Philippines
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Les Philippines, en forme longue la république des Philippines (en philippin Pilipinas et Republika ng Pilipinas, en espagnol Filipinas et República de Filipinas, en anglais Philippines et Republic of the Philippines, en ilocano Filipinas et Republika ti Filipinas, en cebuano Pilipinas et Republika sa Pilipinas), est un pays d'Asie du Sud-Est constitué d'un archipel de 7 641 îles dont onze totalisent plus de 90 % des terres et dont un peu plus de 2 000 seulement sont habitées, alors qu'environ 2 400 îles n'ont même pas reçu de nom.
République des Philippines
(fil) Republika ng Pilipinas
(en) Republic of the Philippines
Drapeau des Philippines |
Armoiries des Philippines |
Devise | en philippin : Maka-Diyos, Maka-Tao, Makakalikasan at Makabansa (« Pour l'amour de Dieu, du peuple, de la nature et du pays ») |
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Hymne |
en philippin : Lupang Hinirang (« Pays choisi ») |
Fête nationale | |
· Événement commémoré |
Indépendance vis-à-vis de l'Espagne () |
Plus grande ville | Quezon City |
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Superficie totale |
300 400 km2 (classé 71e) |
Superficie en eau | 0,68 % |
Fuseau horaire | UTC +8 |
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|
Indépendance |
Espagne États-Unis |
|
Gentilé | Philippin, Philippine |
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Population totale (2023) |
116 434 200 habitants hab. (classé 13e) |
Densité | 388 hab./km2 |
PIB nominal (2022) |
411,978 milliards de $ + 4,66 %[2] (39e) |
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PIB (PPA) (2022) |
1 143,862 milliards de $ + 13,13 %[2] |
PIB nominal par hab. (2022) |
3 686,844 $ + 3,22 %[3] (132e) |
PIB (PPA) par hab. (2022) |
10 236,565 $ + 11,56 %[3] |
Taux de chômage (2022) |
5,8 % de la pop. active - 24,81 % |
Dette publique brute (2022) |
Nominale 12 844,246 milliards de PHP + 15,17 % Relative 60,039 % du PIB + 4,37 % |
Monnaie |
Peso philippin (PHP ) |
IDH (2021) | 0,699[4] (moyen ; 116e) |
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IDHI (2021) | 0,574[4] (91e) |
Coefficient de Gini (2021) | 40,7 %[5] |
Indice d'inégalité de genre (2021) | 0,419[4] (101e) |
Indice de performance environnementale (2022) | 28,9[6] (158e) |
Code ISO 3166-1 |
PHL, PH |
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Domaine Internet | .ph |
Indicatif téléphonique | +63 |
Organisations internationales | ONUG24AIIBAPSCO(observateur)INBARCIRGGGIGroupe de CairnsG33CD |
On distingue trois zones géographiques : l'île Luçon, l'archipel des Visayas et l'île Mindanao. Luçon, l'île la plus vaste et la plus septentrionale, abrite sa capitale, Manille, et la plus grande ville du pays, Quezon City. Au centre, le groupe dense des Visayas comprend les îles de Negros, Cebu, Bohol, Panay, Masbate, Samar et Leyte. Au sud, Mindanao est la deuxième île par la superficie ; ses principales villes sont Davao, Marawi, Zamboanga et Cagayán de Oro. Au sud-ouest de Mindanao se trouvent les îles de Sulu, telles que Basilan, Jolo et Tawi-Tawi, proches de Bornéo. Enfin, à l'ouest des Visayas s'étend l'archipel de Palawan, qui compte à lui seul plus de 1 700 îles. Le pays dispose de frontières maritimes avec Taïwan au nord, le Japon au nord-est, les Palaos à l'est et au sud-est, l'Indonésie au sud, la Malaisie au sud-ouest, le Vietnam à l'ouest, et la Chine au nord-est.
Les Negritos, les premiers habitants de l'archipel, sont suivis par des vagues de migration de peuples austronésiens. Entre le Xe siècle et le XVIe siècle, différents États musulmans, hindouistes, et animistes s'y établissent. L'arrivée de l'explorateur Ferdinand de Magellan en 1521 marque le début de la colonisation de l'archipel par l'Empire espagnol. À partir de 1565, l'archipel est gouverné comme la Capitainerie générale des Philippines des Indes orientales espagnoles, sous laquelle le catholicisme devient la religion dominante. La révolution philippine éclate en 1896, et s'achève en 1898 avec le traité de Paris par lequel l'Espagne cède l'archipel aux États-Unis à la suite de la guerre hispano-américaine. L'année suivante, la guerre américano-philippine éclate entre les révolutionnaires et les États-Unis. Elle s'achève en 1902 sur la victoire américaine et la dissolution de la Première République philippine. Cependant, la guérilla continue jusqu'en 1913 contre le nouveau protectorat américain. Après l'occupation par l'empire du Japon pendant la Seconde Guerre mondiale, le pays accède à l'indépendance en 1946. Depuis lors, le pays subit notamment une période de loi martiale entre 1972 et 1981 sous la dictature de Ferdinand Marcos et le renversement de ce dernier par la révolution populaire de 1986. À la suite du retour à la démocratie, la constitution de la Cinquième République est promulguée en 1987, et le pays est depuis gouverné comme une république unitaire présidentielle.
