Spoliations napoléoniennes
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Les spoliations napoléoniennes consistent en une série de soustractions d’actifs perpétrée à grande échelle sur une période de vingt ans, de 1797 à 1815, notamment d’œuvres culturelles, d'œuvres d’art, d’objets précieux constituant l’identité patrimoniale et spirituelle des territoires spoliés et qui a été le plus souvent organisée sous forme de traités pour des lieux spécifiques en fonction d’une histoire et d’une réalité locale particulière.
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Spoliations napoléoniennes | |
George Cruikshank : caricature propagandiste évoquant les spoliations napoléoniennes (1815). | |
Type | Confiscation de bien, vol, razzia |
---|---|
Pays | Italie, péninsule Ibérique, Pays-bas, Europe centrale |
Cause | Butin de Guerre, pillage |
Date | de 1797 à 1815 |
Participant(s) | Armée d'Italie, Grande Armée, avec l’aide de certaines communautés locales non concernées par le patrimoine dérobé. |
Revendications | Traités de Paix ou sans revendication dans les cas de razzia |
Résultat | confiscation de biens culturels et cultuels ; constitution d’un trésor national |
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Le concept de spoliation peut s'étendre ici à ceux de pillages, saccages mais aussi aux démembrements, ou destructions d’œuvres d’art ou objets de valeur par les troupes napoléoniennes, de vols délibérés de la part de Napoléon en personne (en attestent par exemple les camés de Joséphine ou la collection d’environ 16 000 œuvres italiennes de Joseph Fesch consignées au Musée Fesch à Ajaccio) ainsi que de l’achat par vente forcée d’œuvres majeures par la contrainte de différents traités entre la France et les États pontificaux ou par des montages financiers particuliers comme en donne un exemple Stendhal dans l'ouvrage Rome, Naples et Florence.
Nombre de recensements d’œuvres en vue de leur confiscation ont été réalisés par des fonctionnaires nommés par Napoléon lui-même au sein de la population locale, à l’instar de la commission du traité de Tolentino où les fonctionnaires ont été désignés au sein de la communauté hébraïque du ghetto d’Ancône[1].
Bien qu’elles peuvent plus amplement y figurer dans cet article, n’entrent pas de la même manière les spoliations opérées dans la péninsule Ibérique, aux Pays-Bas, en Europe centrale et encore moins celles d'Égypte pour la bonne raison que les spoliations et les pillages ne portaient pas sur des objets de culte encore en usage en 1797.
Ce qui révèle par là-même la violence intrinsèque de la constitution-même du musée du Louvre à son origine quand il s’est agi d’exposer sans distinction des œuvres passées de l’histoire de l’art et des œuvres encore en usage et encore vénérées du temps de leur exposition.
Après la période napoléonienne, les spoliations se complètent de la collection de Giampietro Campana en 1861 pour le compte du musée du Louvre et du musée du Petit Palais d'Avignon, se soldant également par un éparpillement des collections sous forme de présents à des États tiers, reventes à des collectionneurs privés français et étrangers.
Pillages et destructions
Les pillages furent perpétrés à grande échelle de 1797 à 1815, et comprenaient non seulement des œuvres picturales ou sculpturales, mais également des éléments architecturaux, des biens archéologiques, des archives et des bibliothèques, des collections glyptiques, numismatiques, de sciences naturelles, minéralogiques et botaniques.
Parfois, des actes de destruction ont également eu lieu : destruction d’œuvres d’art (ex: le complexe sculptural en argent dit des apôtres d’Antonio Calcagni et Tiburzio Vergelli est fondu à Lorette, destruction de la statue de Grégoire VIII de Girolamo Lombardo à Ascoli Piceno ) ; d’églises (à l’instar du Duomo d'Alexandrie datant du XIIe siècle, mais aussi de monastères, d'ouvrages publics, de palais, très souvent motivés par la recherche d’or et d’argent.
