Boston
capitale de l'État du Massachusetts aux États-Unis / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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Boston (/bɔstɔ̃/[alpha 1] ou /bɔstɔn/[alpha 2] Écouter ; en anglais /ˈbɔstən/[alpha 3] Écouter) est la capitale et la plus grande ville de l'État du Massachusetts et de la région de Nouvelle-Angleterre, dans le nord-est des États-Unis. La ville compte 675 647 habitants selon le bureau du recensement fédéral de 2020[2], et la zone métropolitaine de Boston-Cambridge-Quincy en concentre environ 4 628 910, ce qui fait d'elle la dixième agglomération des États-Unis (après Atlanta).
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Boston | ||||
Sceau de Boston |
Drapeau de Boston |
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De haut en bas et de gauche à droite : district financier, rivière Charles, Bibliothèque John F. Kennedy, The First Church of Christ, Scientist et Newbury Street dans Back Bay. | ||||
Administration | ||||
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Pays | États-Unis | |||
État | Massachusetts | |||
Comté | Suffolk | |||
Type de localité | City | |||
Maire Mandat |
Michelle Wu (D) depuis 2021 |
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Code FIPS | 25-07000 | |||
GNIS | 0617565 | |||
Indicatif(s) téléphonique(s) local (locaux) | 617 et 857 | |||
Démographie | ||||
Population | 675 647 hab. (2020) | |||
Densité | 2 911 hab./km2 | |||
Population aire urbaine | 4 670 000 hab. (2014) | |||
Géographie | ||||
Coordonnées | 42° 21′ 37″ nord, 71° 03′ 28″ ouest | |||
Altitude | 43 m |
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Superficie | 23 210 ha = 232,1 km2 | |||
· dont terre | 125,43 km2 (54,04 %) | |||
· dont eau | 106,67 km2 (45,96 %) | |||
Fuseau horaire | EST (UTC-5) | |||
Divers | ||||
Fondation | 1630 | |||
Municipalité depuis | 1822 | |||
Devise | Sicut patribus sit Deus nobis[1]. | |||
Surnom | Bean town (« La ville des fêves »), The Hub of the Universe (« Le centre de l'univers »), The City of Higher Learning (« La ville de l'enseignement supérieur »), The Athens of America (« L'Athènes de l'Amérique »), Puritan City (« La ville puritaine ») |
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Localisation | ||||
Carte du comté de Suffolk. | ||||
Géolocalisation sur la carte : États-Unis
Géolocalisation sur la carte : États-Unis
Géolocalisation sur la carte : Massachusetts
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Liens | ||||
Site web | cityofboston.gov | |||
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Elle constitue le nord de la mégalopole du Nord-Est des États-Unis, communément appelée BosWash, qui s'étend de Boston à Washington en passant par New York. La ville est traversée par le fleuve Charles, un fleuve côtier qui se jette dans le Boston Harbor, un estuaire au fond de la baie du Massachusetts sur les bords duquel la ville s'est construite. Centre économique et culturel de la Nouvelle-Angleterre, Boston est connu pour l'excellence de ses universités, notamment l'université Harvard et le Massachusetts Institute of Technology (MIT), situés dans la ville voisine de Cambridge.
Boston est l'une des plus anciennes villes des États-Unis. Fondée en 1630 sur la péninsule de Shawmut, au fond du Boston Harbor, par des puritains anglais fuyant les persécutions religieuses de leur pays, elle s’est rapidement développée dès le XVIIe siècle : l'université Harvard est notamment fondée en 1636. La ville reprend le nom d'une petite ville du nord-est de l'Angleterre, et les Français l'appellent « Baston » pendant le XVIIe siècle. Vers 1750, elle compte 15 000 habitants et est alors la troisième ville la plus peuplée des Treize Colonies. Elle joue un rôle central durant la guerre d'indépendance américaine et est le témoin d'événements majeurs, tels que le massacre de Boston, le siège de Boston et la Boston Tea Party (1773). Au XIXe siècle, l'immigration italienne et irlandaise fournit une importante main d'œuvre aux usines textiles et au secteur portuaire. Au cours du XXe siècle, son économie se reconvertit vers la finance et les industries de haute technologie, bien que l'enseignement supérieur demeure le principal domaine économique.