C'est l'un des deux seuls pays à dominante catholique en Asie (avec le Timor oriental) et l'un des plus occidentalisés. Les deux puissances coloniales, l'Espagne et les États-Unis, ont chacun eu une grande influence sur la culture philippine qui est un mélange unique d'Orient et d'Occident. Les deux langues officielles sont l'anglais et le tagalog, mais près de deux cents autres langues y sont également parlées, qui reflètent la diversité ethnique du pays.
Les Philippines se situent au nord de Célèbes, au nord-est de Bornéo et à 360 kilomètres au sud de l'île de Taïwan dont elles sont séparées par le détroit de Luçon. Elles sont constituées d'un archipel de 7 641 îles, avec une surface totale d'environ 300 439 km2. Les îles s’étendent depuis les îles Babuyan et Luçon en direction du sud-sud-est jusqu'à Mindanao, puis de là vers l'ouest-sud-ouest jusqu'à l'extrémité occidentale de l'archipel de Sulu, l'ensemble formant un arc insulaire d'une dimension d'environ 2 040 km. L'archipel a d'autre part une largeur de 1 066 km. Il borde quatre mers différentes : la mer des Philippines à l'est, la mer de Célèbes au sud, la mer de Sulu au sud-ouest et la mer de Chine méridionale au nord-ouest et au nord. En outre, le centre de l'archipel est baigné par quatre mers intérieures : la mer de Sibuyan, la mer des Visayas, la mer des Camotes et la mer de Bohol.
Les îles sont divisées en trois groupes :
- Luçon (Régions I à V + NCR & CAR), où se situe la capitale, Manille ;
- Visayas (VI à VIII) ;
- Mindanao (IX à XIII + Bangsamoro).
Ces îles montagneuses étaient pour la plupart recouvertes de forêts tropicales mais aujourd'hui, la couverture forestière n'est plus que de 25,89 %[7]. Elles sont d’origine volcanique, comme l’attestent les tremblements de terre fréquents et la vingtaine de volcans en activité, dont le Pinatubo. La plupart d'entre elles. L'archipel est également soumis aux typhons du Pacifique de l'ouest à raison d'une quinzaine par an, plus particulièrement entre mai et octobre. Les Philippines sont ainsi le 3e pays au monde le plus exposé aux catastrophes naturelles[8].
Le port de Manille, sur l'île de Luçon, est la capitale et la deuxième plus grande ville du pays après Quezon City. Le point culminant est le mont Apo sur l'île de Mindanao, qui s'élève à 2 954 mètres.
Géologie et topographie
D’origine volcanique, les îles des Philippines font partie de la ceinture de feu du Pacifique. Plusieurs volcans sont actifs, la dernière éruption étant celle du mont Mayon en janvier 2018. Ce volcan se caractérise par sa silhouette très proche du cône parfait. En 1991, le mont Pinatubo avait eu une violente éruption entraînant la mort de trois cents personnes. Plissé à la fin du Tertiaire, puis soumis à une tectonique cassante de très grande amplitude, le relief se caractérise d'une part par des chaînes montagneuses aux plaines étroites et peu nombreuses, et d'autre part par la proximité de fosses marines parmi les plus profondes du monde (la fosse des Philippines, à l'est, fait 10 540 m de profondeur). Toutes les îles possèdent des plages, le plus souvent étroites, et les grandes plaines ainsi que les cours d’eau navigables sont rares. La plupart des îles étaient couvertes par la forêt tropicale, mais la déforestation a réduit sa surface à 10 % du pays.
Les Philippines seraient apparues à la suite de violents mouvements de soulèvement et dépression de la plaque continentale asiatique, dont elles auraient autrefois fait partie avec Bornéo. Des éruptions volcaniques et des tremblements de terre auraient ensuite fragmenté cette masse continentale. Aujourd'hui encore, l'action conjuguée des volcans, des tremblements de terre, de la mousson et des typhons continue de façonner la physionomie de l'archipel.
Sur l'île de Mindanao, le mont Apo, point culminant des Philippines, s'élève à 2 954 mètres d'altitude. Les principaux sommets sont des volcans, dont une douzaine demeurent actifs, les plus redoutables étant le Pinatubo, le mont Mayon (2 451 m) et le Taal, tous trois sur l'île de Luçon.
Climat
Données générales
Le pays est situé dans la zone de climat tropical, et est plus particulièrement de type tropical humide. L'est du pays est presque constamment arrosé, tandis que l'ouest connaît une saison sèche et des pluies de mousson en été. En saison sèche, les températures s'échelonnent entre 36 et 39 °C, et en saison des pluies, elles vont de 25 à 31 °C. La moyenne annuelle est d'environ 29 °C. Les Philippines connaissent généralement trois saisons : tág-inít ou tág-aráw (la saison chaude, ou l'été, de mars à mai), tág-ulán (la saison des pluies, de juin à novembre) et tág-lamíg (la saison froide, de décembre à février). Le climat ne connaît pratiquement pas d’amplitude thermique permettant de définir des saisons et n'évolue pas avec l'altitude. Sur la plupart des îles, la saison des pluies coïncide avec la mousson d’été, qui dure de mai à octobre ; le vent souffle alors du sud-ouest. Les précipitations annuelles moyennes s’élèvent à environ 1 900 mm dans les plaines.
Typhons et phénomènes extrêmes
L'archipel n'est pas épargné par les typhons et les tempêtes tropicales qui s'invitent entre juin et octobre.
