Élection présidentielle française de 2017
11e élection présidentielle française de la Ve République / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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L'élection présidentielle française de 2017, onzième élection présidentielle de la Ve République et dixième au suffrage universel direct, est un scrutin permettant d'élire le président de la République pour un mandat de cinq ans, se déroulant les dimanches et — et par dérogation les et dans plusieurs territoires hors métropole. Le président sortant François Hollande a décidé de ne pas se présenter à sa propre succession, fait inédit pour un président de la Ve République en fin de premier mandat. Autre situation inédite : l'élection présidentielle a lieu sous état d'urgence, décrété après les attentats du 13 novembre 2015.
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Élection présidentielle française de 2017 | ||||||||||||||
(1er tour) (2d tour) |
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Type d’élection | Élection présidentielle Scrutin uninominal majoritaire à deux tours | |||||||||||||
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Débat(s) | (1er tour) (1er tour) (2d tour) | |||||||||||||
Corps électoral et résultats | ||||||||||||||
Population | 66 990 826[1] | |||||||||||||
Inscrits au 1er tour | 47 582 183 | |||||||||||||
Votants au 1er tour | 37 003 728 | |||||||||||||
77,77 % 1,7 | ||||||||||||||
Votes exprimés au 1er tour | 36 054 394 | |||||||||||||
Votes blancs au 1er tour | 659 997 | |||||||||||||
Votes nuls au 1er tour | 289 337 | |||||||||||||
Inscrits au 2d tour | 47 568 693 | |||||||||||||
Votants au 2d tour | 35 467 327 | |||||||||||||
74,56 % 5,8 | ||||||||||||||
Votes exprimés au 2d tour | 31 381 603 | |||||||||||||
Votes blancs au 2d tour | 3 021 499 | |||||||||||||
Votes nuls au 2d tour | 1 064 225 | |||||||||||||
Emmanuel Macron – LREM | ||||||||||||||
Voix au 1er tour | 8 656 346 | |||||||||||||
24,01 % |
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Voix au 2e tour | 20 743 128 | |||||||||||||
66,10 % |
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Marine Le Pen – FN | ||||||||||||||
Voix au 1er tour | 7 678 491 | |||||||||||||
21,30 % |
3,4 | |||||||||||||
Voix au 2e tour | 10 638 475 | |||||||||||||
33,90 % |
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François Fillon – LR | ||||||||||||||
Voix au 1er tour | 7 212 995 | |||||||||||||
20,01 % |
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Jean-Luc Mélenchon – LFI | ||||||||||||||
Voix au 1er tour | 7 059 951 | |||||||||||||
19,58 % |
8,5 | |||||||||||||
Benoît Hamon – PS | ||||||||||||||
Voix au 1er tour | 2 291 288 | |||||||||||||
6,36 % |
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Résultats du premier tour par département et région | ||||||||||||||
Résultats du second tour par département et région | ||||||||||||||
Président de la République | ||||||||||||||
Sortant | Élu | |||||||||||||
François Hollande (PS) |
Emmanuel Macron (EM) | |||||||||||||
elections.interieur.gouv.fr | ||||||||||||||
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Trois élections primaires se tiennent en amont de l’élection et sont ouvertes aux sympathisants et non pas seulement aux militants : la « primaire de l'écologie » pour Europe Écologie Les Verts, la « primaire ouverte de la droite et du centre » pour Les Républicains et leurs alliés et enfin la « primaire citoyenne » pour le Parti socialiste et ses alliés. La campagne électorale est notamment marquée par des affaires politiques et judiciaires visant François Fillon et sa famille, ainsi que Marine Le Pen et son parti, puis par un attentat survenu trois jours avant le premier tour.
Le premier tour de scrutin voit s'affronter onze candidats. Emmanuel Macron arrive en tête devant Marine Le Pen et tous deux se qualifient pour le second tour. Néanmoins, avec François Fillon et Jean-Luc Mélenchon, les scores des quatre candidats ayant recueilli le plus de voix sont serrés : 4,4 points entre le premier et le quatrième.
Pour la première fois, aucun des candidats des deux partis politiques traditionnels, pourvoyeurs jusque-là des présidents de la Ve République, n'est présent au second tour. Celui-ci se solde par la victoire d'Emmanuel Macron, avec 66,1 % des suffrages exprimés, face à la candidate du Front national, qui recueille 33,9 %. Le scrutin est marqué par une abstention de 25,4 %, taux important pour un second tour d'élection présidentielle, et par un record de votes blancs ou nuls, à savoir plus de quatre millions.
