été soudé à la nouvelle plaque. Les lumières et sirènes normales n’étaient pas installées. La fonderie Union Steel a été sous-traitée pour couler un couvercle d'ensemble de transmission finale plus lourde. La nouvelle pièce moulée pesait 3 000 lb (1 360 kg) de plus que la pièce standard et avait une épaisseur qui variait de 4 ”(101 mm) à un maximum de 5 ½” (139 mm). Le nouveau moulage devait avoir une arête importante le long du bord supérieur pour permettre le montage et le boulonnage à la coque supérieure.
La fonderie Pressed Steel Car a été sous-traité pour assembler et finir les tourelles et les supports de canon, le moulage lui-même étant effectué par les fonderies Union Steel et Ordnance Steel. La tourelle était basée sur la tourelle T23 de 76 mm avec une disposition interne similaire, mais le port de mitrailleuse interne a été éliminé. L'épaisseur était d'environ 6" (152 mm) tout autour, mais elle s'est réduite à 2 ½" (63 mm) à l'arrière, sous le renflement. Le canon de 75 mm a été installé dans un support de canon M62 modifié normalement utilisé pour le canon de 76 mm. Une plaque de blindage supplémentaire de 5" (127 mm) a été ajoutée au bouclier de canon moulé d'origine de 2" (50 mm) du M62, créant un énorme masque couvrant près des ¾ de l'avant de la tourelle. Cette monture modifiée a été désignée « Support de canon combiné T110 ». La tourelle terminée pesait un poids impressionnant de 20 510 livres (9 303 kg), soit environ 5 000 livres (2 267 kg) de plus que la tourelle T23 d'origine. Le bouclier du canon à lui seul pesait 1 100 livres (498 kg) de plus que le bouclier standard. La charge de combat comprenait 104 cartouches de 75 mm pour le canon principal, 600 cartouches pour le calibre .50, 6 250 cartouches pour le calibre .30, 900 cartouches de calibre .45, 18 grenades à main et 18 cartouches fumigènes de 2 pouces. Pour tenir compte de tout le poids supplémentaire du blindé, des connecteurs d'extrémité allongés ont été installés en standard sur les chenilles. Ceux-ci ont augmenté le contact au sol de près de 10 % et ont maintenu la pression au sol à un niveau assez raisonnable de 14,2 psi, contre 13,7 psi pour un M4A3 standard sans connecteurs d'extrémité étendus. Bien que le moteur Ford GAA V8 d'origine ait été conservé, le rapport de transmission final a été augmenté à 3,36:1. Cela a réduit la vitesse de pointe à 22 mph (35 km/h), mais le char a maintenu une accélération raisonnable même s'il pesait désormais 84 000 livres (38 101 kg). Il pouvait gravir une pente de 60 %, traverser une tranchée de 7’6” (2286 mm), escalader un mur vertical de 24” (609 mm) et traverser à gué 36” (914 mm) d’eau. Fisher a terminé la production en juillet 1944[26].
L'aboutissement de la série est la version M4A3E8, équipée de la nouvelle suspension HVSS (Horizontal Volute Spring Suspension) où les ressorts agissent dorénavant à l'horizontale. Bien que cette suspension ne lui apporte pas un gain de vitesse sur route, combinée avec de nouvelles chenilles plus larges T80 ou T84 elle se révèle plus à l'aise en tout terrain, gagnant le surnom de « Easy Eight » (« le huit facile »)[27]. Elle est très utilisée à partir de la bataille des Ardennes.
La production de la dernière variante du Sherman, le M4A6, a commencé en 1943. Construit autour d'un nouveau moteur radial multi-carburant massif refroidi par air, le M4A6 présentait une coque avant moulée reliée à une coque centrale et arrière soudée. Le M4A6 et certains M4 (75) de production tardive sont les seuls chars Sherman produits avec ce type de configuration de coque composite, et les deux modèles sont communément appelés « Shermans composites ». L'armée américaine avait initialement besoin de 775 unités, mais la production s'est arrêtée à 75 unités, construites d'octobre 1943 à février 1944. Lors de la conception et de la production du M4A6, les États-Unis ont commencé à s'orienter vers des tanks à essence. Par la suite, le M4A6 n’a jamais été déployé ni exporté de manière opérationnelle.