En 1998, les typhons Babs et Zeb font près de 400 morts et des dégâts importants.
Fin novembre 2004, l'un de ces épisodes pluvieux touche le nord du pays et fait quelque 500 morts et disparus.
Le , des coulées de boue consécutives aux pluies du typhon Durian ensevelissent un millier de personnes au pied du mont Mayon.
En 2009 un typhon nommé Ondoy s'abat sur Manille.
Le 16 décembre 2011, une violente tempête tropicale, Washi, fait plus de 1 000 morts, à la suite de la crue de la rivière Cagayan laissant des dizaines de milliers de Philippins sans abri, principalement dans la ville de Cagayan de Oro[9].
Le , le super typhon Haiyan, nommé aussi Yolanda, un des plus puissants jamais relevés, avec des vents de 315 km/h et des vagues de plusieurs mètres[10],[11], provoque des dommages considérables et fait de nombreuses victimes[12].
L'érosion est très importante dans presque toutes les îles, et les glissements de terrain sont très fréquents à cause des fortes inondations.
Le 19 décembre 2021, le typhon Rai fait au moins 409 morts, 65 disparus et 1 384 blessés[13]. Près de 300 000 personnes doivent fuir leurs domiciles[14],[15].
Faune et flore
À la suite de la baisse du niveau des mers, il y a 5 000 ans, une série d'isthmes auraient émergé dans les eaux peu profondes entre l'île de Palawan et Bornéo, ainsi qu'entre l'île de Mindanao et de Célèbes. Ces ponts terrestres ont permis des migrations de faune et de flore ; on trouve ainsi plus de soixante espèces végétales endémiques de Bornéo dans les îles méridionales de Mindoro, Palawan et Mindanao. Certaines plantes identifiées comme originaires des Célèbes et des Moluques sont très largement répandues aux Philippines : il s'agit principalement de fougères, d'orchidées et du diptérocarpe, l'arbre national, aussi appelé narra, pouvant atteindre 35 mètres de hauteur, abondant dans les forêts primaires de l'archipel.
Les régions sauvages de Palawan et les îles Calamian, toutes proches, abritent certaines espèces animales comme le chevrotain, la belette, la mangouste, le porc-épic, la mouffette, le pangolin et la loutre, que l'on retrouve à l'intérieur des terres de Bornéo. Certaines espèces de musaraignes de Palawan, ainsi qu'une espèce rare de chauve-souris de Mindanao existent également à Célèbes. Sous les eaux, on rencontre une multitude de poissons communs à l'est de Sumatra, à l'ouest de Bornéo et au sud-ouest des Philippines. Enfin, de nombreux oiseaux originaires de Malaisie et de Bornéo viennent nicher à Palawan.
Il semble également qu'une passerelle terrestre, plus ancienne que les passages méridionaux, reliait jadis les Philippines à l'île de Taïwan, lorsque cette dernière était encore rattachée au continent asiatique. Les restes d'une espèce préhistorique d'éléphant nain, le stégodon, ont en effet été retrouvés à la fois à Taïwan et dans plusieurs régions des Philippines.
Préhistoire
La vallée de Cagayan au nord et au centre de Luçon contient de nombreux outils préhistoriques de pierre qui témoignent de la présence d'hominidés chasseurs de grand gibier comme le stégodon (éléphant préhistorique), le rhinocéros, le crocodile, la tortue, le sanglier et le daim, certains de ces outils dateraient de 709 000 ans[17]. Dans la grotte de Callao, sur l'île de Luzon, une nouvelle espèce humaine a été trouvée, qui serait les ancêtres des négritos philippins[18]. La grotte de Tabon, située sur l'île de Palawan, montre des traces d'installation qui remontent à plus de 30 500 ans ; ces chasseurs-cueilleurs utilisaient des éclats de silex comme outils[19]. Sur Mindanao, ces outils préhistoriques sont en abondance, ce que le héros national José Rizal remarque lui-même dans les années 1880, grâce à ses nombreuses connaissances scientifiques et à ses contacts avec la communauté archéologique espagnole et allemande[20][réf. souhaitée].
Après la dernière ère glaciaire, le niveau de la mer s'élève d'environ 35 mètres submergeant ainsi l'isthme reliant les Philippines au continent, tout en donnant naissance aux mers peu profondes situées au nord de Bornéo.
Les flux de populations ne deviennent possibles que grâce à l'utilisation de pirogues de type prao, construites à partir de troncs d'arbres évidés avec des herminettes. Il y a 5 000 ans, des habitants du littoral de la Chine du Sud, cultivateurs de millet et de riz, commencent à traverser le détroit pour s'installer à Taiwan. Vers 2000 av. J.-C., des migrations ont lieu de Taiwan vers les Philippines. De nouvelles migrations commencent bientôt des Philippines vers Célèbes et Timor et de là, les autres îles de l'archipel indonésien. Vers 1500 av. J.-C., un autre mouvement mène des Philippines en Nouvelle-Guinée et au-delà, les îles du Pacifique. Les Austronésiens sont sans doute les premiers navigateurs de l'histoire de l'humanité. De nos jours, le mot en philippin qui désigne village — barangay — a une étymologie proche du mot bateau.