Lors de la passation de pouvoir, le 14 mai, Emmanuel Macron, âgé de 39 ans, devient le plus jeune chef d'État républicain français après Napoléon Bonaparte (âgé de 30 ans en 1799), le plus jeune président de la République devant Louis-Napoléon Bonaparte (âgé de 40 ans en 1848), et le plus jeune président de la Ve République devant Valéry Giscard d'Estaing (âgé de 48 ans en 1974). S'ensuivent, les 11 et 18 juin suivants, des élections législatives qui donnent une majorité au nouveau président de la République.
Le président de la République est élu au suffrage universel direct. Il est élu pour un mandat de cinq ans au scrutin uninominal majoritaire à deux tours[2].
Si aucun candidat ne recueille la majorité absolue des suffrages exprimés au premier tour de scrutin, un second tour a lieu quatorze jours plus tard où seuls peuvent se présenter les deux candidats arrivés en tête au premier tour après retrait éventuel de candidats mieux placés[3].
Chaque candidat doit satisfaire plusieurs conditions[4]:
- être de nationalité française ;
- ne pas être privé de ses droits civiques concernant l'éligibilité ;
- être âgé d’au moins 18 ans ;
- être inscrit sur une liste électorale ;
- avoir satisfait aux obligations imposées par le code du service national ;
- ne pas être placé sous tutelle ou sous curatelle ;
- avoir établi une déclaration de situation patrimoniale ;
- posséder un compte bancaire de campagne ;
- ne pas être candidat à un troisième mandat consécutif de président de la République ;
- recueillir 500 « parrainages » de parlementaires ou d'élus locaux : ces parrainages doivent provenir d'au moins trente départements ou collectivités d'outre-mer différents et pas plus d'un dixième des élus signataires ne doit provenir du même département ou de la même collectivité d'outre-mer. La période de réception des parrainages va du au [5]. La loi organique du de modernisation de diverses règles applicables à l'élection présidentielle impose la publication de l'ensemble des noms, au lieu de 500 tirés au sort comme c'était le cas antérieurement[6]. Ils doivent être envoyés directement au Conseil constitutionnel, par voie postale, qui les publie au fur et à mesure sur le site mis en place pour cette élection.
La Constitution prévoit que[3] :
- en cas d'empêchement ou décès dans la dernière semaine de dépôt des candidatures d'une personne qui a annoncé son intention d'être candidate, le Conseil constitutionnel peut reporter l'élection ;
- en cas d'empêchement ou décès d'un candidat avant le premier tour, l'élection est reportée ;
- en cas d'empêchement ou décès d'un candidat qualifié pour le second tour, il est procédé de nouveau à l'ensemble des opérations électorales.
Le Conseil constitutionnel est, selon l'article 58 de la Constitution, garant de la régularité de l'élection, de l'examen des réclamations et de la proclamation des résultats.
Le corps électoral annoncé début mars 2016 est 45,678 millions d'inscrits (en hausse de 824 000 unités, +1,8 %), soit 88,6 % des Français majeurs résidant sur le territoire, et 1,3 million de Français établis hors de France inscrits sur les listes électorales consulaires. Comme tous les cinq ans, le nombre de nouveaux inscrits connaît un pic de 1,562 million de nouveaux électeurs[7]. Toutefois, un rapport parlementaire de 2016 portant sur l'élection de 2012 chiffrait le nombre de mal-inscrits (inscrits dans une autre ville que celle où ils résident) à 6,5 millions[8].
En vertu de la loi du , les bureaux de vote sont en principe ouverts le dimanche à 8 heures et fermés à 19 heures, contre 18 heures auparavant. Cependant, comme auparavant, les bureaux de certaines communes peuvent, sur décision du préfet, ouvrir plus tôt ou fermer au plus tard à 20 heures. Des votes anticipés ont notamment lieu en outre-mer (parfois le samedi), tandis que les plus grandes communes votent pour la plupart le dimanche jusqu’à 20 heures, ce qui complique le travail des instituts de sondage, qui rendent publiques leurs estimations à cette heure-là[9],[10].
