Irak
État du Moyen-Orient, situé au nord de la péninsule arabique / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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L’Irak[N 1] ou l'Iraq, en forme longue la république d'Irak[N 2], est un pays du Proche-Orient, situé au nord de la péninsule arabique. L’Irak est parfois appelé « le pays des deux fleuves » en arabe (بلاد الرافدين / bilād ar-rāfidayn), en référence au Tigre et à l'Euphrate. Bagdad en est la capitale et la plus grande ville.
République d'Irak
(ar) جمهورية العراق / jumhūriyyatu l-ʿirāq
(ku) كۆماری عێراق / Komarê ʿIraq
Drapeau de l'Irak |
Armoiries de l'Irak |
Devise | en arabe : الله أكبر (« Dieu est le plus grand ») |
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Hymne |
en arabe : موطني (Mawtini, « Mon pays ») |
Forme de l'État | République fédérale parlementaire |
---|---|
Président | Abdel Latif Rachid |
Premier ministre | Mohammed Chia al-Soudani |
Parlement | Conseil des représentants |
Langues officielles | Arabe et kurde |
Capitale | Bagdad |
Plus grande ville | Bagdad |
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Superficie totale |
435 052 km2 (classé 57e) |
Superficie en eau | Négligeable |
Fuseau horaire | UTC +3 |
Entité précédente | |
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Indépendance | Royaume-Uni |
Date |
Gentilé |
Irakien Iraquien[1] |
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Population totale (2020[2]) |
38 872 655 hab. (classé 36e) |
Densité | 89 hab./km2 |
PIB nominal (2022) |
297,341 milliards de $ + 41,92 %[3] |
---|---|
PIB (PPA) (2022) |
512,926 milliards de $ + 16,39 %[3] |
PIB nominal par hab. (2022) |
7 038,242 $ + 38,32 %[4] |
PIB (PPA) par hab. (2022) |
12 141,299 $ + 13,44 %[4] |
Dette publique brute (2022) |
Nominale 151 079,556 milliards de IQD - 16,20 % Relative 35,042 % du PIB - 40,95 % |
Monnaie |
Dinar irakien (IQD ) |
IDH (2021) | 0,686[5] (moyen ; 121e) |
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IDHI (2021) | 0,554[5] (93e) |
Coefficient de Gini (2012) | 29,5 %[6] |
Indice d'inégalité de genre (2021) | 0,558[5] (145e) |
Indice de performance environnementale (2022) | 27,8[7] (169e) |
Code ISO 3166-1 |
IRQ, IQ |
---|---|
Domaine Internet | .iq |
Indicatif téléphonique | +964 |
Organisations internationales | ONU OPEPFPEG (observateur) |
D’une superficie de 435 052 km2, cet État a pour voisin la Turquie au nord, l’Iran à l'est, le Koweït au sud-est, l’Arabie saoudite au sud-sud-ouest, la Jordanie à l'extrême ouest et la Syrie au nord-ouest. L’Irak détient les quatrièmes plus grandes réserves de pétrole, et il est membre de l’OPEP.
L’Irak actuel couvre une grande partie de la Mésopotamie, berceau de grandes civilisations parmi les plus anciennes. C’est sur les berges du Tigre, passant par Bagdad, que l’écriture est née, il y a 5 000 ans. Aux époques achéménide, parthe et sassanide, le territoire de l’Irak (l'empire sémite de Babylone) est intégré à l’Empire perse, formant, peu avant sa conquête et son peuplement par les Arabes (au IIe siècle av. J.-C. par les Arabes de Characène et au IIIe siècle par la tribu des Banu Lakhm) et son islamisation au VIIe siècle, la province sassanide du Khvarvaran.
Ce territoire fit longtemps partie de l’Empire ottoman. Il fut occupé par le Royaume-Uni après la Première Guerre mondiale, puis placé sous un régime de mandat de la Société des Nations. Durant la période du mandat britannique de Mésopotamie, l’occupant britannique fit face en 1920 à une violente insurrection. Proclamé en 1921, le royaume d'Irak obtint sa pleine indépendance en 1932. La monarchie dure jusqu'en 1958, puis plusieurs gouvernements se succèdent par des coups d'État, l’Irak oscillant entre les influences antagonistes occidentales et anti-occidentales dans le contexte de la guerre froide. Le parti Baas prend de plus en plus d’importance et permet l’arrivée au pouvoir de Saddam Hussein en 1979.
