Mayotte
archipel français situé dans l'océan Indien / De Wikipedia, l'encyclopédie encyclopedia
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Mayotte (en mahorais : Maoré[2]), officiellement nommée département de Mayotte, est à la fois une région insulaire française et un département de France d'outre-mer, administrés dans le cadre d'une collectivité territoriale unique[3] dirigée par le conseil départemental de Mayotte.
Pour l’article ayant un titre homophone, voir Maillotte.
Mayotte | |
Logo du conseil départemental. | |
Administration | |
---|---|
Pays | France |
Statut | Département et région d’outre-mer |
Chef-lieu | Mamoudzou |
Cantons | 13 |
Communes | 17 |
Intercommunalités | 5 |
Assemblée délibérante | Conseil départemental de Mayotte |
Président | Ben Issa Ousseni |
Préfet | François-Xavier Bieuville |
Code ISO 3166-1 | MYT, YT |
Code Insee | 05 |
Démographie | |
Gentilé | Mahorais |
Population | 310 022 hab. (2023[1]) |
Densité | 825 hab./km2 |
Langues locales |
mahorais (shimaore), malgache (shibushi), français (officiel) |
Géographie | |
Coordonnées | 12° 50′ 35″ sud, 45° 08′ 18″ est |
Superficie | 376 km2 |
Divers | |
Monnaie | Euro |
Fuseau horaire | UTC+03:00 |
Domaine internet | .yt |
Indicatif téléphonique | +262 |
Code postal | 976 |
Localisation | |
Liens | |
Site web | mayotte.fr |
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Au plan géographique, Mayotte est un ensemble d'îles situé à l'est de l'archipel des Comores[4], au nord du canal du Mozambique[5], et donc au nord-ouest de Madagascar[6],[7] dans l'océan Indien[8]. Mayotte est constituée de deux îles principales, Grande-Terre et Petite-Terre[9], et de plusieurs autres petites îles dont Mtsamboro, Mbouzi et Bandrélé. Son code départemental officiel est « 976 »[10]. Jusqu’en , Dzaoudzi, situé en Petite-Terre, était le chef-lieu de jure tandis que le chef-lieu de facto était Mamoudzou[11], sur Grande-Terre, qui est aussi la ville la plus peuplée de Mayotte ; à partir du , Mamoudzou devient le chef-lieu officiel de la collectivité[12],[13]. Le siège du conseil départemental et les services administratifs de la préfecture sont tous deux à Mamoudzou[7]. Du fait de son statut de région française, Mayotte est également une région ultrapériphérique de l'Union européenne[14]. Ses habitants sont appelés les Mahorais et les langues locales sont le mahorais (shimaoré) et le shibushi.
Le , sous le règne de Louis-Philippe Ier, le dernier sultan de Mayotte Andriantsoly, menacé par les royaumes voisins, vend son île au royaume de France en échange de sa protection.
En 1848, l'île intègre la République française. En 1886, la France établit un protectorat sur le reste de l'archipel des Comores, composé de la Grande Comore, Mohéli et Anjouan qui se retrouvent placées sous la direction du gouverneur de Mayotte. Toutefois, à partir de 1958, l'administration quitte Mayotte pour Moroni (en Grande Comore), ce qui provoque le mécontentement des Mahorais, qui réclament la départementalisation.
Dans les années 1960 et 1970, Zéna M'Déré et le mouvement des chatouilleuses militent pour le rattachement définitif de Mayotte à la République française. En 1974, la France organise, sur l'ensemble de l'archipel des Comores, un référendum pour décider d'une éventuelle indépendance, mais les Mahorais ne votent qu'à 36,78 % pour l'indépendance. Un second référendum est organisé uniquement à Mayotte en 1976[15],[16], qui confirme ce choix de la population[17]. À la suite du référendum local de 2009[18], Mayotte devient département et région d'outre-mer (DROM) à assemblée délibérante unique : le conseil départemental exerce également les compétences d'un conseil régional en 2011[19]. En 2014, Mayotte change également de statut au niveau européen, devenant une région ultrapériphérique[20], et fait depuis partie de l'Union européenne. L'État Comorien revendique toujours la souveraineté sur Mayotte depuis son indépendance[21],[22].