Peuples de la mer
La mer de Chine méridionale possède des courants qui tournent dans le sens inverse des aiguilles d'une montre. De fait, lors de la mousson du sud-ouest, entre juin et septembre, la navigation à partir des côtes ouest des Philippines jusqu'au nord de la mer de Chine méridionale se trouve simplifiée. Lors de la mousson de nord-est, de décembre à février, c'est la navigation entre la mer de Chine méridionale et le Viêt Nam qui devient plus facile. À partir du Viêt Nam, les navigateurs peuvent ainsi voyager vers l'est le long des latitudes 11 et 14 degrés, à destination de Palawan ou Mindoro, dans des bateaux à faible tirant d'eau.
Les zones d'habitation sont choisies pour leurs ressources en eau douce, mais comme la terre est abondante, le commerce avec les autres peuples de la mer fournit un support aux échanges culturels et religieux.
Jarres enterrées
Le fait d'enterrer des jarres est une coutume pratiquée du Sri Lanka jusqu'à la plaine de Jarres du Laos mais aussi au Japon. On retrouve également des traces de ces pratiques dans les grottes de Tabon, à Palawan. Un exemple d'une telle jarre, utilisée comme urne funéraire lors de funérailles secondaires, est conservé au Musée National des Philippines. Ce trésor national est une jarre dont le couvercle est surmonté par deux figures, l'une représentant le défunt avec les bras croisés et les mains touchant les épaules, l'autre représentant un timonier. Tous deux sont assis dans un prao dont le mât est absent. À cette période, les rites funèbres secondaires sont pratiqués dans toutes les Philippines : les os sont enterrés une seconde fois, et certains dans des jarres prévues à cet effet. Soixante-dix-huit poteries en terre cuite à vocation funéraire ont également été retrouvées dans la grotte de Manunggul, à Palawan.
Troc et échanges
Une pièce de musée — une herminette de cérémonie en jade, de près de 7 cm de long et d'une remarquable qualité pour un outil primitif — est un indice sur les sources de richesse des Philippines. Mais on ignore exactement ce que ces peuples de navigateurs échangeaient à part peut-être du jade et de l'or.
Au début, les objets les plus prisés sont les jarres, symbole de richesse dans toute l'Asie du Sud, puis par la suite, le métal, le tabac et le sel. Ceux-ci sont échangés contre du cuir, des cornes de rhinocéros, des becs de calao, de la cire d'abeille, des nids d'oiseaux, de la résine.
Commerce maritime asiatique
Depuis le IIIe siècle, les peuples des Philippines sont en contact avec les autres peuples d'Asie du Sud-Est, en particulier d'Indochine, Bornéo et Sumatra. Avec l'avènement de la dynastie Ming, ils passent dans la sphère d'influence chinoise. C'est la thalassocratie ou gouvernance des côtes qui prévaut.
Histoire préhispanique
Les Négritos, dont une population subsiste encore aux Philippines ainsi qu'en Indonésie, ont été considérés comme les premiers habitants des Philippines. Originaires du sud-est de l'Asie, ils auraient atteint l'archipel en franchissant des isthmes formés au cours de la dernière période glaciaire par l'abaissement du niveau de la mer. Toutefois, les découvertes archéologiques des dernières décennies mettent en évidence la présence d'un groupe antérieur aux Négritos.[réf. nécessaire].
Des fouilles effectuées dans la vallée de Cagayan ont mis au jour les restes fossilisés d'animaux accompagnés d'outils. Il existait donc une espèce humaine, peut-être aussi ancienne que l'Homme de Pékin et l'Homme de Java, bien avant l'arrivée des Négritos. Cependant, à ce jour, aucun ossement humain n'y a été exhumé. Les plus anciens restes humains connus sont ceux de l'homme de Tabon (environ 22 000 ans av. J.-C., découvert en 1962 dans la grotte de Tabon, au nord de l'île de Palawan. Dans cette grotte, située dans une falaise face à la mer de Chine méridionale, on a retrouvé un crâne fossilisé, d'autres ossements humains et d'animaux (oiseaux, chauves-souris) et des outils en pierre taillée par éclats qui remonteraient à la fin du Pléistocène. Les Négritos auraient donc succédé à ce groupe avant qu'eux-mêmes ne soient repoussés vers les montagnes par les migrations indonésiennes (VIIIe-IIIe millénaire av. J.-C.) puis malaises (IIe siècle av. J.-C. – XIIIe siècle ap. J.-C.).
Jusque vers l'an 1000 de l’ère chrétienne, les Philippines possédaient une population organisée en tribus dispersées, sédentarisées pour la plupart dans de petits villages isolés ou vivant une existence semi-nomade dans les régions montagneuses de l'intérieur. Ces tribus tiraient leur subsistance de la culture de riz et de la pêche, ou, pour les nomades, de la chasse, de la cueillette et de la culture sur brûlis. Des immigrés malais importèrent le fer et le tissage.
Les contacts de ces peuplades avec le monde extérieur, jusqu'alors très réduits, se multiplièrent à partir de l'an 1000, avec l'arrivée de plus en plus fréquente de marchands chinois, indiens, arabes et indonésiens qui troquaient céramiques, textiles, métaux et certainement toutes sortes de verroteries contre des perles, du corail, de l'or, du riz et du poisson séché. Les Chinois, qui avaient établi des échanges commerciaux dès le IXe siècle, installèrent des communautés permanentes au XIIe siècle. Les Philippines passèrent ensuite sous la domination des royaumes maritimes indo-malais de Sri Vijaya, sur l'île de Sumatra, puis de Majapahit, sur l’île de Java. Les musulmans sont arrivés aux Philippines dans l'archipel Sulu dès le début des années 1300. Tout au long du XIVe siècle, plusieurs vagues d'immigration malaise diffusèrent l'islam plus largement, à partir des îles de Sulu, jusqu'à Mindanao, pour arriver plus au nord, à Luçon et dans les Visayas.
