Stephen Harper
homme d'État canadien, premier ministre du Canada de 2006 à 2015 / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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Stephen Joseph Harper, né le à Toronto (Ontario), est un homme d'État canadien. Il est premier ministre du Canada du au .
Stephen Harper | ||
Stephen Harper en 2014. | ||
Fonctions | ||
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Président de l'Union démocrate internationale | ||
En fonction depuis le (6 ans, 1 mois et 7 jours) |
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Prédécesseur | John Key | |
22e premier ministre du Canada | ||
– (9 ans, 8 mois et 29 jours) |
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Monarque | Élisabeth II | |
Gouverneur | Michaëlle Jean David Johnston |
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Gouvernement | 28e conseil des ministres | |
Législature | 39e, 40e et 41e | |
Prédécesseur | Paul Martin | |
Successeur | Justin Trudeau | |
Chef du Parti conservateur du Canada | ||
– (11 ans, 6 mois et 29 jours) |
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Prédécesseur | John Lynch-Staunton | |
Successeur | Rona Ambrose (intérim) Andrew Scheer |
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Chef de l'opposition officielle | ||
– (1 an, 10 mois et 16 jours) |
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Monarque | Élisabeth II | |
Premier ministre | Paul Martin | |
Législature | 37e et 38e | |
Prédécesseur | Grant Hill | |
Successeur | Bill Graham | |
– (1 an, 7 mois et 18 jours) |
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Monarque | Élisabeth II | |
Premier ministre | Jean Chrétien Paul Martin |
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Législature | 37e | |
Prédécesseur | John Reynolds (en) | |
Successeur | Grant Hill | |
Chef de l'Alliance canadienne | ||
– (1 an, 8 mois et 17 jours) |
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Prédécesseur | John Reynolds (en) | |
Successeur | Parti dissous | |
Député à la Chambre des communes | ||
– (14 ans, 1 mois et 29 jours) |
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Élection | ||
Réélection | 28 juin 2004 23 janvier 2006 14 octobre 2008 2 mai 2011 19 octobre 2015 |
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Circonscription | Calgary-Sud-Ouest (2002-2015) Calgary Heritage (2015-2016) |
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Législature | 37e, 38e, 39e, 40e, 41e et 42e | |
Groupe politique | Alliance canadienne (2002-2003) Conservateur (2003-2016) |
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Prédécesseur | Preston Manning (Calgary-Sud-Ouest) Circonscription créée (Calgary Heritage) |
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Successeur | Circonscription supprimée (Calgary-Sud-Ouest) Bob Benzen (Calgary Heritage) |
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– (3 ans, 7 mois et 8 jours) |
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Élection | 25 octobre 1993 | |
Circonscription | Calgary-Ouest | |
Législature | 35e | |
Groupe politique | Réformiste | |
Prédécesseur | Jim Hawkes | |
Successeur | Rob Anders | |
Biographie | ||
Nom de naissance | Stephen Joseph Harper | |
Date de naissance | (64 ans) | |
Lieu de naissance | Toronto, Ontario (Canada) | |
Nationalité | Canadien | |
Parti politique | Parti libéral (avant 1985) Parti progressiste-conservateur (1985-1987) Parti réformiste (1987-1997) Alliance canadienne (2002-2003) Parti conservateur (depuis 2003) |
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Conjoint | Laureen Harper (depuis 1993) |
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Diplômé de | Université de Calgary | |
Profession | Économiste | |
Religion | Christianisme évangélique, Alliance chrétienne et missionnaire | |
Résidence | Calgary | |
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Premiers ministres du Canada | ||
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Il représente la circonscription de Calgary Heritage à la Chambre des communes de 2015 à 2016, après avoir représenté Calgary-Ouest de 1993 à 1997, puis Calgary-Sud-Ouest de 2002 à 2015. Membre fondateur du Parti réformiste, il quitte le Parlement temporairement pour diriger la Coalition nationale des citoyens, un groupe de pression conservateur qui milite en faveur d'une réduction des impôts et du rôle du gouvernement. Après la démission de Stockwell Day de son poste de chef du parti, en 2002, Harper est élu chef de l'Alliance canadienne. En 2003, il réussit à conclure un accord avec Peter MacKay, chef du Parti progressiste-conservateur, pour fusionner les deux partis. Le , Harper est élu chef du nouveau Parti conservateur et il le reste jusqu'au .