En 2022, Mayotte comptait 310 000 habitants selon le dernier recensement, contre 256 518 habitants en 2017[23] et 212 645 en 2012[24], répartis sur 376 km2. Elle a ainsi la plus forte densité de population de la France d'outre-mer, mais aussi le plus fort taux de croissance[25] avec près de cinq enfants par femme en moyenne.
Ce jeune département doit faire face à des difficultés sociales de taille. Selon un rapport de l'INSEE publié en 2018, 77 % de la population vit sous le seuil de pauvreté national, comparé à 14 % pour la France métropolitaine ; 40 % des résidences principales sont des cases en tôle, 29 % des ménages n'ont pas l'eau courante et seulement 34 % des 15–64 ans ont un emploi[26],[27]. Le taux de pauvreté défini par ce même rapport est de 84 %. En 2019, avec une croissance démographique de 3,8 %, la moitié de la population avait moins de 17 ans. En outre, en raison de l'arrivée massive des migrants[25] en kwassa kwassa, en provenance des Comores[28],[29], chaque année, des milliers de personnes périssent en tentant de rallier les côtes de l'île, de manière illégale[29], en dépit du danger de la mer, qui est réputée pour être particulièrement périlleuse[30]. Plus de 50 % des résidents du département sont des étrangers[25],[29],[31].
Toponymie
Le nom de Mayotte vient du nom portugais « Mayotta », transcription du swahili « Maouti », qu'on dit lui-même calqué sur l'arabe « Jazirat al Mawet » (جزيرة الموت) qui signifie « île de la mort » (probablement en raison de la barrière de corail qui entoure l'île et a longtemps constitué un danger mortel pour les navires[33])[34]. En shimaoré (dialecte local issu du kiswahili), l'île est appelée « Maoré ».
C'est l'île la plus au sud de l'archipel des Comores, en arabe « Jouzour al qamar » (جزرالقمر), c'est-à-dire les « îles de la Lune » — cette étymologie populaire est cependant apocryphe, ce dernier nom venant plutôt de l'ancien nom arabe de Madagascar, « Ķ(u)mr’ » (ce qui en ferait les « îles malgaches »)[35],[36].
Mayotte est souvent surnommée « l'île aux parfums »[34],[37] du fait de la culture autrefois intense de fleurs odoriférantes, notamment l'ylang-ylang, symbole de l'île[38]. Du fait de sa forme vue du ciel, elle est parfois aussi surnommée « l'île-hippocampe »[32], ou éventuellement « l'île au lagon » selon certaines brochures publicitaires, formule cependant moins spécifique[38].
Le premier nom européen de Mayotte fut apparemment « île du Saint-Esprit », attribué par les navigateurs portugais au début du XVIe siècle. Cette appellation n'a pas perduré, même si elle a continué de figurer sur les cartes marines jusqu'au XVIIe siècle, associée à une île inexistante au sud de Mayotte et à côté de l'autre île fantôme de « Saint-Christophe » (erreurs probablement liées à la topographie de la péninsule au sud de l'île, aperçue de loin en mer avec une approximation des distances, puis au report sommaire des observations sur une carte d'exploration, mais corrigées seulement en 1665 par John Burston)[39].
Situation
L'île est la plus orientale de l'archipel des Comores, mais la plus proche des côtes nord-ouest de Madagascar distantes d'environ 300 km.
Topographie
Mayotte est la plus ancienne des quatre grandes îles de l'archipel des Comores[40], chapelets de terres qui émergent au-dessus d'un relief sous-marin en forme de croissant de lune, à l'entrée du canal du Mozambique. Située à 295 km à l'ouest de Madagascar et à 67 km au sud-est d'Anjouan, parfois visible le soir en ombre chinoise, elle est composée de plusieurs îles et îlots couverts d'une végétation exubérante. Les deux plus grandes îles sont Grande-Terre et Petite-Terre, entourées par une barrière de corail vaste et complexe.