Le nouveau moteur était un moteur multi-carburant radial refroidi par air produit par Caterpillar Tractor Company. En novembre 1942, l'Ordnance Committee commanda un nouveau char moyen expérimental pour le moteur, désigné M4E1. Le M4E1 construit par Chrysler était basé sur la coque et le châssis allongés du M4A4, qui avait également été construit à l'origine pour accueillir son propre gros moteur. La conception du M4E1 nécessitait de légères modifications par rapport au M4A4, principalement l'ajout de renflements rectangulaires sur le pont arrière et le plancher pour accueillir le plus gros moteur.
Le moteur du M4A6 refroidi par air, une version du Curtiss-Wright R-1820 Cyclone 9, a été largement utilisé sur les avions des années 1930 aux années 1950, notamment le Boeing B-17 Flying Fortress. Caterpillar Tractor Company a converti le moteur en un diesel à injection de carburant, en conservant les cylindres, le vilebrequin et le compresseur de l'original, mais a conçu de nouveaux pistons, culasses et systèmes de lubrification pour la centrale électrique du M4A6. Le moteur modifié a été désigné D200A et utilisé sur le nouveau char lourd américain M6. Les nouveaux moteurs étaient multi-carburants et pouvaient fonctionner avec une gamme de pétrole allant du diesel à l'essence à indice d'octane de 100. Equipé d'une nouvelle boîte de transfert capable d'augmenter la vitesse de l'arbre jusqu'à 1,5 fois celle du vilebrequin, le nouveau moteur développait 450 chevaux à 2 000 tr/min. Après avoir effectué des tests et des essais de performances satisfaisants, l'Ordnance Committee a changé la désignation de production du D200A en RD-1820.
Seconde Guerre mondiale
Les troupes américaines sont en train de s’entraîner avec les premiers Sherman lorsque les Britanniques sont vaincus par la Panzerarmee Afrika à Tobrouk le . Le président Franklin Roosevelt a demandé s'il pouvait faire quelque chose pour aider, et sans hésitation, Churchill a répondu : « Donnez-nous autant de chars Sherman que vous pouvez en épargner et expédiez-les au Moyen-Orient le plus rapidement possible » . Face à la gravité de la situation, les États-Unis envisagent d’envoyer la 2nd Armoured Division, mais son temps de préparation étant trop long, il est finalement décidé de transférer directement aux Britanniques la majeure partie des Sherman produits, soit un peu plus de 300 exemplaires[28]. Cela représentait à peu près toute la production de Sherman jusque-là. Les chars ont été récupérés dans les usines, ainsi que dans les unités américaines qui venaient juste de commencer à s'entraîner avec eux. Le convoi « 5185 Opportunity » appareilla le 15 juillet 1942 avec 302 Sherman et 100 Priest. Les Sherman se décomposent en 212 M4A1 (essence) et 90 M4A2 (diesel). Le SS Fairport avec 51 M4A1 et 32 M7 Priest à bord a été coulé par le sous-marin U-161 le lendemain. Le SS Seatrain Texas a navigué sans escorte deux semaines plus tard avec le remplacement de 52 M4A1 et 25 Priest. Le voyage dura deux mois et les Sherman commencèrent à arriver en Égypte en septembre 1942. En dehors de ceux-ci, une expédition « régulière » de Lend Lease de 15 M4A2 « qui était censée prendre de l'avance… en fait n'a précédé que de quelques jours l'envoi d'urgence[29]. Le 15 juillet, lorsque le convoi a appareillé, les seuls M4A2 en production étaient fabriqués par Fisher ou Pullman. Les chars sont adaptés pour le combat dans le désert, notamment par l’ajout de jupes[30].