Le , il remporte les élections fédérales face au premier ministre sortant Paul Martin. Il est assermenté avec son gouvernement le , formant un gouvernement minoritaire et mettant un terme à plus de douze ans de gouvernement du Parti libéral. Le , il est réélu comme premier ministre pour un deuxième mandat, dans un gouvernement minoritaire renforcé. Au cours de ce mandat, son gouvernement réussit à proroger le session parlementaire pour défaire une coalition potentielle des partis d'opposition. Par ailleurs, il affronte la crise économique de 2008 et ordonne une intervention militaire lors de la première guerre civile libyenne. Il est finalement renversé par une motion de censure pour « outrage au Parlement » en . À la suite d'élections fédérales anticipées en 2011, il obtient la majorité absolue et est réélu pour un mandat de quatre ans. Durant son troisième mandat, il abolit le registre des armes d'épaule, retire le Canada du Protocole de Kyoto, lance une intervention militaire en Irak et en Syrie contre l'État islamique et affronte les scandales des appels automatisés des élections précédentes et des dépenses du Sénat.
Bien que Harper soit réélu lors des élections fédérales de 2015, les conservateurs sont battus par le Parti libéral. Son chef Justin Trudeau accède ainsi au poste de premier ministre. Le , Stephen Harper fait savoir qu'il quitte la vie politique et démissionnera de son mandat de député avant la reprise des travaux parlementaires[1] ; sa démission est effective le [2].
Harper naît le , à Toronto, où sa famille emménage quelques années plus tôt. Son père, qui est originaire de Moncton, est comptable agréé et travaille pour Imperial Oil[3]. Durant l'été 1969, il suit des cours d'immersion française[4]. Il entreprend ses études secondaires au Richview Collegiate Institute à Etobicoke, où il suit notamment des cours de français et de latin, et excelle en mathématiques et sciences. Déjà intéressé par la politique, il est membre du club des Jeunes libéraux. En 1978, il s'inscrit à l'Université de Toronto, mais abandonne ses études après deux mois et part pour Edmonton, où il obtient un travail à Imperial Oil. En 1980, il déménage à Calgary, où il travaille au service informatique de la même compagnie[5].
En 1981, il s'inscrit à un baccalauréat en économie à l'Université de Calgary qu'il complète en 1985. Il retournera plus tard à l'Université de Calgary pour compléter une maîtrise en économie dont il obtient le diplôme en 1991. Déçu de Pierre Elliott Trudeau et du Parti libéral à la suite de la mise en place du Programme énergétique national (PEN) en 1980, il abandonne le parti libéral et travaille activement à l'élection du député conservateur Jim Hawkes.
En 1985 et 1986, il est l'assistant de Jim Hawkes à Ottawa. Il est cependant rapidement déçu des politiques fiscales de Brian Mulroney et de Jim Hawkes, dont le comité recommande d'étendre les prestations d'assurance emploi à des groupes de personnes vulnérables[6]. Déplorant aussi le fait que Mulroney n'ait pas été capable de révoquer le PEN avant 1986, il quitte Ottawa et retourne à Calgary où il s'inscrit à une maîtrise en économie.
En 1987, sur la recommandation du professeur Bob Mansell, il se rend à Vancouver pour participer à une conférence qui devait servir de tremplin à la fondation du Parti réformiste par Preston Manning. Il y présente un texte écrit conjointement avec John Weissenberger intitulé « A Taxpayers Reform Agenda ». Reprenant les arguments typiques de la droite, ils opposaient les intérêts des contribuables à ceux des fonctionnaires et groupes de pression dont le revenu dépend essentiellement des largesses de l'État[6]. Ils recommandaient aussi la fin des nominations partisanes, une plus grande implication de la base dans les politiques du parti, la réduction de la taille de l'État et le rejet de l'Accord du lac Meech, parce qu'il accordait un statut spécial au Québec, en contradiction avec le principe d'égalité des provinces[7].
Le , à l'assemblée de fondation du Parti réformiste à Winnipeg, il donne une conférence intitulée « Achieving Economic Justice in Confederation », dans laquelle il reprend des calculs selon lesquels l'État fédéral aurait extorqué aux provinces de l'Ouest quelque 70 milliards de dollars au profit des provinces de l'Est et particulièrement du Québec[8]. Il dénonce le renforcement par Mulroney des exigences de bilinguisme dans la fonction publique, la montée de l'État providence et la faiblesse d'Ottawa face aux demandes du Québec. Il développe aussi la nécessité d'un traitement équitable de toutes les provinces et d'une représentation régionale au Sénat, selon la formule du « triple E ». Ce discours longuement acclamé valut à Harper d'être nommé directeur des politiques du parti réformiste.