Ce récif corallien de 160 km de long entoure un lagon de 1 100 km2, un des plus grands et des plus profonds au monde[41]. On trouve, sur une partie de la barrière de corail, une double barrière qu'il est rare d'observer sur la planète[42]. Il protège des courants marins et de la houle océanique la quasi-totalité de Mayotte, à l'exception d'une douzaine de passes, dont une à l'est appelée « passe en S ». Le lagon, d'une largeur moyenne de 5 à 10 km, a une profondeur pouvant atteindre jusqu'à une centaine de mètres. Il est parsemé d'une centaine d'îlots coralliens comme Mtsamboro. Ce récif procure un abri aux bateaux et à la faune océanique.
L'ensemble des terres émergées de Mayotte couvre une superficie d'environ 374 km2, ce qui en fait de loin le plus petit département d'outre-mer français, derrière la Martinique, déjà trois fois plus grande avec 1 128 km2. Cette surface est cependant difficile à évaluer avec précision, étant donné le nombre de petits îlots inhabités, dont une partie sont totalement sous l'eau à marée haute, mais peuvent révéler des surfaces importantes à marée basse. Les principales îles sont :
- Grande-Terre, 363 km2, qui mesure 39 km de long par 22 km de large. Ses points culminants sont : le mont Bénara ou Mavingoni (660 m), le mont Choungui (594 m), le mont Mtsapéré (572 m) et le mont Combani (477 m). Elle abrite Mamoudzou, qui est la capitale économique de Mayotte et qui abrite le siège du conseil départemental et la préfecture ;
- Petite-Terre (ou îlot Pamanzi), avec Dzaoudzi et Pamandzi (où se situe l'aéroport). Elle fait 11 km2 ;
- l'îlot Mtsamboro, qui est la troisième île par sa dimension (2 km2). Il est habité de façon permanente essentiellement par des pêcheurs ;
- l'îlot Mbouzi (84 ha), classé en réserve naturelle ;
- l'îlot Bandrélé, la cinquième île la plus grande ;
- l'îlot de Sable Blanc, situé à proximité du parc marin de Saziley (aire marine protégée).
Hydrographie
Du fait de la petite taille de l'île, aucun cours d'eau n'est navigable : si certains atteignent parfois ponctuellement un débit impressionnant au plus fort de la mousson, la plupart sont presque totalement à sec pendant la saison sèche[43].
Mayotte compte deux lacs naturels :
- le lac Dziani, lac de cratère (« maar ») en Petite-Terre, dont les eaux sont impropres à la baignade, car chargées en minéraux marins et volcaniques et saturées de phytoplancton. Sa superficie est d'environ 17,5 ha[44] ;
- le lac Karihani, sur la commune de Tsingoni, seule étendue naturelle d'eau douce permanente[45]. Il s'étend sur une surface de 5 ha en saison des pluies, qui se réduit à 0,25 ha en fin de saison sèche[44].
Il existe aussi un lac artificiel à Doujani (d'origine minière), et deux grandes retenues collinaires (lacs de barrage) servant au pompage d'eau potable : à Combani (1,5 Mio de m3, construite en 1998, voir Tsingoni) et à Dzoumogné (2 Mio de m3, construite en 2001, voir Bandraboua)[43]. On compte aussi en Petite-Terre la vasière des Badamiers, étang marin abritant une importante mangrove qui se connecte à la mer à marée haute.
L'approvisionnement de Mayotte en eau potable est assuré depuis 1977 par la SMAE (Mahoraise des eaux, filiale de Vinci Construction Dom-Tom et rattachée à la Direction Déléguée de l'Océan Indien)[46]. Du fait de la population importante, du peu d'eau douce disponible, du faible taux de retenue de cette eau et surtout des aléas de la saison des pluies, des pénuries d'eau douce peuvent parfois avoir lieu, comme la pénurie d'eau de 2016-2017[47]. 80 % de l'eau potable est issue d'eaux captées en surface (principalement les deux retenues collinaires), 18 % proviennent de forages profonds et 2 % d'une station de dessalement d'eau de mer installée en Petite-Terre[43]. Les infrastructures étant loin d'être suffisantes pour satisfaire une demande en croissance forte (+10 % par an), plusieurs grands projets sont à l'étude, notamment une troisième retenue collinaire qui pourrait voir le jour à l'horizon 2022[48].