Depuis, l’Irak a connu trois guerres meurtrières, des répressions sanglantes (dont celles des Kurdes et des chiites) et plus de dix ans d’embargo. Son régime, fondé à la fin des années 1960 par le Baas, a été aboli par l’invasion de la coalition menée par les États-Unis en 2003. Ce régime, en dépit de son caractère dictatorial présent dans la majorité des États du Moyen-Orient, semble avoir été populaire chez la plupart des sunnites, traditionnellement nationalistes, mais minoritaires au sein de la population irakienne. Depuis l’invasion américaine, l’Irak a été de facto sous tutelle de la coalition internationale, les Kurdes ont obtenu l’autonomie d’une région au nord du pays, la laïcité a disparu et la politique a été dominée par les affrontements intercommunautaires, ponctués de nombreux attentats et cause de l’émigration des minorités chrétiennes et juives.
Le gouvernement est actuellement dirigé par Mohammed Chia al-Soudani, à la tête d'une coalition dominée par les partis chiites. Dans un effort de répartition des rôles entre les trois principales communautés, l'exécutif est partagé entre trois personnes : le président Abdel Latif Rachid est kurde sunnite, le Premier ministre est chiite, et le président du parlement arabe sunnite. Chacune de ces têtes est entourée de deux adjoints, appartenant aux deux autres communautés. On note l'influence déterminante de deux personnalités religieuses issues de la communauté chiite : l’ayatollah Ali al-Sistani et Moqtada al-Sadr.
Le terme « Irak » viendrait de l'arabe 'araqa, qui signifie « fertile » ou « bien arrosé », faisant probablement référence à la fertilité des terres de la Mésopotamie[8].
Le terme Sawad a également été utilisé au début de l’époque islamique pour désigner la région de la plaine alluviale du Tigre et de l’Euphrate, la contrastant avec le désert aride d’Arabie.
En arabe, le mot Irak (عراق) peut signifier « rivage », « rive » ou « bord », de sorte que le nom, par étymologie populaire, en est venu à être interprété comme « l’escarpement », faisant référence à la position de la région appelée « al-'Iraq 'Arabi » qui est située au sud et à l’est du plateau de la Jazira[9].
Le nom pourrait aussi être influencé par le terme sumérien Uruk[8], l'une des plus puissantes cités de l'ancienne civilisation mésopotamienne.
En perse, ērāg signifie « basse terre ». Le mot ērāg signifie « Iran bas » ou « bas Iran » en opposition avec une région iranienne qui se trouve dans le nord de l'Iran (à l'époque antique, situé dans le nord-ouest de l'Iran), près de Téhéran : Arak, qui signifie Iran Centre, tout en considérant que ce centre se situe dans le nord-ouest de l'Iran dans l'Antiquité[10].
En français deux graphies sont correctes pour ce pays :
- Iraq, utilisé par l’ISO, l’ONU, l'OIT[11], l'Union européenne[12], et le Code officiel géographique (français)[13]. Iraq est « recommandé » en France par l'arrêté français du relatif à la terminologie des noms d'États et de capitales[14]. Le dictionnaire de l'Académie française, quant à lui, privilégie la forme Iraq, et son gentilé, iraquien ;
- Irak, utilisé par la diplomatie irakienne, la diplomatie française (Irak est « recommandé » à ses agents par le ministère des Affaires étrangères et européennes[15], la diplomatie suisse[16] et l'IGN[17]).
L'Irak se situe entre les latitudes 29° et 38° N et les longitudes 39° et 49° E (une petite zone se trouve à l'ouest de 39°). S'étendant sur 437 072 km2, c'est le 58e plus grand pays du monde.
L'Irak a un littoral mesurant 58 km sur le nord du golfe Persique. Deux grands fleuves, le Tigre et l'Euphrate, coulent vers le sud à travers l'Irak et dans le Chatt-el-Arab, puis le golfe Persique. Flanquant cet estuaire se trouvent des marais, semi-agricoles. Beaucoup ont été drainés dans les années 1990. Entre les deux fleuves principaux se trouvent des plaines alluviales fertiles, car les fleuves transportent environ 60 000 000 m3 de limon annuellement au delta. La partie centrale du sud, qui s'amincit légèrement au profit des autres pays, est couverte d'une végétation naturelle marécageuse mélangée à des rizières et elle est humide, par rapport au reste des plaines.
L'Irak occupe l'extrémité nord-ouest de la chaîne de montagnes Zagros et la partie orientale du désert syrien.
Les déserts rocheux couvrent environ 40 % de l'Irak. 30 % du territoire est montagneux avec des hivers très froids. Le nord du pays est majoritairement composé de montagnes ; le point culminant étant à 3 611 m, connu localement sous le nom de Cheekah Dar (tente noire).