Un document pourrait renverser les théories admises pour l'histoire des Philippines. Il s'agit d'une plaque de cuivre découverte en 1989 dans la baie de Laguna près de Manille, et qu'on a baptisée « Laguna copperplate ». Écrite dans un alphabet similaire à celui des inscriptions javanaises de la même époque, elle porte la date de 822 de l'ère Saka, soit 900 apr. J.-C. Elle présente les particularités suivantes par rapport aux inscriptions de Java :
- On n'y trouve pas de mention du roi Balitung, qui régnait sur le centre de Java à l'époque (899-910).
- La langue utilisée est un mélange de sanskrit, de vieux-javanais, de vieux-malais et de vieux-tagalog[21].
- L'inscription semble avoir été martelée dans le cuivre, alors qu'à Java, on écrivait alors sur le cuivre chauffé.
L'archipel de Sulu dans le sud des Philippines se trouve sur une route maritime qui va de la Chine aux Moluques. Le commerce avec les marchands chinois fait sa prospérité. Le royaume de Sulu est sans doute fondé à la fin du XIVe siècle.
Colonisation espagnole
Fernand de Magellan (Fernão de Magalhães), explorateur portugais voyageant pour le compte de l'Espagne, est le premier Européen à arriver aux Philippines, le . Il y est tué le 27 avril sur l'Île de Mactan. Les îles ont été nommées ainsi en l'honneur de l'infant d'Espagne, futur roi Philippe II, par Ruy López de Villalobos peu après leur découverte. L'archipel est entré dans l'empire colonial espagnol à partir de 1565 avec la conquête officielle par Miguel López de Legazpi qui fonde Manille en 1571. La conquête est longue, la communauté espagnole reste réduite et réside principalement à Manille.
En 1578, l'Espagne lance une expédition contre le sultanat de Sulu. Sulu réplique en pillant les villes côtières des Visayas et Luzon, dominées par les Espagnols. Le gouvernement colonial envoie au moins cinq expéditions punitives contre Sulu. En 1638, il occupe la capitale, Jolo, et y laisse une garnison. En 1646, cette garnison est rappelée à Manille et Sulu est abandonnée.
En 1611, la première institution d'enseignement espagnole des Philippines, mais aussi d'Asie, est fondée : c'est une fondation de l'ordre des dominicains qui prend d'abord le nom de Colegio de Nuestra Señora del Santísimo Rosario, puis Colegio Santo Tomás. Elle obtient du pape le titre d'université en 1645. Aujourd'hui l'Université de Santo Tomas, université pontificale et royale, est l'une des plus grandes universités du monde avec 33 000 étudiants.
Manille et son port, Cavite, deviennent rapidement un centre d'échanges commerciaux entre l'Asie et l'Amérique espagnole. Le Galion de Manille qui part d'Acapulco au Mexique transporte l'argent américain destiné à acheter des biens chinois ou japonais. Ces derniers sont au retour transportés à Acapulco, puis vendus sur tous les marchés d'Amérique : les soies et les porcelaines chinoises, les paravents (biombos) et autres objets laqués, se trouvent à Mexico, Guadalajara, Lima, etc.[22].
Ce territoire sud-asiatique constitue pour les Castillans une tête de pont pour l'évangélisation de la Chine et du Japon. Le premier saint philippin, Lorenzo Ruiz, est d'ailleurs un Indio (terme colonial espagnol : indigène des Philippines[23]) emmené avec lui par saint François-Xavier. Si l'objectif religieux a échoué à la suite des réactions, négatives pour le moins, des empires chinois et japonais envers la présence chrétienne, l'Église a été rapidement investie aux Philippines, par les monarques espagnols, de pouvoirs étendus (justice, ordre public, collecte des impôts). C'est ce que les historiens philippins évoquent par le vocable de friocracy ou friarocracy [24], le règne des frères des ordres religieux.
De fait, jusqu'au début du XIXe siècle, l'autorité officielle dans l'archipel a été exercée depuis le lointain Mexique, où résidait le vice-roi chargé des Philippines. Éloignement de Mexico, éloignement de Madrid : l'influence de l'Église n'en a été que plus forte, avec un certain nombre de conséquences encore visibles aujourd'hui : un chapelet d'édifices religieux uniques en Asie (et dans le monde, si l'on songe à l'architecture typique des églises philippines) ; une économie dominée par l'importance de la propriété immobilière : lorsque les ordres religieux se sont séparés de leurs biens après l'indépendance de 1898, ils les ont vendus à quelques grandes familles blanches ou métisses (ilustrados) toujours puissantes ; une culture à la fois relativement non-violente et conservatrice sur le plan du contrôle des naissances, notamment. Le professeur Teodoro A. Agoncillo, auteur d'une History of the Filipino people (8e éd. 1990) dépeint le phénomène d'amalgamation of Church and State. La mainmise des pouvoirs religieux est finement décrite et analysée dans les romans de José Rizal (1861–1896).