Climat
Le climat[49] est tropical d'alizé maritime. Les températures moyennes oscillent entre 23 et 30 °C (25,6 °C de moyenne annuelle) et le taux d'hygrométrie dépasse souvent 85 %. On distingue deux principales saisons séparées par deux intersaisons plus brèves :
- Saison des pluies ou kashkasini :
- Elle s'étale officiellement du 1er novembre au [50], avec un cœur de mousson de décembre à mars, culminant en janvier. La température moyenne est de 27,4 °C. L'humidité s'élève à 85 % le jour et à 95 % la nuit. Les fortes précipitations sont apportées par les vents de Nord-Est. Dzaoudzi reçoit ainsi plus d'un mètre d'eau durant une année dont 80% pendant la saison des pluies[41], et les inondations sont fréquentes, notamment dans la région de Mamoudzou. Cette saison se distingue par l'abondance des fruits tropicaux et une verdure couvrant toute l'île.
- Saison sèche ou kussini :
- Elle s'étale de juin à septembre. La saison est plus sèche et les alizés apparaissent. La température moyenne est de 24,7 °C. Les légumes prennent la place des fruits, l'herbe sèche et certains arbres (notamment les baobabs) perdent leurs feuilles.
- Intersaison d'avril à mai ou matulahi :
- Les températures chutent et les précipitations se font plus rares.
- Intersaison d'octobre à novembre ou m'gnombéni :
- Les températures et l'humidité augmentent. C'est la période des plantations (manioc, bananes, maïs…). Les arbres fleurissent.
Les vents dominants selon les saisons sèches et humides sont l'alizé du Sud-Ouest et la mousson du Nord-Ouest. La température de la mer oscille autour de 25,6 °C, mais peut dépasser 30 °C à la saison la plus chaude.
Les cyclones tropicaux, accrus tout au long de leur parcours par la chaleur échangée avec les eaux maritimes de surface chaudes, sont assez rares à Mayotte, protégée par Madagascar. Cependant, il arrive parfois que certaines dépressions contournent l'île-continent, et elles peuvent alors dévaster végétation et habitations ; ainsi les cyclones de 1819, 1829 (avec l'effondrement du mont Kwale), 1836, 1858, 1864, 1898 (deux fois), 1920, 1934, 1950, 1962, 1975, 1978, d' (Kamisy, qui dévaste l'île) ou de , qui ont presque rasé l'île et fait des centaines de victimes[51],[52].
Environnement et patrimoine naturel
Environnement terrestre
Mayotte est une île tropicale pourvue d'une biodiversité sensationnelle[53] : en particulier, la flore mahoraise est une des plus riches au monde par rapport à la superficie de l'île[54], avec au moins 1 300 espèces recensées dont la moitié sont indigènes ou endémiques[55]. 5 577 ha (soit environ 15% de la surface de l'île) ont le statut de « réserves forestières », protégeant la quasi-totalité des forêts naturelles humides[54] - protection essentiellement théorique cependant, la déforestation sauvage étant importante.
À proximité des herbiers à tortues et de leurs plages, poussent des baobabs Adansonia digitata qui abritent parfois des colonies de roussettes, une chauve-souris géante et frugivore. Certains de ces baobabs ont été datés par les scientifiques à plus de 400 ans[56] ; Mayotte est par ailleurs la seule terre au monde, avec Madagascar, à héberger plusieurs espèces de baobabs. Les paysages les plus préservés se trouvent dans le sud de la Grande-Terre, notamment à la pointe de Saziley ou à N'Gouja, et également dans l'est de Petite Terre. Les estuaires et certaines baies abritent également d'importantes mangroves[54], avec pas moins de 7 espèces différentes de palétuviers[53].