L'Irak abrite sept écorégions terrestres : la steppe forestière des monts Zagros, la steppe du Moyen-Orient, les marais mésopotamiens, les forêts de conifères, de sclérophylles et de feuillus de la Méditerranée orientale, le désert d'Arabie, le désert d'arbustes mésopotamiens et le désert et le semi-désert nubo-sindien du sud de l'Iran.
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De l'Antiquité à l'époque moderne
Période sumérienne
L’Irak est un des berceaux de la civilisation. La période historique en Irak commence réellement à partir de la période d'Uruk (4000 av. J.-C. à 3100 av. J.-C.), avec la fondation d’un certain nombre de villes sumériennes et l’utilisation de pictogrammes, de sceaux-cylindres et la productions de diverses marchandises[18].
Au IVe millénaire av. J.-C., la civilisation mésopotamienne est la civilisation qui a inventé le plus ancien système d’écriture connu, le cunéiforme.
Les Sumériens dominent la Mésopotamie jusqu’à la montée en puissance de l’Empire d'Akkad (2335-2124 av. J.-C.), basé autour de la ville d’Akkad dans le centre de l’Irak. Sargon d’Akkad, le fondateur de l’empire, mène la conquête de toutes les cités-États du sud et du centre de l’Irak, subjuguant les rois d’Assyrie et unissant ainsi les Sumériens et les Akkadiens dans un seul État.
Période babylonienne
À partir du IIe millénaire av. J.-C., les Amorrites de langue cananéenne ont commencé à migrer vers le sud de la Mésopotamie et à y établir de petits royaumes ainsi qu’à usurper les trônes des cités-États existantes telles que Isin, Larsa et Eshnunna. En 1792 av. J.-C., Hammurabi, un roi amorrite de Babylone entrepris la conquête de Sumer, d'Akkad, d’Élam ainsi que de l'Assyrie, créant le premier empire babylonien.
Après sa prise par les Hittites en 1595 av. J.-C., Babylone passa sous l'autorité d'une dynastie d'origine kassite qui stabilisa le royaume pendant environ quatre siècles. Cette période vit le début de la rivalité avec le royaume voisin situé au nord, l'Assyrie, qui marqua les siècles suivants. Après une longue période d'instabilité entre 1100 et 800 av. J.-C., la Babylonie passa sous la coupe de l'Empire néo-Assyrien pendant plus d'un siècle (728-626 av. J.-C.), avant d'initier une réaction qui aboutit à la destruction de l'Assyrie et à la formation de l'Empire néo-babylonien (626-539 av. J.-C.) par les rois Nabopolassar et Nabuchodonosor II.
Cette période marque le sommet de la puissance babylonienne et le retour de la prospérité économique en Mésopotamie, caractérisée par le développement de l'économie agricole et un dynamisme culturel important, sous les auspices des souverains. C'est durant cette période que Babylone devient une vaste cité disposant de plusieurs monuments passés à la postérité (ses murailles, ses palais, sa ziggurat et ses jardins suspendus)[19].
En 586 avant l'ère commune, Nabuchodonosor II, souverain de Babylone, y déporte, après la prise de Jérusalem, 20 000 Juifs [réf. nécessaire] qui forment le noyau de la plus vieille diaspora juive au monde.
Perses et Lakhmides
Les vallées du Tigre et de l’Euphrate appartiennent ensuite à une succession d'empires : empires achéménide (qui apportent le zoroastrisme, religion encore présente dans certaines provinces), grec (à travers les conquêtes d’Alexandre le Grand), sassanide, Omeyyade, Abbasside.
À l’époque pré-islamique, cette région est divisé entre l'empire sassanide d'un côté, qui domine le Khvarvaran, et le royaume arabe Lakhmide de l'autre, fondé par la tribu des Banu Lakhm qui a émigré du Yémen au IIe siècle et dont la capitale décorée de palais et de châteaux, Al-Hîra, sur la rive droite de l'Euphrate, est un important centre de la culture arabe, de la poésie arabe et du christianisme[20].
Les Lakhmides ont eu une grande influence politique, religieuse et culturelle dans la région et sont restés influents jusqu'au Ve siècle. Le roi al-Nuʿman I (390-418), appelé al-Aʿwar (Le Borgne) était réputé pour être un roi bâtisseur[21]. Ce dernier avait notamment fait construire deux palais près d'Al-Hira, le Khawarnaq et le Sadir, qui étaient considérés à l'époque médiévale comme des « merveilles du monde »[22]. Son fils, al-Mundhir I (418-462), est célèbre pour avoir combattu les Byzantins et joué un rôle important dans les affaires politiques internes sassanides[21]. Le prince sassanide Vahram V avait été élevé à la cour d'Al-Ḥira par al-Mundhir I[23],[24], où il apprit le droit, le tir à l’arc et les arts équestres[25]. Après l'assassinat de son frère aîné Chapour, Vahram V s'est emparé du trône sassanide face à Khosro l'Usurpateur et aux grands de Perse grâce à l’aide des Lakhmides[21],[23],[24].