Dans les années 1840, l'intérêt des puissances coloniales pour Sulu s'accroît. Le gouvernement colonial espagnol occupe de nouveau Jolo en 1851. Le sultanat s'étendait sur l'archipel de Sulu et la côte nord-est de Bornéo (soit l'est de l'actuel Sabah en Malaisie). En 1877, le sultan, qui s'était réfugié sur une autre île, donne ses possessions de Bornéo en bail à la British North Borneo Chartered Company. Après une longue résistance, Sulu accepte de devenir vassal de l'Espagne en 1878. L'Espagne évacue Sulu en 1899.
En 1889, les Philippines sont encore le quatrième exportateur mondial de café (16 millions de livres, environ 32 000 tonnes[25]), mais leur production est entièrement rayée de la carte entre 1889 et 1892[25] par la rouille du caféier.
À la fin du XIXe siècle s'est développé un mouvement des intellectuels ilustrados demandant des réformes sociales comme l'égalité entre les Espagnols et les Philippins, ou la représentation politique des Philippines au parlement espagnol (Cortes). Un des ilustrados fut le médecin et écrivain José Rizal. Chirurgien ophtalmologue formé en Europe (Espagne, France et Allemagne) et polyglotte, il nourrit son projet de réformes d'une conception inspirée par ses lectures de Don Quichotte. Surnommé le Don Quichotte des Philippines, et accusé à tort de souternir la violence de la révolution philippine [26], il est fusillé par les autorités espagnoles en 1896, âgé de 35 ans. Il devient aussitôt un martyr national, ce qui renforce la résistance au régime colonial [27],[28].
Colonisation américaine
Dans un premier temps, les États-Unis encouragent le mouvement d'indépendance, et se décident à intervenir militairement aux Philippines en 1898 (guerre hispano-américaine). Le , le traité de Paris met fin au conflit, contraignant l'Espagne à vendre les Philippines aux États-Unis pour 20 millions de dollars.
Mais le , une nouvelle guerre oppose les indépendantistes philippins aux États-Unis (guerre américano-philippine). Entre 200 000 et 1 million de civils son tués pendant la guerre, en grande majorité à cause du choléra. La plupart des historiens estiment entre 200 000 et 250 000 morts[29],[30],[31]. Pendant la guerre, les Philippins opposent une forte résistance ; de nombreux massacres sont commis par des Américains[32], comme le massacre de Balangiga et de l'île de Samar organisé par le général Jacob Hurd Smith qui ordonne de tuer tous les Philippins de plus de 10 ans, comme illustré par un journal de New York le 5 mai 1902 [33]. La torture par l'eau (water cure) était appliquée pour faire parler les Philippins faits prisonniers [34],[35].
Commence alors une période intensive de déshispanisation au profit d'une anglicisation de la culture.
En 1935, les États-Unis accordent au Commonwealth des Philippines un statut de semi-autonomie destiné à accompagner le pays vers son indépendance. À partir de cette date, un président élu les représente au niveau international. Le premier est Manuel Quezón, qui a donné son nom à l'une des villes de l'agglomération de Manille, actuellement la plus grande ville du pays.
En 1937, sur proposition du National Language Institute, le président Quezon fait du tagalog, le dialecte parlé autour de la capitale et de la rivière Pasig, la langue nationale. Cinquante ans plus tard, la Constitution de 1987 (article XIV, section 6) précise que la langue nationale est le philippin, notion plus large que le tagalog. L'anglais a néanmoins sa place : « for purposes of communication and instruction, the official languages [à distinguer de national language, langue nationale] are Filipino and English » (article XIV, section 7).
Occupation japonaise
En 1942, lors de la Seconde Guerre mondiale, le pays passe sous occupation japonaise, les mouvements de résistance sont très actifs et la répression japonaise féroce. Les forces d'occupation commettent de nombreuses atrocités dont la marche de la mort de Bataan (environ 20 000 morts) et le massacre de Manille en février 1945, où plus de 100 000 civils trouvent la mort. Le général Douglas MacArthur, qui ne réussit pas à repousser l'invasion initiale et doit fuir en Australie en abandonnant ses hommes, prend sa revanche en 1944-1945 et libère l'archipel. Le pays obtient son indépendance le .
Après-guerre
Entre 1948 et 1954 principalement, le Hukbalahap, insurrection paysanne d'inspiration communiste, combat le gouvernement philippin et les milices des grands propriétaires terriens. En mars 1948, le Parti communiste et Hukbalahap sont déclarés hors-la-loi. Le nombre de militants, estimé à 15 000, recule nettement à partir de 1954 après des offensives gouvernementales. Le gouvernement philippin eut recours à des unités spécialisées dans la contre-insurrection, qui propagèrent la terreur parmi les populations civiles des régions rurales soupçonnées de sympathie pour la rébellion. Avec l'aide militaire des États-Unis, notamment en matière d'action psychologique, le gouvernement parvint à affaiblir le mouvement qui disparut dans les années 1960[36].
À l'issue de la guerre, les Philippines sont malgré tout l'un des pays les plus développés d'Asie.[réf. nécessaire] Par la suite, le développement prend du retard à cause d'une faible croissance économique, d'une démographie galopante et d'un fort taux de corruption. La classe politique est composée d’hommes souvent compromis avec les Japonais – à commencer par Manuel Roxas qui est élu Président en avril 1946. Au contraire, les députés issus de la résistance à l'occupation japonaise sont interdits de siéger au Congrès afin de garantir une majorité nécessaire à l’adoption, durant l’été 1946, d’un amendement constitutionnel indispensable à l’application d’une loi favorable aux intérêts économiques américains[36].