Selon l'historien Paul Wescher, les pillages napoléoniens représenteraient « le plus grand déplacement d'œuvres d'art de l'histoire »[2], qui a causé divers dommages collatéraux.
Selon l'article publié par l'historienne de l'art Dorothy Mackay Quynn intitulé "Les confiscations d'art des guerres napoléoniennes", l'Italie se trouve confrontée à des restitutions complexes, car légalisés par des traités, alors que les cessions de la Belgique et des Pays-Bas ont été effectuées comme butin ou prise de guerre.
Selon le catalogue Canova, catalogue incomplet au demeurant, sur les 506 tableaux recensés importés en France, 248 sont restés en France, 249 sont rentrés en Italie, 9 ont été classés comme introuvables.
Célébrations
Au neuvième jour de Thermidor de l'an VI (), s'est déroulée la plus grande célébration d'une victoire militaire à Paris. L’événement est rappelé par une gravure de la Bibliothèque nationale de Paris reproduisant une peinture de Louis-Auguste Girardot. Elle montre l’arrivée au Champ de Mars, devant l'École Militaire de Paris du premier convoi de marchandises confisquées à la fin de la campagne d'Italie menée par le général Bonaparte.
Dans les estampes d'époque, nous voyons les chevaux de la basilique Saint-Marc à Venise sur un char tiré par six chevaux, précédés d’un autre char sur lequel est posée une cage de lions et suivis de quatre dromadaires. Devant un panneau, il déclare: « La Grèce les céda ; Rome les perdit. » L’Apollon du Belvédère, la Vénus de Médicis, le Discobole, le Laocoon et une soixantaine d’œuvres, dont neuf peinture de Raphaël, deux célèbres collections du Corrège, de minéraux et d’antiquaires, plusieurs animaux exotiques, mais aussi plusieurs manuscrits du Vatican datant du premier millénaire ap. J-C. Il fut rapporté que l'attention du public fut attirée par les animaux exotiques et par la statue et les reliques de la Madone de Lorette considérée à l’époque comme l'œuvre de saint Luc et capable de faire des miracles.
Liste établie des œuvres traçables envoyées à Paris
Lieu et date
d'enlèvement |
Tableaux
enlevés |
Tableaux repris
en 1815 |
Tableaux
restés en France |
Tableaux
perdus |
---|---|---|---|---|
Milan. | 19 | 6 | 11 | 2 |
Crémone. | 6 | 2 | 4 | |
Modène. | 20 | 10 | 10 | |
Parme. | 15 | 12 | 3 | |
Bologne. | 31 | 15 | 16 | |
Cento. | 12 | 6 | 6 | |
Livourne. | 1 | 0 | 1 | |
Modène. | 30 | 11 | 19 | |
Lorette. | 4 | 1 | 3 | |
Pérouse. | 30 | 10 | 20 | |
Mantoue. | 4 | 0 | 4 | |
Foligno. | 1 | 1 | 0 | |
Pesaro. 1796 | 7 | 3 | 4 | |
Fano. 1797 | 3 | 0 | 3 | |
Rome. 1797 | 13 | 12 | 1 | |
Vérone. | 14 | 7 | 7 | |
Venise. | 18 | 14 | 4 | |
TOTAL 1796-1797 | 227 | 110 | 115 | 2 |
Rome. 1798 | 14 | 0 | 14 | |
Turin. 1799 | 66 | 46 | 20 | |
Florence. 1799 | 63 | 56 | 0 | 7 |
Turin. 1801 | 3 | 0 | 3 | |
Naples. 1802 | 7 | 0 | 7 | |
Rome (Saint-Louis-des-Français). | 26 | 0 | 26 | |
Parme. 1803 | 27 | 14 | 13 | |
TOTAL 1798-1803 | 206 | 116 | 83 | 7 |
Savone. 1811 | 6 | 3 | 3 | |
Gênes. 1811 | 9 | 6 | 3 | |
Chiavari. 1811 | 2 | 1 | 1 | |
Levanto. 1811 | 1 | 1 | 0 | |
La Sapieza. 1811 | 1 | 1 | 0 | |
Pise. 1811 | 9 | 1 | 8 | |
Florence. 1811 | 9 | 0 | 9 | |
Parme. 1811 | 5 | 2 | 3 | |
Foligno. 1811 | 1 | 1 | 0 | |
Todi. 1811 | 3 | 2 | 1 | |
Pérouse. 1811 | 10 | 5 | 5 | |
Milan (Brera). 1812 | 5 | 0 | 5 | |
Florence. 1813 | 12 | 0 | 12 | |
TOTAL 1811-1813 | 73 | 23 | 50 | |