Al-Hira fut un centre majeur de piété et d’apprentissage chrétiens nestoriens dans le centre de l’Irak[21] avec ses évêques, ses nombreuses églises et monastères et sa célèbre population alphabétisée de chrétiens arabes, les ʿIbād[26]. Les ʿIbād (arabe : عِباد), furent un groupe arabe chrétien nestorien aux origines tribales diverses (principalement Tamīm, Rabīʿa et Muḍar, Azd, Iyād et Lakhm)[27]. Ces derniers ont joué un rôle important dans le développement des sciences[26]. En tant que siège d’un évêché pour les chrétiens nestoriens, Al-Hira exerça une forte influence sur la vie religieuse de l’Orient, aidant le monothéisme chrétien à pénétrer dans la péninsule Arabique[20].
Période islamique
Avec la conquête arabe au VIIe siècle, le centre de la culture arabe en Irak est déplacé d'Al-Hîra vers Koufa dans un premier temps, puis Bagdad, qui devient la capitale du Califat abbasside, une des plus grandes villes du monde et une ville au grand rayonnement intellectuel[28]. Sous la dynastie Abbasside, l'économie est prospère ; les villes se développent ; l’industrie, les arts et les lettres atteignent leur apogée[28]. L'Irak produit alors de nombreux astronomes, mathématiciens, penseurs, lettrés et traducteurs tels que Al Khwarizmi, Al Jahiz, Al Kindi, Al-Hajjaj ibn Yusuf ibn Matar et Thābit ibn Qurra[29].
Au XIIIe siècle, la Mésopotamie passe sous le contrôle mongol après la prise de Bagdad en 1258.
À partir du XVIe siècle, l'Empire ottoman contrôle le territoire.
Au cours des XVIe et XVIIe siècles, le sud de l'Irak et l'actuel Koweït étaient un État sous protectorat portugais. Cela est né de l'invitation de la ville de Basorá, qui a préféré la protection des Portugais qui garantissaient le commerce avec l'Orient.
La présence des Occidentaux a permis la défense du sud de l'Irak contre les incursions de l'Empire safavide de l'Iran actuel.
Époque contemporaine
Au cours de la Première Guerre mondiale, l’Irak est conquis par les Britanniques et est déclaré indépendant de l’Empire ottoman le .
Le , la Société des Nations (ancêtre de l’ONU) confie un mandat au Royaume-Uni pour administrer la Mésopotamie. Le mandat britannique de Mésopotamie, durant lequel la monarchie irakienne est proclamée, assure la transition du pays vers l'indépendance. Un mois plus tard, l'administration britannique doit déjà faire face à une importante révolte. Le clergé chiite est durement réprimé, ce qui le conduit à retourner à son apolitisme premier.
Face au repli et au déclin de leur clergé, les chiites irakiens se rallient en nombre à des courants socialisants et laïcs à partir de la fin des années 1930. Très bien structuré et très actif sous la monarchie, le Parti communiste tient un rôle important dans les protestations des paysans qui demandaient des droits et qui s’opposaient aux mesures de répression de la part des propriétaires terriens, Les habitants des nouveaux quartiers populaires de Bagdad, qui se construisent sous la pression de l'exode rural, s’intéressent rapidement aux idées d’égalité et de justice que prône le Parti communiste[30].
Indépendance
Le royaume d'Irak devient réellement indépendant le , même si les Britanniques y conservent des bases militaires. Le , le régent Abdelilah ben Ali el-Hachemi, jugé trop dévoué aux intérêts du Royaume-Uni, est démis de ses fonctions à la suite d'un coup d'État, et remplacé par le gouvernement nationaliste de Rachid Ali al-Gillani, qui oriente alors la politique du royaume vers un rapprochement avec l'Allemagne dans le but d’obtenir son soutien à l'indépendance des États arabes. Les Britanniques interviennent rapidement. Le leurs forces entrent dans Bagdad où elles réinstallent le régent et mettent en place un gouvernement pro-britannique.
Pendant ce temps, les partisans de Rachid Ali al-Gillani lancent un pogrom contre la communauté juive qui, outre les pillages et les viols, fait 135 à 180 victimes juives et plus de 500 blessés[31]. Cinq des instigateurs du coup d'État furent pendus et de nombreux autres emprisonnés dont Khairallah Talfah, un oncle de Saddam Hussein[32]. Après la proclamation de l'État d'Israël, la communauté juive irakienne d'environ 125 000 personnes se réfugie massivement en Israël, à la suite du climat d'insécurité qu'elle subit alors en Irak.