Dans les forêts et agro-forêts de l'archipel, le lémur brun ou « maki de Mayotte », lémurien agile qui se nourrit de fruits et de feuilles, vit en groupe de sept à douze individus, parfois plus dans les zones où il est nourri par les touristes. Ces animaux ont vraisemblablement été importés par les premières populations humaines pour servir de gibier, tout comme le tangue ou hérisson malgache. On peut aussi croiser, plus rarement, la civette malgache[57]. Seules 15 espèces de mammifères sont présentes sur l'île[58], probablement toutes importées par l'Homme, à l'exception des chauves-souris.
On dénombre environ 140 espèces d'oiseaux à Mayotte[58], la plupart typiques des terres africaines et malgaches voisines, comme le martin triste, la grande Aigrette ou encore le paille-en-queue[57] et le crabiers blancs, espèce en danger critique d'extinction[53].
Quant aux reptiles, on en compte à Mayotte environ 18 espèces[55], avec notamment plusieurs espèces de geckos dont le beau mais invasif Gecko diurne à poussière d'or (Phelsuma laticauda), de nombreux scinques et des caméléons[58], ainsi que quelques petits serpents endémiques (inoffensifs), essentiellement dans les montagnes – dont au moins une espèce endémique, Madatyphlops eudelini[59]. Les amphibiens sont représentés par deux espèces de grenouilles[55].
Chez les invertébrés, on recense à l'heure actuelle 23 espèces de mollusques terrestres (escargots et limaces)[60], 116 espèces de papillons (dont 12 endémiques), 38 espèces de libellules, 50 espèces d'orthoptères (grillons, criquets et sauterelles, dont 31 endémiques), et 150 espèces de coléoptères[55].
Mayotte est très riche en biodiversité végétale et compte de nombreuses espèces endémiques ou très rares[53], comme le Namoulohna (Foetidia comorensis), le Foudi de Mayotte (Foudia eminentissima algondae) ou encore l'arbuste Eugenia chounguiensis, qui n'est connu que du Mont Choungui. Toutefois, la forêt primaire y régresse[53] au profit des cultures et des habitations, pour ne plus couvrir que 5% de l'île, le reste étant dévolu à l'agriculture (légale ou non) et aux espèces introduites ou invasives[54]. Cette déforestation engendre des risques d'instabilité pour les terrains et le littoral ainsi qu'une pollution et dégradation du lagon, alors que la pression foncière et la démographie ne cessent de croître[61]. Au rythme actuel de déforestation, la totalité des forêts naturelles de Mayotte risque de disparaître d'ici trente ans selon l'association Les Naturalistes de Mayotte qui surveille l'évolution écologique de l'île[54]. C'est notamment pour enrayer ce phénomène qu'est créé en 2021 une « réserve naturelle nationale des forêts », visant à protéger la forêt primaire de Mayotte sur 2 801 hectares répartie sur six massifs forestiers qui s'étendent sur 11 des 17 communes du département[62].
- Plage de Sakouli et ses baobabs.
- Paysages de padzas surplombant Passamaïnty.
- Mangrove à Hajangoua.
- Un maki de Mayotte (Eulemur fulvus mayottensis).
Environnement marin
Le récif corallien de Mayotte est particulièrement spectaculaire, et détenteur de plusieurs records probables, comme celui de plus grand lagon du monde, du plus profond, et de l'un des seuls à disposer d'une double barrière[63]. La barrière corallienne externe est longue de 195 km de long, abritant 1 500 km2 de lagon, dont 7,3 km2 de mangrove[64]. On y trouve entre 250 et 300 espèces de coraux différentes[53], 760 espèces de poissons tropicaux[64], et l'Inventaire national du patrimoine naturel recense 3 616 espèces marines, mais ce chiffre est probablement très loin du compte réel, de nombreux groupes n'ayant pas encore fait l'objet d'un inventaire significatif. Cette région du monde étant encore bien mal inventoriée par les scientifiques, les eaux de Mayotte continuent de receler de nombreuses espèces inconnues de la science, et permettent des découvertes scientifiques importantes chaque année[65].