TOTAL GÉNÉRAL | 506 | 249 | 248 | 18 |
Les traces de justifications idéologiques
Les justifications idéologiques du pillage furent diverses, allant au-delà de la simple prise de guerre. D'une part, une pétition d'artistes français mentionnait que les œuvres étaient une inspiration pour le progrès des arts républicains. Certains croyaient que les œuvres étaient restées « emprisonnées trop longtemps... ces œuvres immortelles ne sont plus dans un pays étranger, mais introduites dans la patrie des Arts et du Génie, dans la patrie des libertés et de l'Égalité sacrée: la République française ». « Ou encore des statues que les Français ont empruntées à l'église romaine dégénérée pour orner le grand musée de Paris, afin de distinguer le plus noble des trophées, le triomphe de la Liberté sur les Tyrannies, de la Connaissance sur la Superstition ».
Face à ce qui était considéré à l’époque comme des butins de guerre, quelques-uns, comme Quatremère de Quincy, se souvinrent que, par chance, les plus grandes œuvres du génie humain ne pouvaient être effacées, comme le Colisée, la Farnesina, la chapelle Sixtine ou les salles du Vatican, et que si les Français voulaient vraiment redécouvrir le passé, au lieu de dépouiller Rome, ils devraient « se tourner vers les ruines de la Provence, enquêter sur les ruines d'Arles, d'Orange et restaurer le magnifique amphithéâtre de Nîmes ».
Traité de Campoformio
La première campagne d'Italie avait apporté un très grand nombre d'objets de valeur de toutes sortes, depuis la signature des armistices avec les duchés de Modène et de Parme en jusqu'au traité de Campo-Formio avec la république de Venise en 1797.
Ledit traité de Campo-Formio met fin à la république de Venise millénaire que Napoléon donne à l’Autriche, avec des conséquences évidentes sur le patrimoine du reste de la péninsule italienne, mais l’on ne peut parler de spoliation de la part de l’Empire autrichien.
Milan fut d'abord privée des collections des Gonzague de Mantoue. Les ducs de Modène et de Parme avaient été tenus de remettre vingt tableaux de leurs collections privées et publiques, qui devinrent bientôt 40, puis 50 pour finir par en perdre le décompte.
En juin, le roi Ferdinand Ier et le pape Pie VI signèrent des armistices dans lesquels ils s'engageaient à remettre 500 anciens manuscrits du Vatican et une centaine de peintures et de bustes, en particulier les bustes de Marcus et de Giunius Brutus Capitolin.
Les manuscrits ont été choisis par un dénommé de la Porte du Theil, un érudit français qui connaissait bien les bibliothèques vaticanes et qui prit entre autres la Fons Regina, la bibliothèque de la reine Christina de Suède. Le pape fut obligé de payer les frais de transport des manuscrits et des travaux jusqu’à Paris.
Des pillages ont également eu lieu dans les bibliothèques du Vatican, la bibliothèque Estense de Modène, celles de Bologne, Monza, Pavie et Brera et enfin dans la bibliothèque Ambrosienne de Milan.
Remarque : A la suite de l’occupation de Venise par les troupes napoléoniennes, on note d'autres disparitions ultérieures, peut-être même de destruction d’œuvres d’art d’importance à l’instar du Jugement de saint Stéphane de Vittore Carpaccio. Imputables logiquement aux autrichiens alors au pouvoir, il semble que ce n'était pas dans les pratiques autrichiennes de se livrer à de telles exactions.