Le Sherman est engagé pour la première fois au combat le par la VIIIe armée britannique lors de la bataille d'El-Alamein en Egypte. Le peu de temps de préparation, certains équipages ayant reçu leur char le jour même, et les faiblesses du plan, qui envoie les chars dans des champs de mines, font que le bilan du M4 lors de ce premier engagement est mitigé[31]. Du côté américain, le Sherman est utilisé pour la première fois au combat au début du mois de dans les environs de Tebourba en Tunisie. Là encore, la faible expérience des équipages et les mauvais choix tactiques conduisent à de lourdes pertes, sans que la qualité du véhicule soit en cause[32]. À la fin de la campagne d’Afrique, les M4 et M4A1 sont les chars standards dans les divisions blindées américaines, les derniers M3 Grant étant transférés aux Forces Française Libres. Ils commencent à être remplacés par le M4A3 après la chute de Rome pendant l’été 1944[33].
Après la campagne d’Afrique, le Sherman est de presque toutes les batailles de la Seconde Guerre mondiale. Une fois les difficultés de son usage tactique résolues, il démontre d'excellentes qualités au combat. Il possède en effet un certain nombre d’avantages : une bonne fiabilité mécanique et une maintenance aisée, qui lui assurent des taux de disponibilités importants ; une masse et une taille raisonnables lui conférant agilité et capacité à traverser la plupart des ponts d’Europe, contrairement aux chars lourds allemands ; un armement lui permettant de faire jeu égal avec le Panzer IV, voir de le surclasser, car la vitesse de rotation supérieure de sa tourelle lui permet souvent de tirer le premier coup[34]. Cependant, il n’est pas exempt de défauts, qui deviennent de plus en plus visible à mesure que progresse la guerre et que les chars allemands évoluent. Le Tigre et le Panther se révèlent en effet des opposants redoutables, presque imperméables aux tirs des Sherman, qu’ils peuvent de leur côté détruire à longue distance[35].
L’U.S. Army équipe pendant la guerre un total de 16 divisions blindées et 65 bataillons indépendants de chars et est le principal utilisateur du Sherman. Chaque division blindée américaine comporte initialement deux régiments de trois bataillons chacun, dont deux de M4, avec seulement un régiment d'infanterie mécanisée. Cette organisation est peu appréciée des généraux, qui trouvent qu’il y a trop de chars et pas assez d’infanterie. Elle est revue en 1943, avec désormais trois bataillons de chars et trois bataillons d'infanterie mécanisée, à l'exception des 2e et 3rd armored divisions qui conserveront leur ancienne organisation pendant toute la guerre. Dans la nouvelle organisation, un bataillon de chars regroupe trois compagnies de M4 Sherman et une compagnie de M3 Stuart. Alors que la division de 1942 comportait 232 M4, celle de 1943 n'en compte donc plus que 186[36].
L'Union soviétique reçoit 2 007 Sherman M4A2 puis 2 095 M4A2 (76mm)W[37] qui, même si ils étaient moins bien adapté au terrain soviétique que les T-34, recevront un bon accueil et semblent avoir été très appréciés par leurs équipages. Les soviétiques surnomment le tank M4 "Emcha", car le 4 ressemble a la lettre cyrillique "che" ou "cha" (Ч). Il est intéressant de noter que les Soviétiques ne se sont jamais plaints de la propension des Sherman à brûler rapidement, ce qui, étant donné qu'ils n'avaient que des Sherman à moteur diesel, donnerait du crédit à ceux qui suggéreraient que le carburant était la cause majeure de l'effet « Ronson » (marque de briquet américain). Vers la fin de la guerre, les Soviétiques ont eu tendance à regrouper leurs Sherman dans certaines unités afin d'améliorer la standardisation et de faciliter la maintenance, par exemple les 1er, 8e et 9e corps mécanisés de la Garde étaient quasi exclusivement dotés de Sherman[38].