Les eaux chaudes du lagon accueillent chaque hiver austral les baleines accoucheuses vivant sur leurs réserves de graisses antarctiques, puis leurs petits en lactation[66], et accueillent plus de vingt espèces de mammifères marins[53], soit un quart des espèces connues[67] (ce qui est exceptionnel), dont de très nombreux bancs de dauphins.
Mayotte héberge encore une petite population de dugongs (la seule de France), estimée à moins de dix individus, et donc en danger critique d'extinction[68], qui fait l'objet depuis 2021 d'un plan national d'action[69].
Parmi les autres espèces emblématiques du lagon, on compte aussi la raie manta de récif, particulièrement présente d'avril à juin[55]. Treize autres grandes espèces de raies sont également présentes (raies aigle, raies pastenague…)[53]. Au moins 24 espèces de requins sont aussi présentes[53], mais les rencontres sont rares et aucun accident n'a jamais été à déplorer sur le territoire[63].
Cinq espèces de tortues marines sont recensées à Mayotte, et plusieurs (verte et imbriquée essentiellement) viennent pondre sur les plages[70] : haut lieu de ponte des tortues vertes, Mayotte comptabilise chaque année environ 4000 « montées » de tortues venues pondre leurs œufs dans le sable d'au moins 150 des plages de Mayotte[71]. Les tortues marines et les mammifères marins emblématiques du lagon sont protégés[70].
Quelques espèces de poissons et de gros coquillages sont également protégées, et il existe des saisons légales de pêche pour les crustacés[72] et des fermetures temporaires pour la pêche au poulpe (« pwedza »).
Le lagon est nourricier pour les poissons. Les mangroves jouent un rôle de nettoyage écologique, entravant l'écoulement des sédiments, augmentant la densité animale et végétale, notamment des espèces piscicoles au stade juvénile.
Mayotte compte quatre aires marines protégées (où la pêche et les activités destructrices sont interdites) : le Parc marin de Saziley, la Passe en S (réserve de pêche intégrale), la zone de protection du site naturel de N'Gouja et la Réserve naturelle nationale de l'îlot Mbouzi[73]. L'ensemble de l'île et des eaux qui l'environnent est sous la protection du Parc naturel marin de Mayotte, qui ne constitue pas une aire marine protégée mais une « aire d'adhésion » où les activités potentiellement nuisibles à l'environnement sont soumises à l'approbation du conseil de gestion.
- Îlots choisils et récif frangeant.
- Le récif corallien découvert, à marée basse (îlot M'Bouzi).
- Le récif de corail frangeant à la Plage de Sakouli.
- Une très vieille colonie de corail (Porites) sur la barrière ouest.
- Une tortue verte (Chelonia mydas) à N'Gouja.
Menaces
Mayotte est un haut lieu de biodiversité terrestre et marine. Cependant, cet assemblage est particulièrement vulnérable face à la surpopulation humaine et aux mauvaises pratiques qui l'accompagnent. Les chercheurs estiment que le lagon de Mayotte était un des plus beaux au monde jusque dans les années 1970, mais qu'il a commencé à se dégrader à partir de 1978[74], avec un envasement progressif et une importante mortalité du corail sur de larges zones, même si son état actuel en fait sans doute toujours le lagon corallien le plus riche de tous les départements d'outre-mer français.
Les menaces qui pèsent sur l'écosystème sont notamment les espèces introduites et éventuellement invasives, avec risques croissants d'invasion biologique, la fragmentation par les routes, qui dégradent l'intégrité écologique de l'île, la dégradation des récifs coralliens par la pollution et par accumulations de sédiments terrigènes (déjà plusieurs kilomètres carrés sont dégradés dans les lagons de Mayotte, à la suite de la destruction des forêts qui protégeaient les sols de l'érosion)[61]. Bien que les taux de pesticides mesurés dans l'eau soient (en 2011) moindres qu'en métropole[75] (mais plus élevés qu'en Guyane[75]), les engrais et pesticides, comme le DDT, peuvent aussi être emportés par les eaux pluviales et favoriser, voire rendre permanent, le blanchiment des coraux (coral bleaching)[76], d'autant plus qu'une partie de ces pesticides sont de dangereux produits de contrebande importés des pays voisins, et utilisés sans aucune précaution par des agriculteurs souvent illettrés.