- Dessin du Jugement de saint Stéphane, œuvre perdue en 1806.
- Dernière page du traité de Campoformio avec cachets et paraphe des signataires) - archives nationales, Paris.
- Le Couronnement d'épines de Caravaggio - commande de Vincenzo Giustiniani, le protecteur du Caravage ; il reste en possession de la famille Giustiniani jusqu'en 1809. Actuellement à Vienne.
Traité de Tolentino
Par la suite, le traité de Tolentino a ajouté des œuvres des trésors de Ravenne, Rimini, Pérouse, Lorette et Pesaro.
Au Vatican, les salles du pape sont ouvertes et complètement saccagées, à la fois pour l'enrichissement des officiers napoléoniens et expressément pour Napoléon, tandis que les œuvres en or et en argent sont fondues.
La bibliothèque privée du pape Pie VI fut achetée par le fonctionnaire Daunou et, en 1809, la collection de marbre du prince Borghèse fut vendue à Napoléon sous la contrainte pour huit millions de francs. Le prince n'a même pas obtenu toutes les sommes promises, mais a été payé en terrains confisqués à l'Église et en droits d'exploitation minière dans le Latium, qu'il a ensuite dû restituer à ses propriétaires légitimes.
W. Buchanan notait en 1824 la manière dont Napoléon avait imposé une lourde taxation aux princes et à la noblesse romaine qui s'étaient opposés à son armée ; et comme il avait remarqué que ses demandes étaient payées par les propriétaires, il les renouvelait dans la mesure où ceux-ci possédaient encore des trésors : c’est ainsi que les familles Colonna, Borghese, Barberini, Chigi, Corsini, Falconieri, Spada et de nombreuses autres familles nobles de Rome ont été forcées de vendre leurs œuvres pour trouver les moyens de supporter le paiement des taxes
À Venise, les chevaux de bronze de Saint-Marc, traditionnellement attribués à Lysippe, sculpteur de bronze d'Alexandre le Grand, ont été envoyés à Paris. Les noces de Cana de Véronèse ont été coupées en deux et envoyées au Louvre. L'Arsenal de Venise a été démantelé, les canons, les plus belles armures et les armes à feu ont été envoyés en France, d'autres ont été fondues.
Cependant, parfois, la méconnaissance de certains commissaires chargés des réquisitions fit que certains chefs-d’œuvre restèrent sur place, comme ce fut le cas pour la Conversation sacrée de Piero della Francesca, confisquée à Urbino, arrêtée dans son départ pour Paris à Milan en 1811 car jugée de peu d’importance et restée aujourd’hui encore à Milan, ou bien celle de La Donna Velata de Raphaël attribuée à Sustermans.
À Lorette, le trésor[3] du plus grand pèlerinage des XVIe et XVIIe siècle d’Occident est pillé[4]. 80 chariots de statues d’argent, pierres précieuses, diamants, or et d’offrandes de valeur faites au sanctuaire pendant trois siècles par les pèlerins et régents d’Europe sont acheminés vers Paris où ils seront fondus. Le complexe sculptural en argent dit des apôtres d’Antonio Calcagni et Tiburzio Vergelli est détruit et fondu, la sainte Maison de Lorette est fermée sous scellé, ce qui met un terme au pèlerinages marial le plus important de l’histoire de l'Occident, la statue et les reliques de la Madone volées par Napoléon en personne[5] sont envoyées au Louvre, et le Trésor du sanctuaire consigné sous une boutique d’orfèvre du Faubourg Saint-Marcel à Paris[6]. Charles Nicolas Cochin recense en 1758 au sein de la santa Casa la naissance de la Vierge d’Annibale Carracci aujourd’hui au Louvre, Une Vierge de Raphaël, probablement la Vierge de Lorette de Raphaël aujourd’hui au Musée Condé de Chantilly, L’Annonciation de Baroccio aujourd’hui au Musée des Beaux-Arts de Nancy.