En 1946, d'importantes grèves secouent Kirkouk. Les protestataires dénoncent les conditions de travail ainsi que la domination britannique sur l’entreprise pétrolière. Les chefs politiques des partis progressistes sont emprisonnés. En 1948, lorsque le gouvernement signe un nouveau traité d’alliance avec le Royaume-Uni, des manifestations massives se produisent. La monarchie perd pendant quelques jours le contrôle des rues. La loi d’état d’urgence est aussitôt appliquée et Nouri Saïd, vétéran de la monarchie qui a déjà assumé de nombreuses fois la direction du gouvernement, revient au pouvoir et verrouille la scène publique autour de lois anticommunistes. Le secrétaire général du Parti communiste irakien, Youssouf Salman, est pendu et les journaux sont censurés. Dès 1954, appartenir au Parti communiste entraine la déchéance de nationalité[33].
L'immense pauvreté des campagnes pousse nombre de paysans à rejoindre les banlieues urbaines et entraine quelques tensions sociales. Dans le contexte de la guerre froide, le royaume d'Irak entre dans le pacte de Bagdad en 1955 et se lie aux États-Unis. L'alliance du gouvernement avec les États occidentaux favorise le développement de l'armée[33].
Le , la monarchie hachémite est renversée et le général Kassem prend le pouvoir par un coup d’État. Le Comité des officiers libres proclame la République lors du premier coup d’État du parti Baas, parti de la Renaissance arabe et socialiste, allié avec un groupe d’officiers nationalistes. Le nouveau gouvernement bénéficie du soutien des exilés kurdes (dont il avait permis le retour) et du Parti communiste. Nombre de réformes sont adoptées dans les semaines qui suivent : réforme agraire, aides aux familles pauvres, plans urbains, etc.[33]. Le gouvernement comprend Naziha al-Dulaimi, la première femme ministre de l'histoire de l'Irak et du monde arabe, qui participe à l'élaboration de la loi de 1959 sur les affaires civiles, laquelle est très en avance sur son temps dans la libéralisation des lois sur le mariage et l'héritage au profit des femmes irakiennes[34].
: nouvelle révolte kurde en Irak. L'insurrection s'amplifie au fil des années. Le régime militaire d'Aref, issu du coup d'État de 1963, ne parvient pas à l'écraser militairement. En 1964, un cessez-le-feu est signé ; il est refusé par une partie du mouvement kurde. La révolte reprend en 1965.
Le : les militants du Baas renversent le gouvernement du général Abdel Karim Kassem. Saddam Hussein, qui poursuivait des études de droit au Caire, revient en Irak et devient, à 26 ans, secrétaire général du parti.
Le , la révolution du Baas est renversée par Abdel Salam Aref, qui s'installe au pouvoir et fait arrêter et éliminer plusieurs têtes dirigeantes du parti Baas soupçonnées de comploter contre lui. Saddam Hussein est arrêté et emprisonné. Pendant ces années de détention, il sera torturé et interrogé par la police du régime en place.
En 1965, Saddam Hussein, toujours en prison, est élu membre du commandement panarabe du parti Baas. Lentement, il accroît son influence et dirige des coups d'éclat tels que l'évasion de plusieurs membres du parti Baas, après avoir gagné la sympathie des geôliers.
Le , après la mort accidentelle ou criminelle du colonel Abdel Salam Aref, son frère, le maréchal Abd al-Rahman Aref s'impose en tant que président de la république d'Irak.
Saddam Hussein au pouvoir
Le : second coup d’État baasiste. Saddam Hussein rejoint à Bagdad son cousin le général Ahmed Hassan al-Bakr, chef du Baas et nouveau président de la République.
Le : accord kurdo-irakien sur l'autonomie du Kurdistan. Il prévoit une participation des Kurdes aux instances suprêmes de l'État et un recensement destiné à délimiter la région autonome. Des institutions autonomes sont censées être mises en place dans un délai de quatre ans. Pendant cette période de « ni guerre, ni paix », l'URSS commence à soutenir l'Irak, tandis que l'Iran, conseillé par Washington, apporte son aide aux Kurdes.
En 1970 une nouvelle constitution est adoptée, renforçant notamment les droits des femmes : les droits de vote et d'éligibilité leur sont reconnus, ainsi que l'accès à l'éducation et à la propriété[35].
Le : traité d'amitié et de coopération entre l'URSS et l'Irak.