En Europe, les armées du Commonwealth et notamment l'armée canadienne reçoivent également le M4. Le char équipe également deux unités blindées de l'Armée polonaise de l'Ouest : la 1re division blindée qui combat en France et en Allemagne et la 2e brigade blindée qui s'illustre notamment à la Bataille du Monte Cassino et devient en 1945 la 2e division blindée polonaise[39].
Enfin, le Sherman équipe les forces libres françaises : Des M4A4 (moteur Chrysler A57 Multibank) et M4A2 (moteur General Motors 6046) ont été livrés dans les ports d'Alger (Algérie) et Casablanca (Maroc) en 1943. Les français mirent sur pied 3 divisions blindées, chacune équipée de 165 Shermans. Les américains demandèrent que des divisions blindées homogènes soient créées. Ainsi, la 2e Division Blindée fut équipée uniquement de M4A2. La 1re Division Blindée devait être équipée uniquement avec des M4A2, et la 5e D.B. exclusivement avec des M4A4. Cependant, la répartition des chars concernant les 1ère et 5ème Division Blindées ne fut pas homogène, et chaque division commença l'entraînement avec 110 M4A4 et 55 M4A2. Au final, les M4A4 furent alloués au 2ème Régiment de Chasseurs d'Afrique et au 2ème Régiment de Cuirassiers (1ère Division Blindée) et aux 1er Régiment de Chasseurs d'Afrique et 1er Régiment de Cuirassiers (5ème Division Blindée). Les 110 M4A2 furent répartis entre le 5ème Régiment de Chasseurs d'Afrique (1ère Division Blindée) et le 6ème Régiment de Chasseurs d'Afrique (5ère Division Blindée). La 2e D.B. qui débarque en Normandie en août 1944 et libérera notamment Paris, et les 1re et 5e D.B. qui débarquent en Provence au sein de la 1re armée se rejoindront pour la bataille d'Alsace de novembre 1944 à mars 1945. Pendant la guerre, la France a initialement reçu des M4A2 et A4 mais perçoit également d'autres modèles en provenance des stocks américains pendant la campagne pour remplacer ses pertes. Après la guerre, elle reçoit 1 254 M4A1 (76 mm). L'armée de terre est la principale utilisatrice mais les Sherman serviront également au sein du Groupement blindé de gendarmerie mobile au cours des années 1960 et seront brièvement déployés pour protéger l'Assemblée nationale pendant le putsch du 21 avril 1961.
À partir de 1943, le Sherman équipera également six bataillons blindés du corps des Marines, principalement dans sa version M4A2 à moteur Diesel. Chez les Marines, le M4 connaîtra son baptême du feu lors de la reconquête de l'Atoll de Tarawa (). En 1944, un bataillon blindé des Marines compte 46 M4[40].
Une version amphibie du M4 est produite, appartenant aux Hobart's Funnies en ajoutant une jupe au tank, ainsi que deux hélices ; cette modification est appelée DD (Duplex Drive). 693 Sherman ainsi que 293 chars Valentine sont modifiés au Royaume-Uni[41]. Les Sherman amphibies participent au débarquement en Normandie avec des résultats mitigés sur les plages britanniques et sur la plage américaine d'Utah Beach. Mais à Omaha Beach, ils sont lancés trop loin du rivage dans une mer trop forte et moins d'un Sherman DD sur dix réussit à atteindre la plage. Certains Sherman seront convertis en transport de troupes Kangaroo après l’opération Totalize.
Bilan du conflit
Lors de son apparition sur le front en 1942, le Sherman est supérieur à la quasi-totalité des chars allemands, italiens ou japonais qui lui sont opposés mais cette situation, déjà compromise par l'apparition des versions à canon long du Panzer IV[42] (sans parler du Tigre I, mais ce dernier n'apparaît qu'en faibles quantités) ne va pas durer.
Cheval de bataille des armées alliées, le M4 révèle au moment de la bataille de Normandie de nombreuses faiblesses : armement principal bien adapté pour le soutien de l'infanterie mais trop faible contre les derniers chars allemands, blindage insuffisant, silhouette trop haute, facilité à prendre feu, maniabilité limitée (rayon de virage important[43]) et pression au sol plus forte que celle de chars allemands pourtant beaucoup plus lourds (Le Sherman M4A1 pèse 27 tonnes, le Panther pèse 45 tonnes et le Tigre I 57 tonnes) ce qui le désavantage dès que le terrain devient boueux[44].