Nommé candidat dans la circonscription de Jim Hawkes à Calgary-Ouest, il prépare la plateforme électorale du parti, dont le slogan est The West wants in. Sur le plan des politiques sociales, ce document rejette les lois sur le salaire minimum, les allocations familiales, le crédit d'impôt pour enfant, l'exemption de personne mariée, les déductions pour garderie ainsi que les contributions fédérales d'assistance sociale, de pension et de logement subventionné[9]. Il perd l'élection de 1988 par une large marge. Toutefois, Deborah Grey ayant été élue peu après, il devient son conseiller et rédige ses discours de 1988 à 1993.
En 1992, il s'oppose à Preston Manning sur la position à prendre vis-à-vis de l'Accord de Charlottetown, qu'il rejette radicalement, alors que son chef est plutôt enclin à une position de compromis. Sa position est très populaire auprès de la base du parti et finit par l'emporter[10].
Il remporte l'élection de 1993 face à Jim Hawkes et entre au Parlement avec 51 autres députés de son parti. Il semble avoir bénéficié d'une campagne publicitaire de 50 000 $ organisée par la Coalition nationale des citoyens visant à détruire l'image de Jim Hawkes, sans toutefois que soit mentionné le nom de Stephen Harper[11].
Député remarqué au Parlement, il se signale par ses positions modérées en matière sociale. Ainsi, il vote en première et seconde lecture en faveur de la mise sur pied d'un registre canadien des armes à feu, mais finit par voter contre afin de ne pas décevoir son électorat[12]. Il s'oppose aussi à une résolution du caucus de son parti visant à exclure les homosexuels de la Charte canadienne des droits et libertés, mais il s'oppose à un projet de loi qui veut étendre les avantages fiscaux de personne mariée aux couples de même sexe.
Il est surtout actif sur le front constitutionnel. Au fil des ans, les rapports avec Manning sont devenus de plus en plus tendus. Dès 1994, il avait sapé la crédibilité de son chef en révélant à la presse que le Parti lui versait en cachette un supplément de salaire de 31 000 $ par an. Cette révélation avait fait scandale et créé de fortes tensions dans les rangs de son parti[13]. Le , il démissionne de son poste de député pour devenir vice-président de la Coalition nationale des citoyens (NCC)[14],[15].
Statut du Québec et référendum sur la séparation du Québec de 1995
En , il dépose un projet de loi niant le droit du Québec à l'autodétermination[16] et établissant la primauté de la Constitution du Canada. Harper brandira alors la menace de partition du territoire québécois advenant la séparation du Québec[17],[18]. En cas d'une victoire du oui, la séparation du Québec devrait être négociée sans faire aucune concession. En même temps, au cas où le non l'emporterait, Manning et Harper proposent une réforme en profondeur du Canada, qui définirait plus clairement les juridictions respectives du fédéral et des provinces et qui confierait aux provinces nombre de pouvoirs alors exercés par Ottawa, notamment les responsabilités en matière de langue et de culture[19]. Il rejette la politique du multiculturalisme et considère comme ridicule la notion selon laquelle le Canada serait défini par l'union de deux peuples fondateurs[17].
Il rédige en grande partie la stratégie de son parti sur le référendum québécois de 1995. Cette position insiste sur le principe d'égalité des provinces[20],[21], excluant toute entente particulière avec le Québec, comme celle dont Mulroney s'était fait le champion[22]. Stephen Harper était pendant cette période référendaire pour le Québec et le Canada, le porte-parole du Parti réformiste en matière d'unité nationale[23].
