Inde
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L'Inde (en anglais : India), historiquement et constitutionnellement aussi appelé le Bharat (en hindi : भारत / Bhārat) et en forme longue la république de l'Inde[6] (en hindi : भारत गणराज्य / Bhārat Gaṇarājya ; en anglais : Republic of India), est un pays d'Asie du Sud occupant la majeure partie du sous-continent indien. Sa capitale est New Delhi. Il est le pays le plus peuplé au monde ainsi que le septième pays le plus étendu au monde.
Pour les articles homonymes, voir Inde (homonymie), Sous-continent indien et Plaque indienne.
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Drapeau de l'Inde |
Emblème de l'Inde |
Devise | en sanskrit : सत्यमेव जयते (Satyameva jayate, « Seule la vérité triomphe ») |
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Hymne |
en hindi : Jana Gana Mana (« Tu es le souverain de toutes les âmes ») |
Fête nationale |
15 août 26 janvier 2 octobre |
· Événement commémoré |
Indépendance du pays vis-à-vis du Royaume-Uni (1947) Entrée en vigueur de la Constitution de l'Inde (1950) Anniversaire de Mohandas Karamchand Gandhi |
Forme de l'État | République fédérale et parlementaire |
---|---|
Présidente | Droupadi Murmu |
Vice-président | Jagdeep Dhankhar |
Premier ministre | Narendra Modi |
Parlement | Parlement |
Chambre haute Chambre basse |
Rajya Sabha Lok Sabha |
Langues officielles |
Hindi (langue officielle du gouvernement central) Anglais (langue officielle associée) Et 22 langues régionales (dont le français)[Note 1] |
Capitale | New Delhi |
Plus grande ville | Mumbai (Bombay) |
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Superficie totale |
3 287 263 km2 (classé 7e) |
Superficie en eau | 9,5 % |
Fuseau horaire | UTC + 5:30 |
Entités précédentes | |
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Indépendance | Royaume-Uni |
Date République |
|
Gentilé | Indien, Indienne |
---|---|
Population totale ([1]) |
1 428 627 663 hab. (classé 1er) |
Densité | 435 hab./km2 |
PIB nominal (2022) |
3 534,743 milliards de $ + 11,22 %[2] (5e/62) |
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PIB (PPA) (2022) |
11 745,260 milliards de $ + 14,93 %[2] (3e/62) |
PIB nominal par hab. (2022) |
2 515,435 $ + 10,18 % (145e) |
PIB (PPA) par hab. (2022) |
8 358,299 $ + 13,85 % (125e) |
Dette publique brute (2022) |
Nominale : 233 023,855 milliards de ₹ + 13,59 % Relative : 86,902 % du PIB + 0,16 % |
Monnaie |
Roupie indienne (INR ) |
IDH (2021) | 0,633[3] (moyen ; 132e) |
---|---|
IDHI (2021) | 0,475[3] (108e) |
Coefficient de Gini (2019) | 35,7 %[4] |
Indice d'inégalité de genre (2021) | 0,490[3] (122e) |
Indice de performance environnementale (2022) | 18,9[5] (180e) |
Le littoral indien s'étend sur plus de sept mille kilomètres. Le pays a des frontières communes avec le Pakistan au nord-ouest, la Chine au nord et à l'est-nord-est, le Népal au nord-est, le Bhoutan, le Bangladesh et la Birmanie à l'est-nord-est. Sur l'océan Indien, l'Inde est à proximité des Maldives au sud-sud-ouest, du Sri Lanka au sud et de l'Indonésie au sud-est. L'Inde revendique également une frontière avec l'Afghanistan au nord-ouest. L'Inde dispose de l'arme nucléaire depuis 1974 après avoir fait des essais nucléaires officiels.
L'Inde est un foyer de civilisations parmi les plus anciennes du monde, la civilisation de la vallée de l'Indus s'y est développée dès . Le sous-continent indien a abrité de vastes empires et est présent sur les routes commerciales dès l'Antiquité. L'Inde est la terre de naissance de quatre religions majeures — l'hindouisme, le jaïnisme, le bouddhisme et le sikhisme — alors que le zoroastrisme, le christianisme et l'islam s'y sont implantés durant le Ier millénaire.