Enfin, le paysage urbain de Boston ne ressemble pas aux autres villes américaines : son centre a gardé de nombreux édifices de l'époque coloniale, ses rues ne sont pas rectilignes et la cité réserve bien des axes aux piétons ou aux vélos. La ville est divisée en de nombreux quartiers. Back Bay et Beacon Hill sont des quartiers résidentiels huppés. Fenway Kenmore concentre les administrations et accueille le stade de baseball de la ville, le Fenway Park. Le centre de la ville se compose également de Downtown — un quartier mixte où se trouvent aussi bien des habitants au revenu modeste que le quartier d'affaires (en) — et de Chinatown. À l'image de New York, qui se trouve à 306 km au sud-ouest, Boston compte un vaste jardin public en plein cœur de l'agglomération : le Boston Common. Le Faneuil Hall est en outre l'un des bâtiments les plus visités du pays.
En 2015, Boston rejoint le mouvement Fab City, suivant l'appel lancé par le maire de Barcelone, Xavier Trias, à ce que toutes les villes du monde deviennent autosuffisantes pour 2054[3].
Avant l'arrivée des colons européens, les Amérindiens algonquins occupent la région de l'actuelle Boston. Fondée en 1630, la cité reprend le nom d’une ville anglaise du Lincolnshire (Nord-Est) dont sont originaires ses fondateurs anglais. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, elle se développe et s’enrichit grâce à son port, par les relations commerciales maritimes avec la Grande-Bretagne et les Antilles. Boston devient le chef-lieu de la colonie de la baie du Massachusetts. Elle s'impose aussi comme la capitale intellectuelle de la Nouvelle-Angleterre, notamment avec l'ouverture d'Harvard en 1636 et la naissance de plusieurs journaux. La culture bostonienne est alors très influencée par les valeurs du puritanisme et la théologie. Mais la cité acquiert également une réputation d’intolérance religieuse lorsqu'elle condamne Mary Dyer, une quaker en 1660. De même, le renversement du gouverneur Edmund Andros en 1689 est largement lié à ses politiques religieuses en faveur de l'Église d'Angleterre.
Vers 1750, Boston compte 15 000 habitants[4] ; elle est alors la troisième ville la plus peuplée des Treize Colonies. L'activité industrielle est florissante (la construction navale, la métallurgie, le textile, la pêche et la distillerie) et le trafic transatlantique est placé sous le monopole britannique. Le port exporte du bois, de la farine, de l'huile de baleine, de la viande et du poisson ; les marchands bostoniens reviennent des Antilles avec du sucre, du rhum, des mélasses et du tafia[5]. L'essor économique enrichit la bourgeoisie marchande qui contrôle les affaires de la cité.
Boston joue un rôle central avant et pendant la révolution américaine contre la Grande-Bretagne. Lorsque Londres impose une série de taxes et renforce sa présence militaire dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, les Bostoniens entrent en rébellion et réclament une représentation politique des colonies au Parlement du Royaume-Uni.
En 1770, le massacre de Boston alimente la rancœur des habitants. En 1773, ces derniers s'emparent de la cargaison de thé d’un navire britannique et la jettent par-dessus bord : cet épisode, appelé la Boston Tea Party (« Fête du Thé de Boston »), est l'un des événements les plus célèbres de la révolution américaine. L'année suivante, le gouvernement britannique fait bloquer le port et envoie des soldats.
La guerre d'indépendance commence en 1775 avec les batailles de Lexington et Concord qui se déroulent à une trentaine de kilomètres de Boston. Le s'engage la bataille de Bunker Hill (Charlestown) qui se solde par la défaite des résistants américains. En 1776, George Washington conquiert Boston, tenue jusqu’ici par les troupes du général britannique William Howe. Pendant cette période, Paul Revere, le fils d’un huguenot (son nom de naissance était Paul Rivoire), fait sa fameuse chevauchée. Boston est surnommée le berceau de la Liberté et plusieurs de ses sites historiques restent des attractions touristiques populaires à ce jour. La guerre se termine en 1783 par le traité de Versailles et la création des États-Unis. Le Massachusetts devient un État fédéré de l’Union en 1788 et son gouverneur siège à Boston.