Le , il revient sur la question et dépose le projet de loi C-341, déterminant « les conditions auxquelles un référendum sur la séparation du Québec du Canada doit satisfaire pour être considéré comme l'expression véritable de la volonté de la population du Québec[24]». L'article premier de ce projet de loi déclare que le Canada ne reconnaîtra pas ce référendum si la question est ambiguë ou obscure ou si elle signifie que le Québec aurait le droit de modifier unilatéralement la Constitution du Canada et le statut qui est le sien. Un autre article prévoit la tenue simultanée du référendum québécois avec un référendum fédéral comprenant deux questions : « a) le Québec devrait-il se séparer du Canada et devenir un pays indépendant sans lien juridique spécial avec le Canada - OUI ou NON? ». La seconde porte sur la partition du Québec : « b) si le Québec se sépare du Canada, ma municipalité devrait-elle se séparer du Québec et continuer de faire partie du Canada - Oui ou Non ? ». Enfin, un référendum pan-canadien devrait obligatoirement approuver la sécession éventuelle du Québec[25]. Ce projet de loi, qui sera ensuite piloté par Preston Manning, est abandonné lors de la dissolution de la session parlementaire en , mais il inspirera le jugement de la Cour suprême sur la question (1998) et la Loi sur la clarté référendaire parrainée par Stéphane Dion en 2000[25].
La Coalition nationale des citoyens (NCC) est un groupe de pression conservateur financé principalement par des banques, des compagnies d'assurance et de grandes entreprises. En prenant la tête de cet organisme, Harper choisit de faire de la politique par d'autres moyens, en ayant à sa disposition des ressources importantes et une liberté de s'exprimer devant les médias qui n'est pas limitée par une ligne de parti[26].
Sous sa direction, cet organisme finance de nombreuses campagnes publicitaires et conteste devant les tribunaux des lois existantes. Il commence par investir 200 000 $ pour détruire l'image de deux députées libérales en Alberta lors de l'élection fédérale de 1997[27]. Il appuie la campagne de Mike Harris en Ontario et noue des liens avec ses futurs alliés du Parti conservateur : Jim Flaherty, Tony Clement et John Baird[28]. Il finance aussi la contestation de la Loi 101 par un groupe de parents francophones du Québec désireux d'envoyer leurs enfants à l'école anglaise, tout comme il appuie les démarches d'Alliance Québec pour faire abroger les dispositions de cette loi sur la prédominance du français dans l'affichage public[29]. Il conteste aussi devant les tribunaux les modifications apportées par le gouvernement Chrétien à la Loi électorale en 2002, limitant les dépenses des tierces parties lors d'une élection; après une première victoire auprès de la Cour supérieure de l'Alberta, cette cause se rend jusqu'à la Cour suprême, où elle est déboutée par une décision presque unanime en 2004. Il multiplie les campagnes visant à l'abolition du monopole de la Commission canadienne du blé[30]. Lors de l'élection provinciale en Alberta, il incite le public à voter pour n'importe quel candidat, sauf un libéral[31].
Harper multiplie aussi les interventions personnelles dans les médias, au moyen d'entrevues et d'articles. Il s'efforce de discréditer la notion selon laquelle le Québec est une société distincte et dénonce le « jeu patriotique » (patriot game) auquel se serait livré le Parti libéral en favorisant la reconnaissance de cette notion au détriment des provinces de l'Ouest[32]. Dans un article écrit avec Tom Flanagan en réaction à la Déclaration de Calgary, en , il rejette le « mythe des deux peuples fondateurs » et déclare que, au lieu de chercher à apaiser le Québec, il faut au contraire s'y opposer[33],[n 1].
Il suit de près la transformation du Parti réformiste, qui devient l'Alliance canadienne sous la direction de Stockwell Day le . Après la défaite de ce parti aux élections d', il écrit dans le National Post que le Canada est en train de devenir « un pays socialiste de deuxième ordre »[34]. Il incite l'Alberta à établir un « coupe-feu » (firewall) autour de la province et à imiter le Québec en rapatriant tous les pouvoirs qui lui appartiennent en vertu de la Constitution : gestion du régime de pension, collecte des impôts, GRC provinciale et financement du système de santé. Tout en réclamant davantage d'autonomie pour cette province, il exclut toutefois l'idée d'une sécession. Il appuie aussi le principe d'un Sénat élu[35]. En 2001, il dénonce la politique de bilinguisme officiel introduite sous le gouvernement Trudeau comme une coûteuse utopie[36].
À la suite de divers scandales et maladresses, Stockwell Day cède sous la pression interne du parti et démissionne de son poste de chef de l'Alliance canadienne à l'été de 2001. Harper se lance alors dans la course à sa direction. Il fait installer dans son quartier général un système d'appels téléphoniques automatisés, avec lien à une base de données informatisée, capable de faire des milliers d'appels par jour et engage de surcroît une agence de télémarketing[37]. L'investissement se révèle efficace et lui donne la victoire le 2002 lors du premier tour de scrutin. Il se présente immédiatement à une élection partielle dans l'ancienne circonscription de Preston Manning à Calgary et remporte la victoire, devenant chef de l'opposition lors de son retour à la Chambre des communes, en mai 2002.