Mais la plupart de ces insuffisances seront progressivement éliminées — ou du moins fortement atténuées — par les modifications citées ci-dessus. De plus, le M4 possède de nombreuses qualités, notamment une excellente fiabilité, un rayon d'action très correct, des optiques de qualité ainsi qu'une des premières conduites de tir avec stabilisation gyroscopique (d'ailleurs peu employée par les équipages) et une vitesse de rotation de tourelle supérieure à celle des blindés allemands[45], ce qui permet souvent aux équipages de Sherman de tirer plus rapidement. De plus, il bénéficie de l'écrasante supériorité numérique et logistique des alliés, ainsi que leur supériorité aérienne. Il restera le fer de lance des formations blindées alliées du Front de l'Ouest jusqu'à la capitulation allemande et jouera pleinement son rôle de char de soutien d'infanterie dans le Pacifique jusqu'à celle du Japon qui n'offrit que peu d'opposition en terme de blindés.
Guerre de Corée
Le , la Corée du Nord débute la guerre de Corée en envahissant son voisin du sud. Dans le cadre de la résolution 84 du Conseil de sécurité des Nations unies, les États-Unis interviennent, mais leurs forces locales ne sont équipées que de chars légers M24, insuffisants pour faire face au T-34/85 nord-coréens. Cependant, à la suite de l’opération Roll-up, un grand nombre de véhicules hors-services, dont des M4, ont été rassemblés au Japon. Dans les deux mois qui suivent, ces véhicules sont remis en urgence en état de marche et expédiés en Corée[46]. Ces chars, environ 500 et en majorité des M4A3, permettent de retenir les Nord-coréens jusqu’à l’arrivée des renforts envoyés des États-Unis[47]. En comparaison avec les chars américains plus récents, le M4 a l’avantage pendant le conflit d’avoir un meilleur ratio poids/puissance, ce qui le rend plus mobile dans le paysage très montagneux dans lequel se déroulent les combats[48].
Les conflits israélo-arabes
L’état d’Israël acquiert des Sherman dès sa création en 1948. Ceux-ci proviennent pour partie des troupes britanniques qui occupaient alors la région, bien que les circonstances de ce transfert restent troubles, soit des exemplaires démilitarisés sont achetés à des ferrailleurs et remis en service. Dans ce dernier cas, il s’avère parfois difficile de trouver sur le marché des canons, ce qui amène les Israéliens à adapter toute sorte d’armes sur ces véhicules, comme des canons allemands de 75 mm datant du début du XXe siècle. Dans les années qui suivent, ces chars sont progressivement remplacés par des M4A1 et M4A3 standards équipés du canon de 76 mm ou par une version spéciale, le M50 Super Sherman, modifiée sur place et armée du canon de 75 mm de l’AMX-13[49]. Après 1956, une autre variante est mise au point, le M51, avec cette fois un canon de 105 mm[50]. D’autres véhicules sont inventés par les Israéliens à partir du Sherman, comme l’obusier automoteur L33 ou l’Ambutank, une ambulance blindée[51].
Autres conflits de la fin du XXe siècle
Le Sherman est utilisé lors de la guerre d'Indochine (1946-1954) par la France, lors des conflits indo-pakistanais (notamment en 1965), ainsi que dans une multitude d'engagements lors de conflits limités ou de guerres civiles (Cuba et révolte de la marine argentine en 1963)[52] dans les années 1960, Nicaragua dans les années 1980 et Balkans dans les années 1990[53]).
Dernières utilisations
Le Paraguay utilisait trois M4 Sherman provenant d'Argentine équipé d'un canon de 105 mm au côté de 14 M3 Stuart jusqu'en 2018, il s'agit des derniers qui étaient en service[54].