Après la Guerre d’indépendance, comme New York, Baltimore et la capitale fédérale Philadelphie, Boston accueille l'une des 4 bourses rivales des États-Unis, même si Philadelphie puis New-York vont tirer leur épingle du jeu financier. Boston continue à se développer en même temps que le port de commerce international, exportant du rhum, du poisson, du sel et du tabac. Une charte lui octroie son autonomie municipale en 1822, et au cours des années 1850 Boston devient l’un des plus grands centres manufacturiers des États-Unis, célèbre pour la confection, l'industrie du cuir, la construction navale et la fabrication de machines. La guerre de Sécession stimule la production industrielle destinée au ravitaillement des troupes.
La ville reste longtemps dominée par de riches familles dont plusieurs sont toujours présentes à Boston. Leur généalogie remonte aux premiers colons et certaines sont surnommées les « brahmanes de Boston », en allusion au système de castes indien. À partir des années 1840, de nombreux immigrants européens arrivent à Boston, en particulier des Irlandais, qui fuient la Grande Famine. Ils sont employés dans l'industrie textile[6]. Avec les Italiens, ils forment une importante population catholique qui inquiète les WASPs.
Malgré la concurrence de New York, Boston reste un foyer intellectuel et culturel de premier ordre au XIXe siècle. La ville accueille de nombreux écrivains américains (Ralph Waldo Emerson, Nathaniel Hawthorne, Henry James, etc.). Elle finance les industries naissantes du Michigan, en particulier le cuivre, grâce à sa Bourse.
L'entre-deux-guerres est une période de crises pour la ville : en , une grande grève touche la police de Boston. Le , les anarchistes italiens Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti sont exécutés. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Boston reconvertit son économie pour les besoins de l'industrie de guerre. Mais après le conflit, l'économie connaît une récession, qui touche en particulier le secteur halieutique. Les usines ferment et les entreprises vont s'établir dans le Sud du pays où la main-d'œuvre est meilleur marché. Les quelques atouts de Boston, d'excellentes banques, ses hôpitaux, ses universités, son savoir-faire technique, comptent alors peu à l'échelle de l’économie du pays. La crise économique entraîne une crise sociale et urbaine.
Boston connaît un renouveau économique depuis les années 1970. À ce moment, l’importance des institutions financières dans l'économie américaine s'accroît, beaucoup de particuliers plaçant leur épargne en bourse et Boston se développe dans le secteur financier. Alors que le poids des dépenses de santé augmente aux États-Unis, de nombreux hôpitaux de la ville dégagent des bénéfices. Les universités attirent des dizaines de milliers d’étudiants et des fonds très importants sont investis par le gouvernement dans la recherche. L'agglomération devient le deuxième pôle américain pour les hautes technologies (informatique, biotechnologies), derrière la Silicon Valley californienne. La construction de nouveaux gratte-ciel dans le quartier des affaires témoigne du réveil économique de Boston.
Le , à 14 h 48 (heure locale), deux explosions ont lieu lors du marathon de Boston, près de la ligne d'arrivée, tuant trois personnes et en blessant près de 170 autres. Les explosions sont dues à deux bombes. Après une semaine de recherche par la police locale et le FBI, une des deux personnes suspectées, Tamerlane Tsarnaïev, un immigré tchétchène, est tué le . L'autre, Djokhar Tsarnaïev est arrêté par la police le dans la banlieue de Watertown.
Situation et site
Boston se situe dans le nord de la mégalopole du nord-est des États-Unis appelée BosWash. Elle est la ville la plus importante de la Nouvelle-Angleterre et se trouve sur la côte orientale de l'État du Massachusetts. Elle est entourée par les villes de Revere, Chelsea, Everett, Somerville, Cambridge, Watertown, Newton, et Quincy. Plusieurs autres villes en périphérie constituent le Grand Boston.