Interrogé sur la raison pour laquelle les provinces atlantiques n'avaient pas voté pour son parti, il répond que c'est parce qu'elles ont une culture de la défaite[38]. L'Assemblée législative de la Nouvelle-Écosse adopte à l'unanimité une motion condamnant ses commentaires. Le premier ministre du Nouveau-Brunswick Bernard Lord et le chef progressiste-conservateur fédéral Joe Clark les condamnent également. Harper ne s'excuse cependant pas de ses paroles, mais attribue les réactions à des attaques partisanes.
Le , dans un discours à la Chambre dont certaines parties étaient plagiées de son homologue australien[39], Harper presse le gouvernement Chrétien de se joindre aux États-Unis dans leur invasion de l'Iraq. Il interviendra au total 37 fois en Chambre des communes en faveur d'un engagement actif dans ce conflit[40]. En , lors d'un débat précédant le scrutin, il reconnaîtra finalement que cette guerre était une erreur[41].
Ses dix-huit premiers mois comme chef de l'opposition sont largement consacrés à la consolidation des éléments fracturés de l'Alliance canadienne, ainsi qu'à défier le gouvernement libéral et à encourager une union des forces alliancistes et progressistes-conservatrices. Le but de cette union était de présenter un seul parti de centre-droit aux prochaines élections fédérales, prévenant ainsi la division de l'électorat qui s'était produite dans le passé. Dans un discours intitulé « Rediscovering the Right Agenda », donné en à Civitas, une fondation privée, il expose les grandes lignes de son plan d'action. La pensée conservatrice serait divisée en deux grandes familles. L'une est dominée par des questions de fiscalité, de libre fonctionnement du marché et de retrait de l'État; l'autre est préoccupée par les questions sociales et religieuses, et facile à mobiliser dans la lutte contre l'avortement, l'euthanasie, le mariage gay et toute apparence de relativisme moral. La clé du pouvoir est de réussir à fusionner ces deux grandes tendances, en se plaçant au-dessus des différences religieuses[42].
À la suite de longues négociations, l'Alliance canadienne et le Parti Progressiste conservateur décident de fusionner en un nouveau parti nommé Parti conservateur du Canada. La nouvelle est annoncée le et ratifiée par les membres le . Le 2004, Harper annonce sa démission comme chef de l'opposition pour présenter sa candidature à la direction du Parti lors de l'assemblée de fondation tenue le . Il remporte la course facilement, avec une majorité lors du premier tour, contre Belinda Stronach et Tony Clement le .
Élections fédérales de 2004
Lors des élections fédérales de juin 2004, Harper est à la tête des conservateurs, tandis que Paul Martin remplace Jean Chrétien comme chef du gouvernement depuis le . Beaucoup considèrent que Harper a de bonnes chances de vaincre son adversaire, surtout après un rapport cinglant de la vérificatrice générale, Sheila Fraser, concernant le programme des commandites. En outre, Martin, qui est un bon gestionnaire de l'économie sous Chrétien, se révèle mauvais gardien des finances publiques dès lors qu'il est à la tête de l'État, accordant aux provinces deux fois plus d'argent en matière de soins de santé que ce qu'il avait d'abord promis[43], ce qui lui aliène une partie de l'électorat préoccupés par la fiscalité. D'autre part, la campagne conservatrice diffuse des messages trompeurs affirmant qu'il soutenait la pornographie infantile, afin de lui aliéner les conservateurs sociaux[44].
Paul Martin est cependant réélu avec un gouvernement minoritaire et 135 sièges, contre 99 pour les conservateurs, mais le Parti conservateur réussit à remporter des sièges en Ontario, alors que le Parti réformiste et l'Alliance canadienne n'étaient jamais parvenus à y faire des gains importants. Bien que ce dernier parti ait amélioré son score, par rapport aux 72 sièges qu'il détenait avant l'élection, il ne récolte que 29,6 % du vote populaire, moins que les 37,7 % que formaient les votes combinés obtenus par l'Alliance et les progressistes-conservateurs en 2000.