La campagne et la désignation des candidats rompent avec celles des élections présidentielles précédentes, leur revêtant un caractère d'imprévisibilité et annonçant une certaine recomposition du paysage politique français. Pour la première fois sous la Ve République, le président sortant, François Hollande, choisit de ne pas être candidat à sa succession à l'issue de son premier mandat. Le résultat des primaires ouvertes organisées par différents partis de gouvernement crée également la surprise : les favoris (Alain Juppé, et dans une moindre mesure Nicolas Sarkozy, pour Les Républicains ; Manuel Valls et Arnaud Montebourg pour le Parti socialiste ; Cécile Duflot pour Europe Écologie Les Verts) se voient éliminés au profit de candidats moins attendus (François Fillon, Benoît Hamon et Yannick Jadot). Marquée par plusieurs rebondissements ainsi que par des affaires présumées de favoritisme, de corruption et d'emplois fictifs (pour François Fillon et Marine Le Pen), la campagne voit une certaine fragilité, dans les intentions de vote, des candidats des deux grands partis de gouvernement, au profit de candidats dont les partis n'ont pas exercé le pouvoir (Emmanuel Macron pour En marche, Marine Le Pen pour le Front national et Jean-Luc Mélenchon pour La France insoumise). Plusieurs partis importants du paysage politique français, enfin, ne sont pas directement représentés à cette élection (Europe Écologie Les Verts, le MoDem, l'UDI ou encore le Parti communiste), ayant chacun privilégié un système d'alliances avec d'autres mouvements.
Contexte mondial et européen
L'élection de 2017 intervient dans un contexte agité : crise migratoire en Europe, questions de plus en plus vives sur la mondialisation, avec des montées protectionnistes[11],[12], des questions sur le devenir de l'Union européenne à la suite notamment du référendum britannique sur l'Europe, et de manière générale à une montée des incertitudes géopolitiques due notamment à des attentats terroristes islamistes, à la montée en puissance de la Chine et à la question des relations de l'Union européenne avec la Russie après la crise ukrainienne, ainsi que des incertitudes sur l'avenir avec l'arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche[13]. Ces inquiétudes favorisent le réarmement. En France, le chef d'État-major des armées, dans un article paru en , demande une augmentation des sommes allouées à la défense[14]. Sur le plan intérieur, la France est également confrontée à de nombreux défis : chômage, questions sur la pérennité des régimes de retraite et de la sécurité sociale, problèmes d'équilibre budgétaire et de dette publique, problèmes d'insécurité publique, de pollution, etc.
Dans un contexte de grande vigilance des forces de police, deux hommes soupçonnés de préparer des attentats en rapport avec l'élection présidentielle sont arrêtés le , quelques jours avant le premier tour[15].
Le sondeur Jérôme Fourquet relève que, comme il a été observé à l'occasion de scrutins étrangers en 2016 — référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne, élection présidentielle autrichienne et élection présidentielle américaine —, « la variable du niveau de diplôme est une donnée de plus en plus centrale » et impose « une nouvelle segmentation des sociétés occidentales entre les gagnants et les perdants de la mondialisation » qui « concurrence, voire supplante désormais parfois la traditionnelle opposition gauche/droite ». Dans le scrutin français, cette ligne de fracture s'observe en particulier entre Marine Le Pen (nettement en tête chez les moins diplômés) et Emmanuel Macron (nettement en tête chez les plus diplômés), qui plaident d'ailleurs tous deux pour un remplacement du clivage gauche-droite par un nouveau (entre les « mondialistes » et les « patriotes » pour la première ; entre les « progressistes » et les « conservateurs » pour le second)[16].
Alors que la Russie est accusée d'ingérences dans l'élection présidentielle américaine de 2016 et qu'En marche, parti du candidat Emmanuel Macron, l'accuse en février 2017 de tentatives de déstabilisation par le biais de cyberattaques, le ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault déclare que Paris « n'acceptera aucune ingérence que ce soit dans son processus électoral » et une séance exceptionnelle du conseil de Défense et de Sécurité nationale est organisée à la demande de François Hollande afin d'aborder le sujet[17]. En mars 2017, le chef de la commission du Renseignement du Sénat américain Richard Burr affirme à son tour que la Russie est « activement impliquée » dans l'élection présidentielle française[18],[19]. Les médias russes, en particulier Sputnik et RT, soutiennent la candidature de Marine Le Pen — reçue par Vladimir Poutine le 24 mars 2017 — et alimentent une campagne négative à l'encontre d'Emmanuel Macron[20],[21]. D'après une étude menée par la firme britannique Bakamo, publiée quatre jours avant le premier tour, un quart des liens Internet partagés par les utilisateurs français au sujet de la campagne électorale entre le 1er novembre et le 4 avril diffusait des contenus mensongers (« fake news ») et favorisait nettement les candidats eurosceptiques ; au sein de cette catégorie, un lien sur cinq était lié à un média russe d'État[21].
Décision du président en exercice de ne pas se présenter
Le à 20 heures, le président en exercice François Hollande annonce publiquement lors d'une allocution solennelle qu'il renonce à solliciter un second mandat présidentiel, ce qui constitue une première dans l'histoire de la Cinquième République[22],[23],[24]. Plusieurs raisons peuvent expliquer cette décision : son niveau de popularité très bas dans les sondages et corrélativement la montée en puissance concurrente de son ancien ministre de l'Économie, Emmanuel Macron, l'effet préjudiciable à son image du livre de son ancienne compagne, Merci pour ce moment, ou celui plus récent de deux journalistes, intitulé Un président ne devrait pas dire ça…[25].
Le politologue Eddy Fougier relève que dans l'histoire de la Cinquième République, les élections sans président sortant, « qui se sont produites en 1969, en 1974 et en 2007, ont été un peu différentes des autres. Elles ont contribué à un renouvellement du personnel politique avec des candidats qui se présentent pour la première fois à la présidentielle, qui appartiennent à une nouvelle génération et qui expriment une volonté manifeste de dépoussiérer la façon de faire de la politique (Giscard en 1974 ou Sarkozy en 2007). Ces élections ont aussi en grande partie favorisé le centre, en l'occurrence le centre droit avec Alain Poher présent au second tour en 1969, la victoire de Valéry Giscard d'Estaing en 1974 et le bon score réalisé par François Bayrou en 2007 (19 %) »[26]. Cette comparaison doit être toutefois tempérée car elle omet l'élection présidentielle de 1995.
Primaires ouvertes
En amont de cette élection, plusieurs partis politiques organisent des primaires en vue de désigner le candidat pour leur parti pour l'élection présidentielle.
Partis politiques face à l'élection présidentielle
Le parti Les Républicains organise une primaire ouverte pour la première fois pour une élection présidentielle, la Primaire française de la droite et du centre de 2016, tout comme l'avait fait Europe Écologie Les Verts en 2011, ainsi que le Parti socialiste et le Parti radical de gauche en 2011 ; elle est remportée par François Fillon. À gauche est organisée une « primaire citoyenne ».
Le politologue Pascal Perrineau observe une « gauche française [qui] vole en éclats à la fois sur le terrain des orientations économiques et sociales (loi Macron, loi El Khomri) mais aussi sur le terrain des valeurs (débat autour de la déchéance de nationalité). Face à ce processus qui ne cesse de s'accentuer et au-delà de la fracture entre droite de gouvernement et Front national, le fractionnement des droites, s'il est réel, peut paraître relativement modeste. Il est davantage le fruit d'un choc des hommes et des ambitions personnelles dont ils sont porteurs que d'un affrontement des idées ». Il constate plus globalement « un contexte de relatif épuisement des logiciels politiques tels qu'ils se sont reconstruits et mis en place après la Seconde Guerre mondiale », estimant qu'ils « sont entrés en crise et font l'objet de remises en question parfois profondes »[27].
Le journaliste Éric Dupin souligne que « l'électeur français n'a [...] jamais eu à choisir entre un candidat de la gauche libérale, de la gauche socialiste et de la gauche radicale » (à travers les candidatures respectives d'Emmanuel Macron, Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon)[28].
Rudy Reichstadt de Conspiracy Watch relève la présence de deux candidats conspirationnistes avec Jacques Cheminade et François Asselineau[29].
Rapport des Français à la politique
Dans un sondage OpinionWay publié par Les Échos du , 89 % des personnes interrogées pensent que les responsables politiques ne se préoccupent pas assez de ce que « pensent les gens comme nous », et 70 % pensent que la démocratie ne fonctionne pas bien. Pourtant, 56 % déclarent s'intéresser à la politique, et 46 % estiment que le vote aux élections est le meilleur moyen de se faire entendre[30].
Selon les enquêtes d'opinion, les Français ont été globalement déçus par les présidents de la République Nicolas Sarkozy et surtout par François Hollande[31],[32]. Ce mécontentement se traduit par un taux d’abstention élevé aux différentes élections[33].