Boston a longtemps profité d'une situation très favorable sur la côte de l'océan Atlantique : plus proche de l'Europe occidentale que sa rivale New York, elle a développé son trafic maritime et son industrie jusqu'au XIXe siècle. La baie du Massachusetts offrait un abri en eaux profondes pour les navires et son site péninsulaire lui donnait une défense naturelle. La ville du XVIIe siècle s'étalait sur la péninsule de Shawmut, reliée au continent par un isthme. À l'ouest s’étendaient des marais envahis par la marée : de nos jours, cette partie correspond au quartier de Back Bay. Le centre de la Boston coloniale se trouvait autour de l'Old State House. Enfin, la ville était entourée à l'origine par trois collines, les Trimoutains, dont il ne reste aujourd’hui que celle de Beacon Hill ; les autres ont été rasées pour combler le port de Boston et le secteur de Back Bay. La physionomie de la ville a donc été considérablement transformée entre sa fondation et le XXe siècle (voir le paragraphe urbanisme plus bas). Tout comme San Francisco, Boston est aujourd'hui en grande partie implantée sur des terre-pleins artificiels qui ont fait disparaître son caractère péninsulaire.
Les deux cours d'eau de la Charles River et de la Mystic River permettent une communication facile avec l'intérieur des terres. Avec le percement du canal Érié au début du XIXe siècle, Boston perd son avantage au profit de New York. La croissance du trafic dans le bassin du Mississippi et des Grands Lacs éclipse également l'influence de Boston. Aujourd’hui, la rivière Charles sépare Boston de Cambridge et Charlestown. À l'est de la ville se trouvent le port de Boston et ses îles. La rivière Neponset délimite la frontière entre Boston et les villes voisines de Quincy et Milton, au sud-est. Plus du quart[7] du territoire de la ville est sous le niveau de la mer, qu'il s'agisse de la rivière Charles ou du quartier du port.
Climat
Le climat de Boston est à l’image de celui de la Nouvelle-Angleterre : il est tempéré de façade orientale, qui se caractérise par une amplitude thermique relativement importante (25 °C). La Nouvelle-Angleterre ne bénéficie pas du rôle de régulateur thermique de l’océan Atlantique, ni des effets du Gulf Stream.
D'après la classification de Köppen : la température moyenne du mois le plus froid est inférieure à 0 °C (janvier avec −1,5 °C) et celle du mois le plus chaud est supérieure à 10 °C (juillet avec 23,2 °C) donc c'est un climat continental. Les précipitations sont stables, donc il s'agit d'un climat continental froid sans saison sèche. L'été est chaud car la température moyenne du mois le plus chaud est supérieure à 22 °C (juillet avec 23,2 °C).
Donc le climat de Boston est classé comme Df dans la classification de Köppen, soit un climat continental humide avec été chaud.
La position de Boston expose la ville aux flux méridiens froids en hiver et chauds en été, qui apportent des perturbations. Le total annuel des précipitations, sous forme de pluie ou de neige, est de 1 054 mm. La région est assez régulièrement arrosée tout au long de l'année, avec un maximum des précipitations en mars. Les températures sont contrastées entre l'hiver et l’été, celui-ci se prolonge jusqu’en septembre et octobre : on désigne cette période par l’expression « été indien ». Lorsque les masses d’air tropical chaudes et humides remontent du golfe du Mexique, les Bostoniens connaissent alors des périodes de canicule, comme celle de l’été 2006. En leur temps, les colons anglais s'étaient trouvés désemparés lorsqu’ils virent leurs récoltes de céréales pourrir en juillet[8]. Les hivers sont quant à eux froids et venteux, les tempêtes de neige sont fréquentes : par exemple, le blizzard de février 2006 a paralysé les infrastructures de transport de toute la région.