Le , Harper tient une rencontre privée à Montréal avec Gilles Duceppe, du Bloc québécois, et Jack Layton du NPD. Il les convainc de signer une lettre adressée à la gouverneure générale du Canada, Adrienne Clarkson, dans laquelle ils rappellent qu'ensemble, ces trois partis possèdent la majorité et que, « en cas de dissolution de la Chambre, elle aurait la possibilité, en vertu de la Constitution, de consulter les chefs des partis de l'opposition et d'étudier toutes les options avant de déclencher un scrutin[45]». Le même jour, ils tiennent une conférence de presse conjointe au cours de laquelle ils expriment leur volonté de modifier le fonctionnement du Parlement, de façon qu'il joue un rôle plus important dans les décisions politiques, en exigeant que les partis d'opposition soient également représentés en tant que président ou vice-président dans chacun des comités[46]. Ce projet de coalition reviendra hanter Harper en .
En même temps qu'il s'assure la bienveillance de ces chefs de parti et qu'il concentre les attaques contre Paul Martin en revenant constamment sur le scandale des commandites, il fait des ouvertures au Québec. Contrairement à son opposition antérieure à la reconnaissance du caractère distinct du Québec et à son insistance sur un traitement égal de toutes les provinces, il appuie dès lors le principe d'un « fédéralisme asymétrique » et signale de façon positive la contribution du Québec à la confédération canadienne[47]. Il multiplie les visites au Québec et se présente désormais comme partisan d'un « fédéralisme d'ouverture[48]. De plus, afin d'améliorer son image dans cette province, le Parti conservateur décide de tenir son premier congrès à Montréal, du 17 au , en prenant soin d'adopter des positions plus modérées. À cette fin, il supprime de sa plate-forme l'opposition à l'avortement et au bilinguisme. L'opposition au mariage entre personnes de même sexe est maintenue avec un vote de trois délégués sur quatre. Pour éviter une révolte de la base, le caucus conservateur approuve une motion affirmant le droit des députés de voter selon leur conscience sur l'avortement, la définition du mariage et l'euthanasie[49]. Harper reçoit un vote de confiance de 84 % des délégués.
En , à la suite du témoignage de Jean Brault devant la Commission Gomery, dévoilant des versements illégaux dans le scandale des commandites, plusieurs sondages placent les conservateurs bien en avance des libéraux. Devant l'écroulement du soutien au gouvernement et les controversés amendements budgétaires proposés par le NPD, le parti conservateur fait pression sur Harper pour qu'il fasse tomber le gouvernement. En mai, celui-ci annonce que le gouvernement n'a plus « l'autorité morale pour gouverner » et il s'engage à le faire tomber dès que possible. Le Bloc québécois appuie cette position, tandis que le NPD donne son appui au gouvernement en échange d'amendements au budget, qui remplaceraient les réductions de taxe aux entreprises par des dépenses nouvelles en programmes sociaux. L'influente députée conservatrice Belinda Stronach quitte le caucus conservateur pour passer au Parti libéral. Le vote du sur la deuxième lecture du budget passe avec l'appui des conservateurs ; toutefois, le projet de loi sur les amendements budgétaires du NPD reçoit 152 votes pour (libéraux, néo-démocrates et deux députés indépendants, dont Chuck Cadman) et 152 votes contre (conservateurs, bloquistes et un indépendant). Selon la tradition parlementaire, lorsqu'il y a égalité des voix, le président de la Chambre des communes doit voter pour trancher la question ; Peter Milliken vote en faveur des libéraux. Harper est sévèrement critiqué pour son échec. Il est aussi critiqué pour son appui au député conservateur Grumant Grewal, qui avait produit des cassettes contenant des enregistrements de conversations entre lui et Tim Murphy, chef du bureau du premier ministre, dans lesquels Grewal prétendait que Murphy lui avait offert un poste en échange de sa défection; il est apparu par la suite que les enregistrements avaient été truqués. Plusieurs années après ce vote, des rumeurs veulent que deux hauts responsables du Parti conservateur aient approché le député indépendant Chuck Cadman, qui souffrait d'un cancer en phase terminale, et lui auraient offert une police d'assurance-vie de un million de dollars en échange de son vote pour faire tomber le gouvernement. Si l'histoire était avérée, cette démarche serait passible de poursuites criminelles. Lorsqu'il avait été interrogé à ce sujet en 2005 par le journaliste Tom Zytaruk, Stephen Harper, alors chef de l'opposition, avait répondu « Je ne connais pas les détails. Je sais qu'il y a eu des discussions », ajoutant que « l'offre faite à Chuck visait seulement à le compenser au cas où il perdrait son poste à la suite d'une élection[50] ». La GRC a conclu à la suite de son enquête qu'il n'y avait pas matière à poursuite. Harper nie toute implication et entame une poursuite de 3,5 millions de dollars contre le Parti libéral du Canada pour avoir reproduit sur son site web des affirmations de type diffamatoire[51]. L'expert qui a examiné l'enregistrement contenant les propos de Harper conclut que la cassette n'avait pas été altérée[52].