Le : Saddam Hussein nationalise le pétrole irakien.
En , Bagdad promulgue unilatéralement une « loi sur l'autonomie du Kurdistan » ; très en retrait sur les accords de 1970, elle est rejetée par les Kurdes. La révolte reprend et revêt la forme d'une guerre généralisée.
Le : accord d'Alger entre le Chah et Saddam Hussein. L'Iran obtient gain de cause sur les différends frontaliers qui l'opposent à l'Irak et retire son appui aux Kurdes. La révolte s'effondre pour reprendre sous la forme de guérilla en 1976.
Le : Jacques Chirac, alors Premier ministre, fait visiter Cadarache à Saddam Hussein, alors vice-président irakien.
Le : sabotage du double cœur d'Osirak dans le hangar no 3 des Constructions navales et industrielles de la Méditerranée, à La Seyne-sur-Mer. Le « groupe écologiste français » revendique l'attentat, mais le Mossad est suspecté[36],[37]
Le , Saddam Hussein met Hassan al-Bakr à la retraite. Ce même jour, date d'anniversaire de la révolution de 1968, Saddam Hussein accède à la présidence à l'âge de 42 ans. Rompant avec le Parti communiste, il procède à des purges massives au sein du Parti Baas - un parti nationaliste arabe, laïc et socialiste, dont les dirigeants sont souvent originaires de la ville de Tikrit - et renoue avec les monarchies du Golfe ainsi qu’avec les pays occidentaux. Le pouvoir de Saddam Hussein s'est donc constitué au départ autour de l'idéologie baasiste, relativement laïque et républicaine. Par ailleurs, il considère l'Islam comme une composante essentielle de la culture arabe.
Le : à la suite de nombreuses ingérences du gouvernement révolutionnaire iranien sur le territoire irakien visant à déstabiliser et renverser le régime de Saddam Hussein, jugé « impie » par Khomeyni, - lequel avait pourtant bénéficié de son hospitalité pendant près de quatorze ans -, le gouvernement irakien demande une révision des traités signés en 1975, ce que refuse le gouvernement iranien. En 1980, Bagdad prend l’initiative militaire : il veut récupérer le Chatt-el-Arab et le Khouzistan iranien. De plus, il veut mettre un point final à la révolution islamique, qu’il juge prête à tomber et qui menace directement la stabilité du pays. Saddam Hussein voyant que les forces armées iraniennes sont affaiblies par la révolution islamique, en profite pour déclencher la guerre.
1980-1988 : la guerre Iran-Irak
Le , contrairement à ce que pense Saddam Hussein, l’Iran offre une résistance surprenante, et une guerre de tranchée de huit ans s’engage. L'Irak utilise pendant cette guerre des armes chimiques, mais aussi des armes plus conventionnelles. Le conflit change certaines alliances établies depuis très longtemps au Proche-Orient. Le , vers 17 h 30, a lieu l'opération Opéra : l'aviation israélienne avec quatorze chasseurs bombardiers F-16 Falcon détruit le réacteur nucléaire irakien Osirak en cours de construction avec l'aide de la France, ainsi que les laboratoires et le réacteur nucléaire irakiens situés à Al Tuwaïtha, à une vingtaine de kilomètres de Bagdad. Il s'agissait d'un réacteur expérimental acheté en France par l'Irak, et géré grâce à la collaboration ouverte de la France et de l'Italie, et aussi grâce à la non-hostilité des États-Unis.
Les 17 et , Saddam Hussein ordonne à l’armée d’utiliser l’arme chimique contre la ville kurde de Halabja. Le , Téhéran accepte la résolution de l’ONU sur le cessez-le-feu et le retour aux frontières. Le , l'annonce officielle de la fin de la guerre est émise. Le conflit a fait un million de morts et des centaines de milliers de blessés.