Mois | jan. | fév. | mars | avril | mai | juin | jui. | août | sep. | oct. | nov. | déc. | année |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Température minimale moyenne (°C) | −5,4 | −4 | −0,4 | 4,8 | 10 | 15,3 | 18,6 | 18,2 | 14,2 | 8,1 | 3,3 | −2,1 | 6,7 |
Température moyenne (°C) | −1,5 | 0 | 3,7 | 9,1 | 14,6 | 20 | 23,2 | 22,4 | 18,4 | 12,4 | 7,2 | 1,7 | 10,9 |
Température maximale moyenne (°C) | 2,4 | 4 | 7,7 | 13,4 | 19,1 | 24,7 | 27,7 | 26,7 | 22,7 | 16,6 | 11,1 | 5,4 | 15,1 |
Ensoleillement (h) | 164,3 | 169,5 | 213,9 | 228 | 266,6 | 288 | 300,7 | 275,9 | 237 | 207,7 | 144 | 142,6 | 2 638,2 |
Précipitations (mm) | 85,3 | 82,6 | 109,7 | 95 | 88,4 | 93,5 | 87,1 | 83,6 | 87,4 | 100,1 | 101,3 | 96 | 1 110 |
Quartiers, paysage urbain et urbanisme
Tout au long de son histoire, l'urbanisme de Boston a connu d’importants bouleversements, liés à la croissance démographique et économique de la cité. Ces mutations peuvent être résumées en trois phases : poldérisation au XIXe siècle, suburbanisation et construction de gratte-ciel au XXe siècle. La capitale du Massachusetts a su préserver son patrimoine historique et s'adapter aux besoins de la modernité.
Boston est l'une des plus anciennes villes des États-Unis. Sa prospérité économique au XIXe siècle permet aux élites enrichies de se faire construire de belles demeures victoriennes à Beacon Hill. L'urbanisme des premières décennies du XIXe siècle est marqué par les réalisations de l'architecte Charles Bulfinch : celui-ci transforme la ville coloniale en une cité américaine moderne. Il dessine plusieurs maisons en briques, notamment à Louisburg Square, ainsi que le Capitole de l'État du Massachusetts, en style néo-classique. De nouvelles rues sont percées comme la « Commonwealth Avenue », large de 60 mètres[10].
Avec la croissance économique et l'immigration, la ville ne cesse de s'étendre : enserrée au nord d'une péninsule, la ville coloniale se trouve vite à l’étroit. Le comblement et l'assèchement des marécages tout au long du XIXe siècle permet d’aménager de nouveaux quartiers. À la fin du XIXe siècle, le quartier de Back Bay est complètement poldérisé ; la hauteur des maisons est limitée par une législation stricte. Entre 1630 et 1890, la superficie de Boston est multipliée par trois. La ville crée de nouveaux parcs et jardins publics : le Boston Common, acheté par la ville en 1634, est agrandi dans les années 1830. L'architecte-paysager Frederick Law Olmsted (1822-1903) conçoit plusieurs parcs, appelés le « collier d'émeraude ». Les magnats de l'industrie, de la finance et du commerce fondent les grandes institutions culturelles et sociales, ce qui entraîne le déplacement du centre de gravité de la ville vers l'ouest.
Tout au long du XIXe siècle, la ville se dote des infrastructures et des institutions d'une ville moderne : les premiers égouts sont aménagés à partir de 1823. Une police en uniforme est organisée en 1845. Le métro est mis en place en 1896, avant celui de New York et Chicago et fut ainsi le premier métro du continent américain. En 1910, l'achèvement d’un barrage crée le bassin de la Charles River, au nord-ouest. L’apparition de l'omnibus, du métro puis de l'automobile, entraîne un processus de périurbanisation. Une partie des classes moyennes quittent le centre pour s'installer en banlieue. Les quartiers dégradés sont laissés aux immigrants récents. L'étalement urbain s'accompagne de l’annexion de villes périphériques telles que Dorchester, Roxbury, West Roxbury, Brighton et Charlestown. Un organisme de coopération entre les municipalités de l'agglomération est mis en place : c’est la Metropolitan District Commission (1919).
Dans les années 1960, le code de l'urbanisme est modifié et autorise les tours de bureaux. Jusque-là, Boston n’avait aucun édifice très élevé, à part les bâtiments administratifs et les clochers des églises. Dès lors, l'allure de la skyline se transforme avec l’apparition de gratte-ciel. Le premier est la Prudential Tower (228 mètres, achevé en 1964). D’autres gratte-ciel sortent de terre dans les années 1970 : le One Boston Place (183 mètres), le 200 Clarendon Street (241 mètres) ou encore le Federal Reserve Bank Building (196 mètres). En 2006, 18 bâtiments dépassent les 150 mètres.
Aujourd'hui, le plan des rues présente des singularités par rapport à ceux des autres métropoles américaines : la configuration du site a entraîné l'élaboration d’un plan circulaire. À la différence des autres centres-villes du pays, le quartier des affaires n’est pas organisé selon un plan en damier. Le réseau des rues et des routes forme plutôt un plan radioconcentrique. Ce dessin accentue la centralité et provoque des embouteillages à l'intersection des principaux axes. La municipalité tente de pallier ces difficultés de circulation en faisant la promotion des moyens de transports en commun, mais aussi en perçant des tunnels comme le Big Dig. Une partie des activités industrielles et tertiaires se sont installées en périphérie et se sont implantées à proximité des échangeurs autoroutiers.
Historique des recensements | |||
Ann. | Pop. | %± | |
---|---|---|---|
1790 | 18 320 | — | |
1800 | 24 937 | ▲ +36,12 % | |
1810 | 33 787 | ▲ +35,49 % | |
1820 | 43 298 | ▲ +28,15 % | |
1830 | 61 392 | ▲ +41,79 % | |
1840 | 93 383 | ▲ +52,11 % | |
1850 | 136 881 | ▲ +46,58 % | |
1860 | 177 840 | ▲ +29,92 % | |
1870 | 250 526 | ▲ +40,87 % | |
1880 | 362 839 | ▲ +44,83 % | |
1890 | 448 477 | ▲ +23,6 % | |
1900 | 560 892 | ▲ +25,07 % | |
1910 | 670 585 | ▲ +19,56 % | |
1920 | 748 060 | ▲ +11,55 % | |
1930 | 781 188 | ▲ +4,43 % | |
1940 | 770 816 | ▼ −1,33 % | |
1950 | 801 444 | ▲ +3,97 % | |
1960 | 697 197 | ▼ −13,01 % | |
1970 | 641 071 | ▼ −8,05 % | |
1980 | 562 994 | ▼ −12,18 % | |
1990 | 574 283 | ▲ +2,01 % | |
2000 | 589 141 | ▲ +2,59 % | |
2010 | 617 594 | ▲ +4,83 % | |
2020 | 675 647 | ▲ +9,4 % | |
Bureau du recensement des États-Unis |
Au début du XVIIIe siècle, Boston était l'une des villes les plus peuplées des treize colonies britanniques. Malgré sa croissance démographique spectaculaire, elle n'a cessé de reculer dans le classement des villes américaines. Elle est notamment dépassée par New York dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle. En 1690, Boston compte 7 000 habitants, en 1770, environ 16 000[11]. Dans les années 1830, la population augmente de 52 %, grâce à l’immigration[12].
La crise des années 1950-1970 a fait partir une partie des Bostoniens. Mais depuis les années 1990, l’agglomération gagne à nouveau des habitants, notamment grâce aux rénovations urbaines, aux reconversions industrielles et à la gentrification. Le retournement de situation reste fragile car, entre 2000 et 2005, la ville de Boston a perdu 30 107 résidents[13]. Cependant, trois quartiers se distinguent par leur croissance démographique : il s'agit de Central Boston, East Boston et North Dorchester. Selon le dernier recensement pour l'année 2020, la ville de Boston comptait 675 647 habitants dans ses limites[2]. L’aire métropolitaine de Boston, soit un territoire allant jusqu’à Lawrence, Salem, Nashua et Worcester, compte aujourd’hui près de 6 millions d’habitants.
L'originalité de la ville vient de sa petite taille (232 km2) comparée à celle de villes américaines d'importance semblable. La densité y est relativement élevée (4 924 hab./km2 contre 3 400 hab./km2 à Washington, D.C. par exemple), ce qui la rapproche des villes européennes[alpha 4].
Selon le recensement fédéral de 2020, Boston est la 21e plus grande ville des États-Unis[14].
Répartition ethnique
Boston est devenue une ville cosmopolite au XIXe siècle. Elle est alors avec New York l'une des portes d’entrée aux États-Unis pour de nombreux Européens (Irlandais, Italiens, Allemands et Russes). Une partie des immigrants ne reste pas à Boston, comme le montre le film Horizons Lointains de Ron Howard : ils deviennent les pionniers de la conquête de l'Ouest. Après la Guerre de Sécession, de nombreux Noirs migrent vers les cités industrielles du Nord-Est des États-Unis. À Boston, ils s'établissent dans le quartier de Roxbury, au sud de la ville ainsi qu'à Mattapan et North Dorchester[15]. De nos jours, la part de la population afro-américaine est relativement importante : elle représente environ 1/4 des habitants. Les minorités de Latinos les plus nombreuses sont dans le quartier de Roxbury[15].
En 1900, près de la moitié des Bostoniens est d’origine irlandaise[10]. Aujourd’hui, les descendants d'Irlandais ne représentent plus que 16 % de la population[16] et se concentrent essentiellement dans le quartier de South Boston. La plus célèbre famille d'origine irlandaise, les Kennedy, vient d'ailleurs de l'agglomération de Boston.
Profil démographique | 1940[17] | 1970[17] | 1990[17] | 2013[18] |
---|---|---|---|---|
Euro-Américains | 96,7 % | 81,8 % | 62,8 % | 52,9 % |
—Blancs non-hispaniques | 96,6 % | 79,5 % | 59,0 % | 45,9 % |
Afro-Américains | 3,1 % | 16,3 % | 25,6 % | 24,1 % |
Hispaniques et Latino-Américains | 0,1 % | 2,8 % | 10,8 % | 18,8 % |
Asio-Américains | 0,2 % | 1,3 % | 5,3 % | 9,0 % |
Selon l'American Community Survey, en 2015, 62,31 % de la population âgée de plus de 5 ans déclare parler anglais à la maison, alors que 16,57 % déclare parler l'espagnol, 4,45 % une langue chinoise, 4,30 % un créole français, 1,79 % le vietnamien, 1,76 % le portugais, 1,17 % une langue africaine, 1,15 % le français, 0,88 le russe, 0,77 % l'arabe, 0,42 % l'italien, 0,59 % le coréen, 0,46 % le grec et 3,12 % une autre langue[19].
Disparités sociales
Le revenu moyen des ménages bostoniens s'élève à 55 183 $ en 2004[20] : il est inférieur à celui de San Francisco mais plus élevé que celui de New York. Les dépenses affectées au logement sont importantes, en partie à cause de la gentrification. Le taux de chômage s’établit à environ 5 %[21] et se situe dans la moyenne nationale. La part des actifs est supérieure à la moyenne de l'État et du pays. Boston souffre des mêmes maux que les autres villes-centres américaines : certains quartiers connaissent une grande pauvreté, en particulier dans la communauté afro-américaine de Roxbury. L'importante présence d'étudiants (Allston et Brighton) et de populations défavorisées peuvent expliquer en partie la relative faiblesse du revenu moyen par foyer.
Classe d’âge | Boston | Massachusetts | États-Unis |
---|---|---|---|
< 18 ans | 19,8 % | 23,6 % | 21 % |
18-65 ans | 69,8 % | 62,9 % | 66,4 % |
> 65 ans | 10,4 % | 13,5 % | 12,6 % |
Groupe | Boston | Massachusetts | États-Unis |
---|---|---|---|
Blancs | 54,5 % | 84,5 % | 77,2 % |
Noirs | 25,3 % | 5,4 % | 12,9 % |
Asiatiques | 7,5 % | 3,8 % | 4,2 % |
Amérindiens | 0,4 % | 0,2 % | 1,5 % |
Autres | 12,3 % | 6,1 % | 4,2 % |
Indicateur | Boston | Massachusetts | États-Unis |
---|---|---|---|
Niveau secondaire[24] | 78,9 % | 84,8 % | 80,4 % |
Baccaulauréat[alpha 7] | 35,6 % | 33 % | 24,4 % |
Pauvres[alpha 8] | 19,5 % | 9,3 % | 12,4 % |
Taux de chômage | 4,6 % | 3 % | 3,7 % |
Revenu moyen par foyer | 39 629 $ | 50 502 $ | 41 994 $ |