Dans les régions rurales, les grands propriétaires font cultiver leurs exploitations par des métayers aux conditions de vie misérables. Ils prélèvent une part considérable des récoltes – la moitié en général – et deviennent souvent les créanciers de ces paysans lourdement endettés. Les contentieux entre propriétaires et paysans sont fréquents, et les autorités les tranchent avec une partialité qui exaspère un peu plus ces derniers[36].
Dictature de Marcos
La vision du « Bagong Lipunan » (Nouvelle Société), prônée par Ferdinand Marcos, similaire à l’Ordre Nouveau qui fut imposé en Indonésie par Suharto, fut poursuivie pendant les années de loi martiale. Celle-ci fut décrétée le face à la contestation de son pouvoir, au nom de la lutte contre le communisme[37]. Quelque 70 000 opposants sont emprisonnés, 34 000 sont torturés et au moins 3 200 trouvent la mort[38],[37].
Il s'agissait d'un mouvement incitant la société à travailler pour le but commun du pauvre comme du privilégié, et à atteindre la libération des Filipinos par leur propres efforts (self-realization). Marcos s’empara d'entreprises appartenant à des dynasties familiales pour les redistribuer à des personnes en affaires depuis peu de temps. Il a aussi saisi des terres pour les redistribuer à des paysans locaux. On constata cependant que les redistributions faites dans le cadre du Bagong Lipunan profitaient en général aux proches du président Marcos. Tout au long de la période de loi martiale, ces proches ont aussi bénéficié d’avantages politiques considérables.
Après Marcos
Au cours des années de pouvoir de Marcos, son régime a sombré dans la corruption et la mauvaise gestion de ses proches. Le point culminant fut l'assassinat de Benigno Aquino. Marcos peut être considéré comme un modèle en ce qui a trait au détournement de fonds : il aurait détourné des milliards de dollars du Trésor philippin. Il s'est aussi rendu célèbre pour son népotisme, employant sa famille et ses amis aux postes clé de son gouvernement.
Sa santé au cours de son 3e mandat était fragile et il fut souvent absent plusieurs semaines pour traitement. Il n'était pas vraiment remplacé pendant ces absences. Considérant les troubles politiques, plusieurs personnes se sont demandé s’il était toujours en mesure de gouverner. Dans ce contexte, l'assassinat d'Aquino en 1983 constitue l’élément déclencheur de la chute de Marcos.
En 1986, Marcos déclencha des élections et se représenta avec Arturo Tolentino (en) comme vice-président. L'opposition était alors unie derrière la veuve d'Aquino, Corazon Aquino et Salvador Laurel (en) comme vice-président. À la suite des élections, Marcos et Aquino se déclarèrent tous deux vainqueurs. L’élection a été généralement entachée de fraudes de la part des deux partis. Avec le support de l'armée (commandée par Juan Ponce Enrile, ancien ministre de la défense et Fidel Ramos, ancien général sous Marcos), du mouvement Lakas ng Bayan (en) et des mécontents de tous les secteurs, le scrutin est dénoncé comme frauduleux par l'Église qui en répand rapidement la nouvelle, l'élément moteur étant l’évêque Francisco Claver. Rapidement, la résistance s'organise dans un premier temps pour valider ou non le scrutin par une surveillance accrue par des bénévoles. Ensuite, les opposants refusent de payer leurs factures, leurs impôts. Une radio libre est ouverte. Le ministre de la défense, le général Ramos et ses hommes se joignent à la contestation le 22 février 1986. Le cardinal Sin les soutient ouvertement et lance un appel sur la radio du diocèse afin de protéger les nouveaux insurgés. Spontanément, une foule de dizaines de milliers de personnes munie de foulards jaunes bloquent les accès à la caserne où se sont réfugiés Ramos et ses hommes. Dès le lendemain des chars arrivent devant la foule qui ne bouge pas. Des religieuses se mettent à genoux devant les tanks, les jeunes filles offrent des bouquets de fleurs aux militaires. Lorsque les militaires reculent, la foule est de 2 millions de personnes. Le 25 février, le général Ver veut faire tirer sur le peuple mais le général Marcos refuse et part en exil[39].
Marcos et son épouse, Imelda Marcos, partirent en exil à Hawaï et ont par la suite été accusés de détournement de fonds par les États-Unis. Marcos est mort à Honolulu (Hawaï) en 1989. Il fut enterré dans un mausolée privé au temple Byodo-In sur l'île d'Oahu, visité quotidiennement par sa famille et ses amis. Ses derniers hommes forts sont maintenant enterrés dans une crypte réfrigérée à Ilocos Norte, où son fils, Bongbong Marcos, et sa fille, Imee, sont respectivement devenus depuis gouverneur local et représentante du gouvernement. Imelda Marcos fut acquittée en 1990 du chef de détournement de fonds par les États-Unis, mais fut condamnée pour corruption lors d’un procès aux Philippines en 1995.
Période contemporaine
Comme les autres pays asiatiques, les Philippines ont bénéficié au début des années 1990 d'un afflux massif de capitaux étrangers[40] qui se retirent ensuite, déstabilisant la monnaie puis l'économie des pays[41].