1990-1991 : la guerre Irak-Koweït, guerre du Golfe
Au cours de l’été 1990, les finances de l'État sont au bord de la banqueroute. Le Koweït exige le remboursement immédiat de la dette contractée par l’Irak et commence à se rembourser en exploitant le gisement de Rumaila qui s’étend sur les deux territoires. Il porte ainsi préjudice à l’Irak, sorti de la guerre avec une dette extérieure de plus de 70 milliards de dollars, dont 40 dus au Koweït et à l'Arabie saoudite. Saddam Hussein pense sortir de l’impasse en se « ré-annexant » le territoire koweïtien qui, sur la base des frontières tracées en 1922 par le proconsul britannique Sir Percy Cox, barre l’accès de l’Irak au Golfe. Washington laisse croire à Bagdad qu’il veut rester en dehors du contentieux ; l’ambassadrice des États-Unis à Bagdad, April Glaspie, assure à Saddam Hussein que les États-Unis désirent avoir les meilleures relations avec l’Irak et n’entendent pas interférer dans les conflits inter-arabes. L'Irak envahit le Koweït. Commence alors la guerre du Golfe, menée sous l'égide de l'ONU. Des insurrections éclatent dans plusieurs régions chiites étalées dans le temps. L’ONU vote un embargo qui dura douze ans. Selon un rapport du Conseil économique et social des Nations unies, il cause entre 500 000 et 1,5 million de morts, dont une majorité d'enfants[38]. Cependant ces chiffres sont contestés ; l'ONU réfute par la suite ses propres enquêtes qui, selon un rapport du London School of Economics — rédigés par les chercheurs Tim Dyson et Valerie Cetorelli et publié en — se basaient sur des bilans fournis et manipulés par le gouvernement irakien[39].
Le , l’Irak occupe le Koweït : Premières sanctions de l’ONU, conduisant à un embargo et à une coalition de plus de trente pays contre Bagdad.
Le , « Tempête du désert » : la coalition internationale, à la demande de l'ONU, intervient militairement en Irak et au Koweït. Objectif : la destruction du potentiel militaire et de l'infrastructure économique de l'Irak, ainsi que l'évacuation du Koweït. Pendant 43 jours l’aviation américaine et alliée effectue, avec 2 800 avions, plus de 110 000 sorties, larguant 250 000 bombes, dont celles à fragmentation qui diffusent 10 millions de sous-munitions, quantitativement autant que l'Allemagne pendant toute la Seconde Guerre mondiale. À la suite de ces bombardements, des milliers de familles sont forcées de fuir le pays. Plus de 100 000 soldats irakiens ont été tués et 20 000 victimes civiles ont péri sous les bombardements[40]. Le , Saddam Hussein annonce son retrait du Koweït. Les combats cessent le .
Après-guerre
Le , la résolution 687 du Conseil de sécurité de l'ONU fixe un cessez-le-feu définitif et impose à l'Irak, notamment, l'élimination de toutes ses armes de destruction massive. Création de la Commission spéciale des Nations unies chargée du désarmement, l'Unscom. Le , après l'insurrection kurde dans le Nord irakien et chiite dans le Sud, le Conseil de sécurité adopte la résolution 688 qui condamne la répression des populations civiles irakiennes et appelle à une aide humanitaire. Le , L'ONU décide de maintenir l'embargo total contre l'Irak.
Le , la résolution 986, dite « pétrole contre nourriture », autorise Bagdad pour des raisons humanitaires à procéder à des ventes limitées de pétrole. En , Bagdad décide de rompre totalement la coopération avec l'Unscom, affirmant qu'il n'a plus aucun espoir de voir l'ONU recommander une levée des sanctions. Bill Clinton lance en décembre, et sans mandat de l'ONU, l'opération Desert Fox pour obliger Bagdad à coopérer. Dans les années suivantes, les États-Unis et la Grande-Bretagne lancent des opérations quotidiennes dans les zones d'exclusion aérienne.
2003 : la guerre d'Irak, seconde guerre du Golfe
Le : l’Irak est attaqué par une coalition alliée des États-Unis et du Royaume-Uni, sans mandat de l'ONU et soutenue par plusieurs dizaines de pays dont le Japon, la Corée du Sud, la Pologne, l’Espagne et l’Italie. Le régime de Saddam Hussein est renversé trois semaines après l’entrée des troupes de la coalition dans le pays. Cette deuxième guerre du Golfe s’achève officiellement le . Le pays est ensuite occupé par la coalition.
Le : le pouvoir a été remis entre les mains d’un gouvernement intérimaire, au pouvoir inexistant, dirigé par Iyad Allaoui. Ce transfert concerne aussi bien l'autorité civile que militaire. Les troupes de la coalition doivent « demander » l'autorisation du gouvernement irakien avant toute opération militaire offensive[41] ; toutefois, seule l'armée américaine et, jusqu'en 2007, les troupes britanniques, participent à de telles opérations. (Tous les contingents étrangers en Irak, à l'exception de celui des États-Unis et, à une certaine époque, du contingent britannique, ne peuvent se servir de leurs armes qu'en état de « légitime défense »).
Le ont lieu les premières élections réellement démocratiques de l'histoire du pays, dans un climat de terreur. Les chiites et kurdes d’Irak se sont malgré tout massivement rendus aux urnes, malgré des menaces terroristes. Le , l’Irak s'est choisi pour la première fois de son histoire un président kurde, Jalal Talabani.
Le [42],[43], un attentat contre le sanctuaire Al-Askari à Samarra, un des hauts lieux saints du chiisme irakien, provoque une vague de représailles et le début de la première guerre civile irakienne, entre les groupes insurgés sunnites et chiites[44].
Le , Saddam Hussein est exécuté à Bagdad, le jour de l'Aïd al-Adha par pendaison pour crimes contre l'humanité, à la suite d'une procédure judiciaire, « supervisée » ou « dirigée » par les autorités américaines (le procès se déroula sans avocat pour l'accusé, les trois avocats devant assurer sa défense ayant tour à tour été assassinés dans les premiers jours du procès, et Saddam Hussein ayant refusé les avocats commis d'office qui lui avaient alors été proposés en remplacement par le Tribunal spécial irakien). Ces deux « incidents », s'ajoutant à celui de la diffusion des photographies de Saddam Husein que les Américains avaient prises lors de sa « capture » et qui avaient été « très diversement perçues » en Irak, ont beaucoup contribué à déterminer l'attitude finale des sunnites vis-à-vis de l'occupant et du nouveau régime).
Des années après la fin officielle de la guerre, le gouvernement de l’Irak est très fragile. Les violences sont quotidiennes, résultant des attaques de soldats et de convois de l'armée américaine par des insurgés, de la guerre civile entre les chiites, sunnites baasistes et les sunnites salafistes, et entre le pouvoir en place et des groupuscules islamistes qui opéreraient actuellement en Irak, tels qu'Ansar el sunna, ou Al-Qaïda.
À partir de fin 2008, les États-Unis se désengagent progressivement en finançant notamment les milices sunnites Sahwa afin d'affronter l'État islamique d'Irak et commencent à se retirer à partir du , date à laquelle la première guerre civile irakienne prend fin[45],[46].
Les violences enregistrent une nette diminution : 2010 serait l'année la moins meurtrière pour les civils irakiens 3 976 morts depuis le début de la guerre. À Bagdad, où l'on enregistrait en moyenne un attentat toutes les deux semaines en 2006 ou en 2007, les attaques terroristes se font moins fréquentes, même si la communauté chrétienne a connu un « décembre noir » en 2010. Même si les menaces d'attentats ou de kidnappings planent toujours sur la capitale irakienne, les fêtards s'enhardissent de plus en plus tard dans les rues, en dépit des couvre-feux.
Le , les derniers soldats américains quittent l'Irak, mettant fin à la guerre d'Irak. Ne reste qu'un contingent chargé de protéger l'ambassade américaine, et une centaine d'instructeurs pour l'armée irakienne. Faute d'accord d'immunité avec le gouvernement irakien, aucune force antiterroriste ne reste sur place.
L’échec des négociations avec le premier ministre Nouri al-Maliki sur l'immunité des soldats américains font que le Pentagone a abandonné l'idée d'une force antiterroriste permanente sur le sol irakien.
2013 : la seconde guerre civile irakienne
Le , une insurrection de tribus sunnites éclate dans la province d'Al-Anbar et engendre la seconde guerre civile irakienne[47],[48]. Des djihadistes créent l'État Islamique (EI) à cheval sur l'est de la Syrie et l'ouest de l'Irak et persécutent des chrétiens et des yézidis qui sont obligés de fuir au Kurdistan.
À partir de 2018
Les tensions sont toujours extrêmement présentes surtout à cause du conflit entre la Turquie et les Kurdes ou de Daesh qui organise toujours des guérillas et des attentats. En janvier 2021, un attentat perpétré par deux kamikazes sur un marché de Bagdad fait 32 morts. En juillet de la même année, un autre attentat revendiqué par Daesh à la veille de l’Aïd, fait au moins 36 morts, en majorité des femmes et des enfants, à Sadr City banlieue populaire de la capitale ; fief du puissant leader chiite Moqtada Sadr. Officiellement vaincu, l'État islamique conserve des cellules toujours présentes dans le pays, notamment dans les zones montagneuses et désertiques, et revendique ces attaques ponctuelles[49].
Selon un rapport onusien publié début 2021, l'organisation djihadiste continue de mener une insurrection soutenue de part et d'autre de la frontière entre l'Irak et la Syrie. Dans ces deux pays, l'organisation djihadiste conserverait « en tout 10 000 combattants actifs »[50].
En 2023, le poids des milices paramilitaires reste prépondérant. Il y a environ 80 milices importantes dans le pays, réunies dans une coalition nommée le Hachd al-Chaabi « Unités de mobilisation populaire ». Elles émargent au budget du ministère de la défense et sont payées par l'État irakien. Chaque milice contrôle un territoire y compris l'activité économique afférente[51]