Depuis 2018, un total de 470 espèces sont protégées par arrêté préfectoral : 220 espèces animales (marines ou terrestres) et 250 espèces végétales[77].
La collecte de coquillages (industrielle dans les années 1970[74]), la pêche excessive, certaines activités extractives (sable corallien), l'agriculture et la divagation d'animaux peuvent aussi avoir des impacts négatifs. Si les derniers dugongs sont désormais relativement bien surveillés[68], le braconnage des tortues marines est encore féroce à Mayotte[70],[78], où on estime que 10% des tortues venant pondre sur les plages succombent sous les coups de machette des braconniers[71]. Le braconnage ou la pêche déraisonnable touchent également les requins, certains mollusques[79] et les concombres de mer[80].
L'agriculture sauvage sur brûlis, très répandue y compris dans les zones forestières classées, met en grave danger les écosystèmes terrestres et marins de l'île[81]. Des arrêtés préfectoraux ont interdit ces pratiques (notamment en 2017), mais ne sont pratiquement pas appliqués[77].
Le problème des déchets est crucial pour l'avenir de l'île en matière de tourisme, d'écologie et de santé publique[61]. Un problème accentué par différents facteurs : le caractère insulaire et vallonné, la forte densité de population (plus de 500 habitants au km2 en moyenne), l'absence d'un dispositif de collecte approprié[82] (déchetteries, valorisation des déchets, poubelles et containers suffisants…) et un cadrage institutionnel récent (code de l'environnement, plans de gestion des déchets…). L'épuration des eaux est également très insuffisante, et une grande partie des égouts est déversée directement dans la mangrove.
La perturbation chimique des eaux marines a aussi entraîné des invasions biologiques, notamment par l'étoile dévoreuse de corail Acanthaster planci à partir des années 1980[74].
Un travail compliqué (au sens des enjeux, budgets et problématiques à croiser pour un tel territoire) est donc à faire, notamment de restauration des milieux écologiques (mangroves, cours d'eau), de nettoyage des abords des routes et des décharges, d'éducation de la population à l'environnement et d'urbanisme[83],[84].
Le parc naturel marin de Mayotte a été créé le : c'est le premier parc naturel marin créé en outre-mer, couvrant l'ensemble de la zone économique exclusive (68 381 km2)[67]. La pêche est autorisée dans les eaux du parc selon certaines régulations, et des réserves intégrales existent également, comme celle de la « Passe en S »[67]. Depuis 2014, les opérateurs marins sont signataires d'une « charte des opérateurs nautiques de Mayotte pour le respect des mammifères marins et de leurs habitats »[63].
Niveau terrestre, la réserve naturelle nationale des forêts est instituée en 2021, interdisant toute activité touchant la faune et la flore sauvages sur 2 801 hectares de forêt protégée (et en particulier l'agriculture et la coupe de bois) ; l'apiculture y est réglementée, et la randonnée est autorisée sur les chemins balisés[62].
- Exemple de plage polluée par des ordures, à Majicavo. L'éducation environnementale est un défi à Mayotte.
- Colonie de corail fracassée, par une ancre ou par un baigneur maladroit. Si elle survit, elle mettra plusieurs longues années à se reconstituer.
- Restes d'une scène de braconnage à Petite-Terre. On voit une carcasse de tortue verte et des coquilles éclatées de strombes.
- Étoile dévoreuse de corail à Bandrélé. À la suite de perturbations écologiques, elle peut être sujette à des invasions destructrices, comme en 2011.
- Panneau de réglementation environnementale à destination des usagers des îlots de Mayotte.