À Ascoli Piceno, la statue de Grégoire VIII de Girolamo Lombardo est détruite.
Exemples de sculptures de l'Antiquité romaine cédées à la suite du traité de Tolentino
- Vénus capitoline, restituée depuis aux États pontificaux.
- Enfant jouant avec une oie, musée du Louvre.
- Buste d'Homère, Le Louvre.
- Muses sarcophagus, Louvre-Lens, Lens.
- Buste de Trajan, musée du Louvre
- Buste de l'impératrice Sallustia Orbiana, femme d'Alexandre Sévère. Marbre, IIIe siècle, musée du Louvre.
- L'écorcheur rustique, marbre, œuvre romaine d'époque impériale (Ier et IIe siècles), copie restaurée d'un original hellénistique, musée du Louvre.
- Poète dramatique recevant Dionysos ivre, escorté de ménades et de satyres, marbre découvert à Rome, musée du Louvre
- À titre d’exemple, l’on peut citer l’œuvre du peintre Carlo Crivelli qui, de 1468 à 1495, œuvra expressément dans la seule région des Marches pour les églises de Fermo, Ascoli Piceno, Massa Fermana, Montefiore dell’Aso, Camerino, Fabriano et de leurs environs : on recense aujourd’hui et à la suite de l’exécution du Traité une centaine d’œuvres éparpillées dans des musées allemands de Berlin et de Francfort, anglais de Londres, d'Oxford et Banbury), belge de Bruxelles, hongrois de Budapest, américains de Washington, New York, Boston, Detroit, Cleveland, El Paso, Chicago, San Diego, des Pays-Bas (Maastricht, Amsterdam) ou d'Italie (Bergame, Rome, Milan, Venise). Celles-ci ont été vendues le plus souvent au tout début du XIXe, puis revendues à plusieurs reprises. Finalement, ne subsistent plus dans la région des Marches qu’à peine une dizaine d’œuvres. Et hormis le polyptyque du Metropolitan Museum de New York et ceux conservés dans les Marches, tous les polyptyques de Crivelli ont été démembrés et exposés aujourd’hui de manière morcelée.
Quelques exemples de biens spoliés à la suite du traité de Tolentino
- L’Ascension de Christ du Pérugin, 1496-1500, peinte pour l'Église saint Pierre de Pérouse, au musée des Beaux-Arts de Lyon.
- Mariage mystique de Sainte Catherine, Orazio Alfani. Aujourd’hui dans les collections du musée du Louvre.
- Vierge à l’Enfant de Bartolomeo da Urbino, palais des Beaux-Arts de Lille.
- La Conversation sacrée (avec Madone à l'Enfant, six saints , quatre anges et le donateur Federico da Montefeltro), pour l’Église saint Bernard de Urbino, aujourd’hui conservée au musée Brera de Milan.
- Annonciation de Federico Barocci pour le palais apostolique de Lorette, aujourd’hui au musée des Beaux-Arts de Nancy.
- Pietà de Giovanni Bellini. Partie supérieure démembrée du Retable de Pesaro pour l’église saint François de Pesaro dans les Marches, récupérée en 1815 par Antonio Canova. (Le Retable n’est toujours pas reconstitué.) Pinacothèque vaticane et Palazzo Mosca de Pesaro.
- La circoncision de Federico Barocci (peint pour l'oratoire du nom de Dieu à Pesaro) aujourd’hui encore au musée du Louvre.
- Jeune homme de Lorenzo Lotto fut vendu par Féréol Bonnemaison en 1815, à Frédéric-Guillaume III. GemäldeGalerie de Berlin.
- Naissance de la Vierge, Annibale Carrache. Peinte pour la Santa Casa de Lorette, aujourd’hui au musée du Louvre.
- La Vierge et l’Enfant entourés de la gloire céleste, Veronèse, au Musée des Beaux-Arts de Dijon en 1801. / Saint Jean dans le Désert, Le Guerchin, à l’origine à Fano. Musée des Beaux-Arts de Strasbourg en 1801.
Le traité de Presbourg est signé le entre la France et l'Autriche où les possessions autrichiennes en Italie sont cédées à la France qui souhaite récompenser ses alliés du Sud de l’Allemagne. Aussi, ne peut-on comprendre l’ampleur des spoliations napoléoniennes sans prendre en considération la disséminations des trésors de guerre dans des territoires tiers, ainsi que la circulation d’œuvres cédées puis reprises entre deux traités, contribuant à brouiller les pistes de la traçabilité des œuvres.
Sans pouvoir attester de spoliations de la part de l’Autriche ou de déplacements d’œuvres de Paris vers la Bavière, l’on peut cependant appuyer sur la surprenante contemporanéité des grandes collections en provenance de la péninsule italienne dans les principaux musées munichois (Glyptothèque, Staatliche Antikensammlungen, Alte Pinakothek).
Par manque de traçabilité complète, nous ne pouvons affirmer avec certitude que la majorité des 276 peintures majeures italiennes de la National Gallery est également la conséquence de ces spoliations.
Exemple d’œuvres italiennes entrées dans les collections munichoises pendant et juste après les campagnes napoléoniennes
- Le Mariage mystique de sainte Catherine d’Alexandrie de Lorenzo Lotto réalisé dans la région des Marches pour une commande locale et arrivé dans la résidence de Würzburg en 1804, aujourd’hui à la Pinacothèque de Munich.
- Madone de la Carnation de Léonard de Vinci retrouvée dans une pharmacie de Guntzbourg en 1792.
- Lamentations sur le Christ mort de Sandro Botticelli pour l’église san Paolino de Florence entrée dans les collections de Maximilien Ier de Bavière en 1813.
- Madonne Tempi de Raphaël entrée en possession de Louis Ier de Bavière en 1829.
- Mars et Vénus surpris par Vulcain du Tintoret, Pinacothèque de Munich entré probablement dans les collections munichoises après la signature du traité de Campoformio.
- Apparition de la Vierge à saint Bernard du Perugino pour l’église Santo Spirito de Florence en possession de Louis Ier de Bavière en 1829.
Exemple d’œuvres sans acquisition spécifiée probablement spoliées puis acquises à la France pour les collections londoniennes
- Notre Dame de Lorette, Perugino partie principale d’une œuvre dont la prédelle restante est à Pérouse, National Gallery de Londres.
- Madone à l’hirondelle de Carlo Crivelli originairement à Matelica, entré dans les collections de la National Gallery en 1862.
- La Madone de Manchester réapparaît en 1857 lors d’une exposition à Manchester.
- Le Baptême du Christ, Piero della Francesca, le tableau est acheté en 1859 par l'antiquaire Robinson ; il est acquis ensuite par Uzielli qui le vend au musée en 1861.
- Le culte à Cybèle, d’Andrea Mantegna à Venise jusqu'en 1815, alors acquise par A.Sanquirico, l'œuvre se retrouve en 1835 en Angleterre aux mains de la famille de Ralph Vivian qui l'offre à la National Gallery de Londres, en 1873.
- Portrait de Femme, attribué à Baldovinetti, mentionné en 1911 en Angleterre, œuvre typique du duché d'Urbino.
Du cheminement inverse à savoir de l’Angleterre vers la France, nous citerons les trois Panneaux d’un Retable de Rubens commandités pour la chapelle sainte Hélène dans la Basilique Sainte-Croix-de-Jérusalem de Rome entre 1601 et 1602. Les dernières traces écrites de l’existence du tableau dans l’église nous révèlent la date de 1763 après quoi, deux des panneaux ont été mis en vente en Angleterre en 1812, racheté par un particulier français qui en a fait don à la Cathédrale de Grasse. Le troisième panneau est semble-t-il perdu.