Un accord est conclu en 1990 entre le nouveau gouvernement philippin et les États-Unis concernant le maintien des bases militaires américaines. En 1992, le président Fidel V. Ramos, ancien ministre de la Défense du dictateur Ferdinand Marcos, constitue un gouvernement proche des milieux d'affaires, qui se rend rapidement impopulaire. Un accord conclu avec les banques à Londres met fin à une crise de l'endettement qui remontait au début des années 1980[42].
En 1996, les participants au forum de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique, qui se tient à Manille, décident de préparer la mise en place d'une vaste zone de libre-échange pour l'an 2000. Les États-Unis sont les principaux bénéficiaires de cet accord en obtenant notamment la suppression des tarifs douaniers sur le secteur des technologies de l'information[42].
Des émeutes font six morts à Manille en mai 2001. La présidente Gloria Macapagal-Arroyo dénonce une tentative de coup d’État mettant en cause des partisans de l'ancien président Joseph Estrada, emprisonné pour corruption. En mars 2003, l'approbation inconditionnelle par le gouvernement philippin de l'invasion de l'Irak par les États-Unis témoignent du resserrement des liens entre les deux gouvernements. Les Philippines reçoivent peu après le statut d'allié majeur non-membre de l'OTAN. En 2005, la présidente Arroyo, accusée de fraude électorale lors de l'élection présidentielle de 2004, est de plus en plus contestée. Dix ministres démissionnent et réclament son départ ; le Parti libéral, allié clé de la coalition gouvernementale, annonce son intention de soutenir la procédure de destitution. Des manifestations rassemblent régulièrement des dizaines de milliers de personnes dans les rues de la capitale pour protester contre le gouvernement. En février 2006; des militaires, des policiers et des opposants politiques sont incarcérés, accusés d'avoir préparé un coup d'État[42].
Jusqu'en 2010, la croissance y est modérée par rapport aux pays voisins du Sud-Est asiatique, essentiellement portée par les contributions d'une importante population de travailleurs émigrés (2,2 millions en 2019), les OFW (Oversea Filipino Workers, souvent installés à Hong-Kong, à Singapour, dans les pays du golfe Persique, mais aussi aux États-Unis et en Europe[43]) ainsi que par les investissements directs étrangers. Ces investissements ont lieu dans les secteurs des technologies de l'information et de la communication (NTIC), mais aussi dans les secteurs qui demandent une main-d'œuvre à faible coût.
Le sud du pays, en particulier l'île de Mindanao, connaît une crise politique due à des mouvements séparatistes musulmans comme Abou Sayyaf et le Front Moro islamique de libération, s'opposant depuis les années 1970 au pouvoir de Manille, très proche de l'Église catholique.
Les Philippines obtiennent une indépendance presque totale par la loi Tydings-McDuffy du . Le premier président est élu en 1935, mais la république des Philippines obtient son indépendance totale en 1946. Le système gouvernemental est inspiré de celui des États-Unis. La constitution de 1987, adoptée sous le régime de Corazon Aquino, rétablit un système présidentiel avec un pouvoir législatif bicaméral et un pouvoir judiciaire indépendant.
Les élites politiques et économiques sont les mêmes depuis près d'un siècle. Dans les années 2010, 80 % des membres du Congrès philippin sont issus de dynasties politiques[44].
Une soixantaine de familles possèdent l'essentiel du pouvoir politique. Les campagnes électorales reposent largement sur des méthodes clientélistes. Le politologue Benito Lim observe que « pour devenir un homme politique de premier plan, il est indispensable de disposer d’importantes ressources financières. Car chaque déplacement électoral implique de passer par une personnalité politique locale capable de rassembler des soutiens »[45].
Les Philippines ont été considérées en 2018 comme l'État le plus dangereux au monde pour les militants écologistes, selon un rapport de l'ONG Global Witness. Cette année-là, 30 militants ont été assassinés à travers le pays[46].
Le mandat de Rodrigo Duterte à la présidence a été marqué par l'assassinat, par la police, de milliers de traficants de drogue présumés, et par l'emprisonnement d'opposants. Un rapprochement avec la Chine s'est également opéré. L'arrivée au pouvoir de son successeur, Ferdinand Marcos Jr, en 2022, conduit à un rapprochement avec les États-Unis qui bénéficient toujours de cinq bases militaires dans le pays[47].
Pouvoir exécutif
Le président, élu au suffrage populaire pour un mandat de six ans, cumule les charges de chef de l'État et du gouvernement, ainsi que commandant en chef des forces armées. Il nomme et peut démettre les ministres. Il ne peut pas se représenter pour un nouveau mandat, sauf dans le cadre d’une succession constitutionnelle et s’il est en poste depuis moins de quatre ans. Le vice-président est également élu au suffrage universel. Bien que ce ne soit pas toujours le cas, il fait généralement partie du cabinet présidentiel.
Pouvoir législatif
Le parlement philippin est composé de deux chambres : le Sénat et la Chambre des représentants. Les membres des deux chambres sont élus au suffrage universel. Le Sénat compte 24 membres élus sans circonscriptions pour un mandat de six ans. Ils peuvent se représenter une fois. La Chambre des représentants compte 304 membres, dont 243 sont élus par le peuple dans des circonscriptions à siège unique. Les 61 membres restant sont élus selon un système complexe de listes présentées par les partis. Tous sont élus pour un mandat de trois ans et peuvent se représenter deux fois consécutivement. Si un ou plusieurs sièges sont vacants en cours de législature, la Chambre peut décider d’organiser une élection partielle. