Liste des jacobins proscrits le 5 janvier 1801
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La liste des jacobins proscrits le est une liste de proscription de 133 noms, censés appartenir à l'opposition jacobine, établie par Joseph Fouché, ministre de la Police, après l'attentat perpétré contre le Premier consul à Paris le 3 nivôse an IX (). Bien que la police de Fouché ait finalement établi que les véritables coupables étaient les royalistes, le gouvernement consulaire oriente la répression en direction des républicains « exclusifs », car c'est un moyen de décapiter l'opposition de gauche. Par précaution, ils ne sont pas condamnés pour leur participation supposée dans l'affaire de la rue Saint-Nicaise, mais au nom du salut public. Toutefois, la mesure suscite l'opposition du Tribunat, qui y est farouchement hostile, et du Corps Législatif, qui se montre peu enthousiaste. Soumise au conseil d'État, cette liste est, sur la suggestion de Talleyrand, soumise au vote du Sénat conservateur, assemblée plus docile dont les délibérations ont l'avantage d'avoir lieu à huis clos[1], qui la ratifie par un sénatus-consulte le 15 nivôse an IX ().
La liste comprend des députés, des généraux et des « gens obscurs » désignés sous l'« épithète de septembriseurs » pour rendre odieuse la masse des jacobins et confondre « l'homme couvert de sang avec le simple partisan de la République »[2].
71 militants révolutionnaires partent de Paris le 12 et le 16 janvier en direction de Nantes. Sur les 39 hommes du premier convoi, un est gracié in extremis. Les 38 autres sont déportés vers les Seychelles à bord de la corvette La Flèche dans les premiers jours de pluviôse an IX (fin janvier 1801) ; les 32 hommes du second convoi montent à bord de la frégate La Chiffonne le 23 germinal (13 avril). Parmi ces hommes, on compte Mathurin Bouin[3], Fournier l'Américain ou Jean Antoine Rossignol. Ils arrivent le 22 messidor (11 juillet), après 89 jours de traversée[4],[5].
Les soixante autres sont emprisonnés aux îles de Ré et d'Oléron et au fort de Joux, comme Félix Lepeletier, Charles de Hesse ou Michel-Louis Talot. À Oléron, ils retrouvent notamment les déportés babouvistes de l'an V (Blondeau, Buonarroti, Cazin, Germain, Moroy), transférés de Cherbourg en l'an VIII[6]. Parmi eux, une quarantaine de jacobins, comprenant 4 condamnés de la conspiration des Égaux, sont déportés en Guyane, notamment le général Argoud, Hugues Destrem, Étienne Michel et Jean-Louis-Marie Villain d'Aubigny. Embarqués à bord de La Cybèle à Rochefort le 11 ventôse an XII (), ils arrivent à Cayenne le 20 germinal ()[4].