L'hindouisme y est la religion majoritaire avec environ 80 % de fidèles. L'Inde est le troisième pays ayant la communauté musulmane la plus importante.
L'Inde est aujourd'hui un pays très divers sur le plan religieux, linguistique et culturel.
Le pays a été progressivement annexé par la Compagnie anglaise des Indes avant de passer sous le contrôle du Royaume-Uni au XIXe siècle. L'Inde devient indépendante en 1947 après une lutte marquée par la résistance non-violente de Mohandas Karamchand Gandhi et plusieurs autres. Le pays est depuis 1950 une république parlementaire fédérale considérée comme la démocratie la plus peuplée au monde.
En 2017, l'économie indienne est la septième du monde en PIB nominal et la troisième en PIB à parité de pouvoir d'achat. Elle passe au cinquième rang mondial en 2023 en PIB nominal[7]. L'Inde, pays à forte croissance économique, est considérée comme un nouveau pays industrialisé. Cependant certains problèmes comme la pauvreté, l'analphabétisme ou la corruption restent très importants. Les inégalités de revenus sont en augmentation. En 2016, les 10 % les plus riches disposaient de 55 % des revenus nationaux[8]. L'Inde est passée de la 140e à la 177e place entre 2016 et 2018 sur l'Indice de performance environnementale réalisé par des chercheurs des universités de Yale et de Columbia. L'étude souligne en particulier la détérioration « alarmante » de la qualité de l'air[9]. En juin 2022, l'Inde se classe dernière de ce classement, à la 180e place[10].
Selon l’Oxford English Dictionary (troisième édition 2009), le nom « Inde » est dérivé du latin classique India, une référence à l'Asie du Sud et à une région incertaine à l'est. À son tour, le nom « Inde » dérive successivement du grecque hellénistique Ἰνδία/India, du grec ancien Ἰνδός/Indos et du vieux perse hindoush (une province orientale de l' empire achéménide) et finalement de son apparenté, le sanskrit sindhu « rivière », en particulier le fleuve Indus et, par implication, son bassin sud largement habité[11] [12]. Les anciens Grecs appelaient les Indiens Indoi ( Ἰνδοί ), ce qui se traduit par « le peuple de l'Indus »[13].
Le terme Bhārat (भारत / Bhārat), mentionné à la fois dans la poésie épique indienne et dans la Constitution de l'Inde[14][15] est utilisé dans ses variations par de nombreuses langues indiennes. Une interprétation moderne du nom historique Bharatavarsha, qui s'appliquait à l'origine à l'Inde du Nord[16],[17], Bharat, a gagné en popularité à partir du milieu du XIXe siècle en tant que nom indigène de l'Inde[14] [18].
Hindoustan est un nom moyen persan désignant l'Inde, devenu populaire au XIIIe siècle[19], largement utilisé depuis l'époque de l'Empire moghol. La signification de l'« Hindoustan » varie, faisant référence à une région englobant le Nord de l'Inde et le Pakistan actuels ou à l'Inde dans sa quasi-intégralité[14],[18],[20].
L'Inde a un climat de mousson, tropical semi-aride et chaud[21]. Il y a quatre saisons en Inde[22] :
- la saison fraîche (de décembre à février) où les températures sont les plus froides de l'année (d'où le nom « fraîche »), et où les températures varient entre 25 °C et 28 °C au nord et entre 30 °C et 33 °C au sud ;
- la saison sèche (de mars à juin) où les températures sont les plus chaudes, et où on atteint en moyenne jusqu'à 43 °C au nord et jusqu'à 48 °C au sud où le record de chaleur est de 54 °C ;
- la saison des pluies (juillet-août) où il pleut durant toute la saison avec des averses d'eau chaude, les températures variant entre 28 °C et 31 °C au nord et pouvant néanmoins atteindre jusqu'à 35 °C au sud ;
- la saison de mousson (de septembre à novembre)[23]. Cette saison représente la saison la plus douce de l'année où les températures sont similaires à celles de la saison des pluies. Le temps est très nuageux et non pluvieux.
Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat relève que la mousson indienne s'est considérablement affaiblie en quelques décennies, probablement en raison du réchauffement de l'océan Indien. Selon Harjeet Singh, chargé des questions climatiques chez ActionAid, l'Inde est particulièrement vulnérable à l'élévation du niveau de la mer et des millions de personnes pourraient être déplacées au cours des prochaines décennies[24]'[25].
Antiquité
Les plus anciennes traces humaines trouvées en Asie du Sud remontent à environ 30 000 ans[27]. Autour de 7000 av. J.-C., la première installation néolithique apparaît sur le sous-continent à Mehrgarh et dans d'autres sites dans l'ouest du Pakistan[28]. Ceux-ci se développent pour former la civilisation de la vallée de l'Indus, la première culture urbaine de l'Asie du Sud[27] qui existe entre 2500 et 1900 av. J.-C. au Pakistan et dans l'ouest de l'Inde[28]. Centrée autour de villes comme Mohenjo-daro, Harappa, Dholavira, et Kalibangan, et reposant sur différents moyens de subsistance, la civilisation s'engage dans la production artisanale et le commerce à grande échelle[27].
De 2000 à 500 av. J.-C., en termes de culture, beaucoup de régions du sous-continent passent de l' âge du cuivre à l'âge du fer[27]. Les Veda, les plus vieux textes de l'hindouisme[27], sont, selon certaines hypothèses, composés pendant cette période et les historiens les ont analysés pour en déduire l'existence d'une culture védique au Pendjab et dans la haute plaine du Gange[27]. La plupart des historiens considèrent cette période comme celle de plusieurs vagues de migrations indo-aryennes vers le sous-continent depuis le nord-ouest[27]. Le système des castes, qui crée une hiérarchie entre les prêtres, les guerriers et les paysans libres, mais exclut les indigènes en déclarant leurs occupations impures, serait apparu à cette période. Sur le plateau du Deccan, des preuves archéologiques suggèrent l'existence d'une organisation politique fondée sur les chefferies[27]. Dans l'Inde du Sud, une progression de la vie sédentaire est indiquée par le nombre de monuments mégalithiques pendant cette période ainsi que par des traces d'agriculture, de bassins d'irrigation et de traditions d'artisanat[27].
À la fin de la période védique, vers le Ve siècle av. J.-C., les petites chefferies des plaines du Gange et du nord-ouest se consolident autour de seize oligarchies et monarchies importantes connues comme les Mahajanapadas[27]. Le développement de l'urbanisation et des orthodoxies religieuses pendant cette période est à l'origine des mouvements de réforme religieuse que sont le bouddhisme et le jaïnisme qui deviennent tous deux des religions indépendantes. Le bouddhisme, fondé sur les enseignements de Siddhartha Gautama attire des fidèles de toutes les classes sociales et les chroniques de la vie de Bouddha sont centrales dans les débuts de l'histoire écrite de l'Inde. Le jaïnisme devient important durant la même période, lors de la vie de Mahāvīra[27]. Alors que dans cette période, la richesse urbaine augmente, ces deux religions font de la renonciation un idéal[27] et toutes deux établissent des monastères[27]. Politiquement, au cours du IIIe siècle av. J.-C., le royaume de Magadha annexe ou réduit d'autres États pour devenir l'Empire maurya[27]. On a longtemps pensé que l'empire contrôlait la totalité du sous-continent à l'exception de l'extrême sud, mais il apparaît que ses régions les plus importantes étaient probablement séparées par de grandes zones autonomes. Les rois maurya sont connus pour la construction de leur empire et pour leur gestion de la vie publique, notamment Ashoka qui renonce au militarisme et propage le dharma bouddhique[27].
La littérature sangam en tamoul révèle qu'entre 200 av. J.-C. et 200 apr. J.-C., le sud de la péninsule est contrôlé par les Chera, les Chola et les Pandya, qui commercent avec l'Empire romain, l'ouest et le sud-est de l'Asie[27]. Dans le nord de l'Inde, l'hindouisme développe le contrôle patriarcal de la famille[27]. Au cours des IVe et Ve siècles, l'Empire Gupta crée dans la plaine du Gange un système complexe d'administration et de taxation qui devient un modèle pour les royaumes suivants[27]. Sous les Gupta, l'hindouisme connaît les débuts d’un renouveau, reposant sur la dévotion plutôt que les rituels. Celui-ci s'exprime dans la sculpture (en) et l'architecture[27]. La littérature sanskrite se développe, les sciences, l'astronomie, la médecine et les mathématiques font d'importantes avancées[27].
Moyen Âge indien
La première partie du Moyen Âge indien, entre 600 et 1200, se caractérise par des royaumes régionaux et une grande diversité culturelle. Quand Harsha de Kânnauj, qui contrôle la majeure partie de la plaine du Gange de 606 à 647, essaye d'étendre son royaume vers le sud, il est défait par la dynastie Chalukya qui contrôle le Deccan. Quand son successeur entreprend de conquérir l'est, il est défait par l'Empire Pala du Bengale. Quand les Chalukya eux-mêmes tentent de s'étendre au sud, ils sont défaits par les Pallava, qui à leur tour s'opposent aux Pandya et aux Chola plus au sud. Aucun dirigeant de cette époque n'est capable de créer un empire et de contrôler des territoires au-delà du cœur de son royaume. Dans le même temps, les peuples pastoraux, dont les terres sont utilisées pour la croissante économie agricole, sont intégrés dans la société de castes, à la suite de quoi le système des castes commence à voir émerger des différences régionales.
Aux VIe et VIIe siècles, les premiers hymnes de dévotion sont créés en tamoul. Ils sont imités à travers toute l'Inde et provoquent une résurgence de l'hindouisme et le développement des langues modernes du sous-continent. Les rois indiens et les temples qu'ils financent attirent des fidèles en grand nombre. Des villes de pèlerinage de tailles diverses apparaissent un peu partout et l'Inde s'urbanise à nouveau. Au cours des VIIIe et IXe siècles, la culture et le système politique indiens se répandent en Asie du Sud-Est, dans ce qui est aujourd'hui la Thaïlande, le Laos, le Cambodge, la Malaisie et Java. Des marchands indiens, des érudits et parfois les armées sont impliqués dans cette expansion alors que dans le même temps des envoyés d'Asie du Sud-Est séjournent en Inde et traduisent les textes bouddhistes et hindous dans leurs langues.
Après le Xe siècle, les clans nomades musulmans d'Asie centrale, avec leur cavalerie et leurs vastes armées, pénètrent régulièrement dans les plaines du nord-ouest, ce qui aboutit en 1206 à la création du Sultanat de Delhi. Le Sultanat réussit à contrôler la majorité de l'Inde du Nord et à pénétrer dans le Sud. Cette invasion est d'abord perturbante pour les élites locales, cependant le Sultanat s'accommode de sa population majoritairement non-musulmane et en préserve les lois et traditions[29],[30]. En repoussant les raids mongols au XIIIe siècle, le Sultanat protège l'Inde des dévastations connues dans l'ouest et le centre de l'Asie. Pendant des siècles, des soldats, érudits, mystiques, commerçants, artistes et artisans de ces régions trouvent refuge dans le sous-continent, contribuant à l'émergence d'une culture indo-islamique syncrétique dans le nord[29]. L'affaiblissement des royaumes du sud par le Sultanat permet l'émergence de l'Empire de Vijayanagara[29]. Adoptant une forte tradition shivaïte et apprenant des traditions militaires du Sultanat, l'empire parvient à contrôler la majorité de l'Inde péninsulaire[30] et influence fortement la culture du sud de l'Inde[29].
