Chadli Bendjedid
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Chadli Bendjedid شاذلي بن جديد | |
Portait officiel de Chadli Bendjedid, en . | |
Fonctions | |
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Président de la République algérienne démocratique et populaire | |
– (12 ans, 11 mois et 2 jours) |
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Élection | 7 février 1979 |
Réélection | 13 janvier 1984 22 décembre 1988 |
Premier ministre | Mohamed Abdelghani Abdelhamid Brahimi |
Chef du gouvernement | Kasdi Merbah Mouloud Hamrouche Sid Ahmed Ghozali |
Prédécesseur | Rabah Bitat (chef de l'État, intérim) Houari Boumédiène |
Successeur | Mohamed Boudiaf (président du Haut Comité d'État) |
Président du Front de libération nationale | |
– (2 ans, 6 mois et 23 jours) |
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Secrétaire général | Abdelhamid Mehri |
Prédécesseur | Poste créé |
Successeur | Abdelaziz Bouteflika (indirectement, président d'honneur) |
Secrétaire général du Front de libération nationale | |
– (9 ans, 9 mois et 28 jours) |
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Prédécesseur | Mohamed Salah Yahiaoui (intérim) Ahmed Ben Bella (indirectement) |
Successeur | Abdelhamid Mehri |
Ministre algérien de la Défense | |
– (8 ans, 6 mois et 3 jours) |
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Gouvernement | Brahimi I et II Merbah Hamrouche |
Prédécesseur | Lui-même |
Successeur | Khaled Nezzar |
– (1 an, 4 mois et 7 jours) |
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Gouvernement | Abdelghani I |
Prédécesseur | Houari Boumédiène |
Successeur | Lui-même |
Membre du Conseil de la Révolution | |
– (13 ans et 7 mois) |
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Président | Houari Boumédiène |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Bouteldja (Algérie) |
Date de décès | |
Lieu de décès | Alger (Algérie) |
Nationalité | Algérienne |
Parti politique | Front de libération nationale (FLN) |
Conjoint | Halima Bourokba |
Entourage | Abdelhamid Mehri (gendre)[1] |
Profession | Militaire Écrivain |
Résidence | Palais d'El Mouradia, Alger |
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Présidents de la République algérienne démocratique et populaire |
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Chadli Bendjedid | |
Origine | Algérie |
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Allégeance | Armée de libération nationale Armée nationale populaire (Algérie) |
Grade | Colonel |
Commandement | Chef maquisard de la base de l'est Chef de la 5e région militaire Chef de la 2e région militaire |
Conflits | Guerre d'Algérie |
Autres fonctions | Homme politique, homme d'État |
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Chadli Bendjedid (en arabe : شاذلي بن جديد), né le à Bouteldja dans l'actuelle wilaya d'El Tarf, et mort le à Alger[2], est un militaire et homme d'État algérien, président de la République de 1979 à 1992.
Militaire de carrière, membre du conseil de la Révolution de à , désigné secrétaire général du FLN en janvier 1979, à l’issue du 4e congrès, puis candidat à l’élection présidentielle[3]. Il fut élu président de la République algérienne démocratique et populaire, le , réélu deux fois après en 1984 et 1989. Il cumulera treize ans d’exercice du pouvoir en tant que président jusqu'à sa démission le . Concentrant les pouvoirs, il fut aussi ministre de la Défense du au ainsi que secrétaire général du parti unique, le Front de libération nationale (FLN), durant ses trois mandats consécutifs.
Il est présenté aussi comme étant le père de l'initiative démocratique en Algérie à partir de 1989, il met fin au système du parti unique en engageant le pays dans le multipartisme, libère l'expression politique de la répression de la police politique, met fin aux mesures de restriction de quitter le territoire national. Autre mesure libérale, il instaure une allocation touristique en devises aux Algériens désirant voyager à l’étranger.
Il engage un virage libéral sur les questions économiques et conservateur en matière sociétale, avec notamment l'adoption en 1984 d'un nouveau code de la famille jugé nettement rétrograde pour les droits des femmes[4].
Il meurt le 6 octobre 2012 à Alger des suites d'un cancer à l'âge de 83 ans.
Biographie
Guerre d'Algérie
Chadli Bendjedid rejoint le Front de libération nationale (FLN) en 1955, durant la Guerre d'Algérie, de 1954 à 1962, au sein duquel il exerce plusieurs fonctions et responsabilités. Il est ainsi chef de bataillon puis chef d'un sous-groupement de 6 000 hommes. En mission pour le compte de l'État-major du colonel Houari Boumédiène, il est fait prisonnier en juillet 1962 par le commandement ALN de la wilaya II (Nord Constantinois), dirigé alors par le colonel Salah Boubnider dit « Sawt el-Arab », le 5 juillet 1962, date de la proclamation de l'indépendance de l'Algérie.
Vie privée
Il a été marié à Halima. Son fils Toufik est impliqué dans de gros scandales financiers.
Carrière militaire
À l’indépendance de l'Algérie en 1962, Chadli Bendjedid est nommé commandant de la région militaire de Constantine jusqu'en 1964. Il prend ensuite en charge la seconde région militaire, celle d'Oran, de 1964 à 1978, où il a la mission de permettre l'évacuation des forces militaires françaises stationnées à Mers el-Kébir conformément aux Accords d'Évian et la surveillance de la frontière entre l'Algérie et le Maroc sujette à de multiples tensions avec le Maroc. Il reste à ce poste pendant quinze années, jusqu'à sa nomination à Alger par le colonel Houari Boumédiène comme coordonnateur de l'ensemble des services de sécurité.
Houari Boumédiène nomme Chadli Bendjedid, membre du Conseil de la Révolution à la suite du coup d'État du 19 juin 1965. Il conserve ce poste jusqu'à la mort de Boumédiène.
Chadli Bendjedid est promu au grade de colonel en 1969. Il accède à la présidence de la République, de par son grade le plus élevé et parce qu'il est le plus ancien dans la hiérarchie militaire. Son accession au pouvoir a été facilitée par un conclave de militaires[5]. Il devient alors secrétaire général du FLN le 31 janvier 1979[6].
Présidence
Premier mandat
Chadli Bendjedid, élu le 7 février 1979, avec 99,40 % des suffrages lors de l'élection présidentielle de 1979 et devient le 3e président de l'Algérie. Il est le seul candidat, sous les couleurs du Front de libération nationale (FLN), toutes les autres formations politiques étant interdites depuis 1962[7].
En 1980, il fait libérer le premier président de la République, Ahmed Ben Bella, emprisonné par Boumediène depuis le coup d'État de 1965. Il n'existe pas de liberté de la presse, ni de syndicalisme indépendant : un seul journal est autorisé El Moudjahid , de même qu'un seul syndicat[7].
Durant sa présidence, certains haut-gradés de l'état major prennent de l'importance dans le paysage politique algérien, parmi eux on peut citer Larbi Belkheir, Khaled Nezzar, Mohamed Lamari et Mohammed Touati qui seront, pour un temps, des personnalités influentes pendant les années de crise de l'ère post-Bendjedid.
Il a été le père de l’affaiblissement volontaire des appareils répressifs de l’État. Affaiblissant le pouvoir de la DGSN (Sureté nationale), qui était aussi important s'agissant de mœurs, de civisme et de sureté publique que celui de la Sécurité militaire dans son rôle de police politique et garant de la sécurité nationale ; la Sécurité Militaire qui se verra d'ailleurs divisée en trois entités distinctes durant sa présidence, amoindrissant ainsi le pouvoir de cette structure.
De 1980 à 1984, Chadli Bendjedid met en œuvre un plan quinquennal qui donne la priorité à l'agriculture, à l'hydraulique et à l'habitat[7]. il rompt petit à petit avec le monopole de l'État instauré par son prédécesseur, Houari Boumedienne. La corruption est cependant omniprésente, notamment lorsqu'il s'agit d'autoriser des sociétés étrangères à s'établir sur le territoire algérien[7].
En 1980, le printemps berbère remet en cause la vision d'une Algérie uniquement arabophone et culturellement arabe[8],[9]. Les Berbères revendiquent la reconnaissance par l’État algérien de leur culture et de leur langue[10] . Chadli choisit de réprimer ce mouvement.
Deuxième mandat
Le 12 janvier 1984, Chadli Bendjedid est réélu président avec 99,42 % des suffrages lors de l'élection présidentielle. Il est le seul candidat, sous la couleur du Front de libération nationale (FLN).
Sur le plan économico-social, il réalise d'importantes infrastructures ; routes, barrages, logements, le Mémorial du Martyr, etc. bien que deux des six projets de zones industrielles engagés pendant l'ère Boumediène aient été annulés. Il favorise les importations au détriment du développement local ; beaucoup de secteurs productifs se sont effondrés. La chute des prix du pétrole à partir de 1986 mettra fin à cette politique socio-économique.
En diplomatie, il nomme Mohamed Seddik Benyahia en tant que ministre des affaires étrangères, avec comme objectif la mise en œuvre d'un dispositif pour rééquilibrer les relations extérieures de l'Algérie, notamment en matière d'armement. Ainsi, les États-Unis vont être au centre de cette nouvelle politique. Il sera même le premier président de l'Algérie à se rendre en visite officielle aux États-Unis (du temps du président Reagan), les relations avec ce pays ne cesseront de se renforcer, notamment depuis le rôle qu'avait joué l'Algérie dans le dénouement de la prise d'otages américains à Téhéran (Iran). Après les événements d'octobre 1988, ce lien sera quelque peu affaibli ; incitant ainsi le gouvernement à engager le pays dans une nouvelle expérience politique – « la voie démocratique ».
Du 4 au 10 octobre 1988, ont lieu de violentes manifestations, durement réprimées. Plusieurs centaines de personnes meurent au cours de ces événements[11]. Le 6 octobre, le président déclare l'état de siège. Le 10 octobre, Chadli Bendjedid annonce son intention d'amender la Constitution de 1976. Cette première brèche est suivie, le 23 octobre, par la publication d'un projet de réformes politiques qui, en théorie, remet en cause le monopole de l'organisation et de l'expression politique organisée par le FLN.
Le 28 novembre 1988, il devient président du FLN[12]. Il le reste jusqu'en juin 1991[13].
Troisième mandat
Le 22 décembre 1988, il est réélu pour une troisième fois à la tête de l'État, avec 93,26 % des suffrages lors de l'élection présidentielle. Il est le seul et unique candidat, et ce pour le parti du Front de libération nationale. Il prête serment le 27 décembre suivant.
Le 23 février 1989, il fait approuver la troisième constitution instaurant le multipartisme par un référendum. Il est ainsi mis un terme à 26 ans de monopole du Front de libération nationale (FLN) : de nouveaux partis sont créés ou légalisés en septembre 1989, la presse jouit de davantage de liberté tandis que la direction militaire se retire des instances du FLN[14]. De nombreuses associations voient le jour[10].
Le 25 mai 1991, le Front islamique du salut (FIS) appelle à une grève générale illimitée et multiplie les marches de protestation et occupations des places de la capitale jusqu'à la première intervention, le 2 juin, des brigades anti-émeutes. Le 5 juin 1991 il annonce la proclamation de l'état de siège pour une durée de quatre mois sur l’ensemble du territoire. Le 26 décembre 1991, le Front islamique du salut (FIS) remporte 188 des 430 sièges de l’Assemblée populaire nationale (APN) lors du premier tour des élections législatives et il est bien placé pour remporter la majorité absolue de 216 sièges au second tour le 16 janvier[15].
Dissolution de l'Assemblée populaire nationale (APN) sortante et démission
Le 4 janvier 1992, il dissout l’Assemblée populaire nationale (APN) sortante[16], le 11 janvier 1992, il remet sa démission au président du Conseil constitutionnel Abdelmalek Benhabylès [16]. Le Haut conseil de sécurité (HCS) annule les législatives le 12 janvier 1992.
Après la présidence
Après les événements de janvier 1992, il est assigné à résidence jusqu'en 1999[17].
Devant le danger latent des islamistes et la montée de l'extrémisme, les généraux janviéristes, qu'il a lui-même placés, décident d'interrompre le processus électoral qui a permis au FIS de gagner aux élections législatives. Cette opération a entraîné un début d'affrontements violents entre islamistes du FIS et l'armée qui mèneront le pays à la guerre civile, qui durera dix ans.
L'approche politique dégagée avec son chef du gouvernement Mouloud Hamrouche, tient toujours : les développements politiques de la crise algérienne au lendemain de l'annulation du second tour des élections législatives de janvier 1992, confirment la tendance voulue par le tandem Chadli-Hamrouche pour la construction d'une "autre" Algérie ouverte et moderne...[évasif]
Il est le seul et unique maquisard à avoir exercé de hautes responsabilités sans discontinuer de février 1955 à janvier 1992 : chef maquisard de la base de l'est, chef de la 5e région militaire, chef de la 2e région militaire regroupant les plus importantes forces de l'ANP, coordinateur des services de sécurité, et président de la République.
Le tome 1 de ses mémoires sont publiées à titre posthume aux éditions Casbah, en 2013: Mémoires; Tome 1: 1929-1979 qui traite de la première partie de sa vie avant de devenir président de l'Algérie[18].
Mort
Au début de l'année 2012, il est hospitalisé à Paris pour un cancer[19]. Admis dans le service de réanimation à l'hôpital militaire d'Aïn Naadja, à Alger, le 3 octobre 2012, il souffre d'un cancer du rein assez avancé, en plus d'une insuffisance rénale[20]. Sa mort est annoncée le à l'âge de 83 ans[21]. Un deuil national de huit jours est alors décrété[22].
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