Par ses mesures progressistes, Paul Martin contribue à fournir des armes à son adversaire. Il s'aliène une partie de l'électorat en instaurant un programme national de garderie. Cette mesure est décriée par les conservateurs fiscaux qui la considèrent comme coûteuse, tandis que les socio-conservateurs dénoncent l'intervention de l'État dans un domaine qu'ils confient plus volontiers à la mère au foyer. Harper promet de remplacer cette mesure par une allocation mensuelle de 100 $ par enfant de moins de 6 ans[53]. Surtout, la légalisation du mariage entre personnes du même sexe, le , galvanise la droite socio-conservatrice d'une façon inouïe, incitant même des télévangélistes vedettes américains à tourner leur attention vers le Canada[54].
Le soutien au Parti libéral continue aussi à s'éroder à la suite de nouvelles révélations en provenance de la Commission Gomery. Le , Harper introduit une motion de non-confiance. Jack Layton propose une motion interdisant que des soins de santé puissent être privatisés. Devant le refus du gouvernement, il propose une motion de non-confiance, qui est adoptée par un vote de 171 à 133. C'était la première fois qu'un gouvernement était défait au Canada sur une motion de non-confiance présentée par l'opposition. En conséquence, le Parlement a été dissous et une élection est convoquée pour le .
Élections fédérales de 2006
Après une longue campagne, Harper remporte l'élection face au premier ministre sortant Paul Martin. Toutefois, la lutte est serrée avec les libéraux, particulièrement dans les grandes villes, et il devient chef d'un gouvernement minoritaire avec 124 sièges contre 103 au PLC, 51 au Bloc et 29 au NPD.
Élections fédérales de 2008
La gouverneure générale Michaëlle Jean annonce la dissolution du Parlement le , à la demande du premier ministre Stephen Harper, alors chef d'un gouvernement minoritaire.
Les élections fédérales ont lieu le . Il s’agissait de la 40e élection fédérale canadienne. Les résultats donnent de nouveau un gouvernement minoritaire, avec 143 sièges aux conservateurs de Stephen Harper, contre 77 au PLC de Stéphane Dion, 49 au Bloc québécois de Gilles Duceppe, 37 au NPD de Jack Layton et 2 indépendants.
Élections fédérales de 2011
Le , le Parti libéral du Canada (PLC), accuse le gouvernement d'outrage au Parlement parce qu'il refuse de produire les documents sur les coûts qu'entraîneraient son projet de loi omnibus visant à augmenter le nombre de prisons, son programme d'achat d'avions militaires F-35 ainsi que les frais d'entretien qui en découleront, et les avantages fiscaux consentis aux entreprises[55]. La motion de censure présentée à la Chambre des communes est votée par les 156 députés de l'opposition, tandis que les 145 députés conservateurs votent contre[56], ce qui conduit à la chute du gouvernement et à la convocation d'une élection fédérale anticipée[57].
Lors de la campagne électorale, il promet une baisse d’impôts pour les entreprises, la suppression du financement public des partis politiques, des coupes dans les dépenses sociales pour réduire le déficit, l'assouplissement des restrictions sur les armes à feux, ou encore un durcissement du Code criminel[58]. Il bénéficie de l'appui du maire conservateur de Toronto, Rob Ford, dont la popularité lui vaut de nombreux sièges dans cette grande région[59]. Au terme du scrutin, le Parti conservateur remporte, pour la première fois depuis son accession au pouvoir, la majorité absolue à la Chambre avec 166 députés sur 308, tandis que l'opposition officielle passe du Parti libéral du Canada au Nouveau Parti démocratique, qui franchit la barre des 100 sièges.
Élections fédérales de 2015
Le , le Parti conservateur perd les élections au profit du Parti libéral qui obtient une forte majorité. Stephen Harper démissionne en tant que chef de son parti, mais reste au Parlement du Canada comme député[60]. Il démissionne de son siège de député en 2016 et se retire de la vie politique, fondant Harper & Associates Consulting Inc., société de conseil.