Débuts de l'Inde moderne
Au début du XVIe siècle, l'Inde du Nord tombe aux mains d'une nouvelle génération de guerriers d'Asie centrale. L'Empire moghol qui en résulte ne supprime pas la société locale mais, au contraire, l'équilibre et la pacifie par de nouvelles pratiques administratives[29] et l'émergence d'une nouvelle élite diverse et inclusive[30], amenant à un gouvernement plus systématiquement centralisé et uniformisé[29]. Cela n'empêche pas l'Empire moghol de s'en prendre à piller des lieux sacrés du bouddhisme et à imposer l'islam dans certaines régions. Le commerce avec l'Occident se développe via Anvers, première place financière mondiale, qui fait transiter vers l'Inde les métaux précieux de l'Amérique.
Grâce aux liens tribaux et à l'identité islamique, spécialement sous Akbar, les Moghols unifient leur État par la loyauté, exprimée par une culture personnifiée, à un empereur au statut quasiment divin[30]. L'Empire moghol tire la plupart de ses revenus de l'agriculture[29] et ordonne que les impôts soient payés dans une monnaie d'argent bien régulée, permettant aux paysans et artisans de pénétrer des marchés plus importants[29]. La paix relative maintenue par l'empire durant presque tout le XVIIe siècle est un facteur d'expansion économique pour l'Inde[29] et voit émerger des nouvelles formes de peinture, de littérature, de textiles et d'architecture[29]. Des groupes sociaux cohérents émergent alors dans le nord et l'ouest de l'Inde, comme les Marathas, les Rajputs et les Sikhs[30]. Le commerce s'étend sous le règne moghol et permet la création de nouvelles élites commerciales et politiques le long des côtes sud et est de l'Inde[30].
Quand l'empire moghol commence à se désagréger, beaucoup parmi ces élites parviennent à prendre contrôle de leurs propres affaires[29].
Période coloniale
Au début du XVIIIe siècle, les clivages entre la domination commerciale et la domination politique disparaissent et des compagnies de commerce européennes, notamment la Compagnie britannique des Indes orientales, établissent des comptoirs sur les côtes[29],[30]. Le contrôle de la Compagnie anglaise sur les mers, ses importantes ressources et son avance militaire et technologique lui permettent de prendre le contrôle du Bengale en 1765 et de mettre sur la touche les autres compagnies européennes[29],[30]. En aggravant par de lourdes taxes la famine au Bengale, qui cause, en raison de mauvaises récoltes de riz et d'un conflit armé avec les pouvoirs locaux[31], de sept millions à dix millions de morts, cette compagnie traverse une profonde crise dès 1772. Ses actions chutent à Londres et Amsterdam. Plusieurs de ses actionnaires sont en faillite, comme l'Ayr Bank et la Banque Clifford[32].
Au cours des années 1820, la Compagnie s'appuie sur les richesses du Bengale pour accroître la puissance de son armée et annexe ou domine la majeure partie de l'Inde[30]. Cette domination marque le début de la période coloniale : l'Inde cesse d'exporter des biens manufacturés et devient un fournisseur de matières premières pour l'Empire britannique[29]. Dans le même temps, les pouvoirs économiques de la Compagnie sont réduits et celle-ci s'engage de plus en plus dans des domaines non-économiques, comme l'éducation, les réformes sociales et la culture[29].
La nomination en 1848 de James Broun-Ramsay comme Gouverneur général de la Compagnie des Indes orientales marque le début d'un certain nombre de réformes de modernisation de l'État. Parmi ces changements, des avancées technologiques comme les chemins de fer, les canaux et le télégraphe, qui sont introduits en Inde peu de temps après l'Europe[30]. Entre 1840 et 1860, l'Angleterre multiplie par huit ses importations de coton indien : 463 000 balles contre 56 923[33], mais avec des inconvénients: elle a introduit le coton américain en Inde, avec ses maladies végétales, et parasites, comme le ver de la capsule. De plus, le coton américain (Gossypium hirsutum) exige beaucoup plus d’eau et d’intrants que le coton indien (Gossypium herbaceum), et il épuise les sols plus vite.
Cependant, le mécontentement envers la Compagnie grandit pendant cette période et aboutit à la Rébellion indienne de 1857. Nourrie par divers ressentiments, notamment par les réformes sociales des Britanniques, de dures taxes foncières et les traitements sommaires des propriétaires et des princes, la rébellion traverse de nombreuses régions du nord et du centre de l'Inde et menace la domination de la Compagnie[30]. Matée en 1858, la rébellion conduit à la dissolution de la Compagnie et à l'administration directe de l'Inde par la couronne britannique. Proclamant un État unitaire et un système parlementaire limité, le nouveau régime protège les princes et l'aristocratie comme garde-fou féodal contre de futures rébellions[30]. Dans les décennies qui suivent, une vie publique commence à émerger et, en 1885, est créé le Congrès national indien[30]. Un peu plus tard, la terrible Famine en Inde de 1866 décime près d'un million de personnes.
Les avancées technologiques et la commercialisation de l'agriculture dans la seconde moitié du XIXe siècle sont marquées par des problèmes économiques - de nombreux petits paysans étant devenus dépendants de marchés lointains. De plus, alors que les activités industrielles permettent l'enrichissement d'une bourgeoisie indienne, la masse populaire continue d'utiliser des techniques agricoles stationnaires. Les féodaux tels les zamindar négligent les travaux productifs comme l'irrigation. Ainsi, l'Inde reste le pays des famines parce que certaines années les pluies font défaut. En 1877, dans la grande famine du Dekkan, cinq millions d'individus trouvent la mort[34].
Le nombre de famines de grande échelle augmente et peu d'emplois industriels sont créés. Cependant, l'agriculture commerciale, notamment au Pendjab nouvellement irrigué par des canaux, conduit à une augmentation de la nourriture pour la consommation interne[30]. Le réseau de chemins de fer est essentiel dans la lutte contre les famines[30], réduit les coûts des transports de biens[30] et aide à la naissance d'une industrie indienne[30].
Entre les années 1870 et 1890, près de trente millions d'Indiens meurent de famines successives. Le degré de responsabilité de l’administration coloniale britannique est sujet à controverses entre historiens, D'après l'historien Niall Ferguson, « il y a des preuves claires d'incompétence, de négligence et d'indifférence au sort des affamés », mais pas de responsabilité directe, l’administration coloniale étant simplement restée passive. Au contraire pour le journaliste Johann Hari : « Loin de ne rien faire pendant la famine, les Britanniques ont fait beaucoup - pour empirer les choses. Les autorités auraient en effet continué d'encourager les exportations vers la métropole sans s’inquiéter des millions de morts sur le sol indien »[35]. L'historien et activiste politique Mike Davis soutient également l'idée que « Londres mangeait le pain de l'Inde » pendant la famine. En outre, le vice-roi Robert Lytton fait interdire de porter assistance aux personnes affamées, parfois décrites comme « indolentes » ou « incompétentes pour le travail ». Les journaux des régions épargnées par la famine reçoivent l'instruction d'en parler le moins possible. D'après Mike Davis, Lord Lytton aurait été guidé par l'idée qu'en « s'en tenant à l'économie libérale, il aidait obscurément le peuple indien »[35].
Après la Première Guerre mondiale, dans laquelle un million d'Indiens servent, une nouvelle période commence, marquée par des réformes des Britanniques mais également par une législation répressive et des appels répétés pour l'autodétermination et les débuts du mouvement non-violent de non-coopération dont le Mahatma Gandhi devient le leader et le symbole[30]. Ce mouvement aboutit dans les années 1930 à quelques réformes législatives et le Congrès gagne les élections qui en résultent[30]. Mais la décennie qui suit est marquée par les crises : le gouvernement colonial engage l'Inde dans la Seconde Guerre mondiale, le Congrès pousse plus en avant la non-coopération alors que le nationalisme musulman s'intensifie.
Le mouvement pour l'Indépendance aboutit le . Mais le pays subit une partition sanglante et le sous-continent est divisé en deux États : l'Inde et le Pakistan[30]. La période coloniale représente pour l'Inde un fort déclin économique, en comparaison du reste du monde : d'après les statistiques réalisées par l’historien britannique Angus Maddison, la part de l'Inde dans la richesse mondiale est tombée de 22,6 % en 1700 à 3,8 % en 1952[36].
Les 5 comptoirs français des Indes, ne seront restitués à l'Inde qu'en 1954 de facto, et officiellement qu'en 1962 (ratification par l'Assemblée nationale du traité de 1956).
Cette période coloniale a un impact sur la production artistique de l'Inde[37].
Inde indépendante
Après avoir été une monarchie constitutionnelle pendant trois ans, la constitution de l'Inde entre en vigueur en 1950, elle fait alors du pays une république parlementaire fédérale et démocratique[30]. Depuis, l'Inde est demeurée une démocratie, la plus peuplée du monde : les libertés civiles sont protégées et la presse est largement indépendante[30]. La libéralisation économique commencée dans les années 1990 a permis la création d'une large classe moyenne urbaine et a fait de l'Inde l'un des pays au taux de croissance le plus élevé au monde. Le cinéma, la musique et les spiritualités d'Inde jouent un rôle de plus en plus important dans la culture globale[30]. Cependant l'Inde est toujours touchée par une importante pauvreté urbaine et rurale[30], par des conflits et violences religieuses ou de caste[30], par les rébellions des naxalites et des séparatistes au Jammu-et-Cachemire[30]. Des conflits opposent toujours l'Inde avec la Chine et le Pakistan au sujet des frontières. Ces conflits ont abouti à la guerre sino-indienne de 1962 et à trois guerres indo-pakistanaises en 1947, 1965 et 1971[30].
Avec un corps électoral de 814 millions d'électeurs[38], l'Inde est souvent présentée comme « la plus grande démocratie du monde[39] ».
De 1947 à 1950, l'Inde était une monarchie constitutionnelle. En 1950, trois ans après l'Indépendance, la constitution a fait du pays une république parlementaire fédérale dans laquelle le pouvoir est partagé entre le gouvernement central et les États et territoires.
Institutions
Gouvernement central
Promulgué le , la Constitution crée la « république d'Inde » et la dote d'institutions inspirées du parlementarisme britannique.
Le Président de l'Inde est le chef de l'État, mais ses pouvoirs sont avant tout symboliques. Avec le Vice-président, il est élu au suffrage indirect pour un mandat de cinq ans.
L'essentiel du pouvoir exécutif est dans les mains du Premier ministre et du Conseil des ministres de l'Inde. Celui-ci est responsable devant la Lok Sabha (« Chambre du peuple »), élue tous les cinq ans au suffrage universel direct. Le Parlement comprend également la Rajya Sabha (« Chambre des États »), une chambre haute élue au suffrage indirect et renouvelée par tiers tous les deux ans.
La Cour suprême de l'Inde est la plus haute juridiction du pays. Elle est à la fois tribunal fédéral, cour d'appel et cour constitutionnelle. Au fil des ans, la Cour s'est dotée d'un très important pouvoir de contrôle de constitutionnalité des lois et même des amendements à la Constitution. Elle dispose également de pouvoirs particuliers pour remédier aux atteintes aux droits de l'homme. Ses membres sont nommés par le Président de l'Inde.
États et territoires
Après l'Indépendance, les États ont été organisés sur la base des anciennes provinces et États princiers qui existaient pendant le Raj britannique. En 1956 est adopté le States Reorganisation Act, qui réorganise les États selon des bases linguistiques. Cette politique se poursuit dans les années qui suivent par la création de nouveaux États pour atteindre le chiffre actuel de 28.
Dans chaque État, le pouvoir exécutif est détenu par un gouverneur nommé par le Président de l'Inde, et dont le pouvoir est surtout symbolique, et un ministre en chef responsable devant la législature de l'État. Celle-ci comprend une Vidhan Sabha (Assemblée législative) et, pour sept États plus importants, un Vidhan Parishad (Conseil législatif). En cas d'instabilité dans un État, le gouvernement central peut imposer le President's rule : les institutions représentatives de l'État se voient retirer leurs pouvoirs au profit du Gouverneur, normalement pour un temps limité.
Les gouverneurs sont nommés pour cinq ans par le Président à la tête des vingt-huit États composant le pays. À l'opposé du Président de l'Inde qui doit concilier son pouvoir avec le Vidhan Sabha, les gouverneurs ont un pouvoir constitutionnel beaucoup plus indépendant. En fait on pourrait dire que les gouverneurs sont les Présidents constitutionnels des États de l'Inde en marge des véritables dirigeants indiens[40].
Les territoires de l'Union sont au nombre de huit. À la différence des États, ils sont directement gouvernés par l'État central. Toutefois, trois d'entre eux, Delhi, Pondichéry et le Jammu-et-Cachemire, ont obtenu le droit d'élire leur propre Vidhan Sabha et Conseil des Ministres.
Le fédéralisme est un important facteur de stabilité en Inde. Les gouvernements des États possèdent de vastes compétences notamment en ce qui concerne la fourniture et la répartition de prestations publiques de base et de subventions et le pourvoi de postes dans la fonction publique. C'est ce qui explique en grande partie le fait que lors des élections au niveau des États, les électeurs portent souvent leur préférence sur des partis bien ancrés au niveau régional[41]. La cohésion d'un pays d'une telle diversité ethnique, religieuse et linguistique et présentant du fait de la tradition de tels clivages sociaux ne peut être assurée que dans le cadre d'un système démocratique laissant suffisamment d'autonomie aux États de l'Union, plus homogènes[42].
Panchayat raj
Depuis 1992, un amendement à la Constitution de l'Inde oblige tous les États à mettre en place des panchayats. Tous les cinq ans dans chaque village, est élu au suffrage universel un gram panchayat présidé par un sarpanch. Ces institutions sont chargées de l'administration locale et de préparer les plans de développement économique et pour la justice sociale.
En fonction de leur nombre d'habitants, les villes sont administrées par un nagar panchayat (conseil municipal), nagar palika (municipalité) ou nagar nigam (corporation municipale) élu tous les cinq ans au suffrage universel.
Pour ces institutions locales, un système de quotas existe afin d'assurer la représentation des femmes, des Dalits (intouchables) et des Adivasis (aborigènes).
Contexte politique
Dans les années qui suivent l'Indépendance, le Congrès national indien, le parti du Mahatma Gandhi et de Jawaharlal Nehru (premier Premier ministre de 1947 à sa mort en 1964) domine largement le paysage politique. En 1975, Indira Gandhi, la fille de Nehru, devenue Première ministre en 1966 et impliquée dans des scandales de fraudes électorales, déclare l'état d'urgence et suspend les libertés fondamentales et les élections. À la fin de l'état d'urgence, le Congrès perd les élections de 1977 au profit d'une coalition d'opposition : c'est la première fois que le Congrès se retrouve dans l'opposition.
Depuis, le paysage politique indien se caractérise par la montée progressive de partis régionaux, contraignant les principaux partis à s'engager dans des coalitions parfois instables. En 1999, le Bharatiya Janata Party (BJP, droite nationaliste), devenu au fil des années 1990, le principal opposant au Congrès, parvient à former un gouvernement de coalition qui, pour la première fois, se maintient au pouvoir jusqu'au terme de son mandat de cinq ans. Cependant, en 2004, le Congrès remporte les élections et forme l'Alliance progressiste unie. Cette coalition est largement défaite par le BJP en 2014 et Narendra Modi devient Premier ministre et conserve son poste après les élections de 2019, qui voient le BJP accroître sa majorité.
Depuis le 25 juillet 2022, la présidente de l'Inde, poste aux fonctions essentiellement protocolaires, est Droupadi Murmu.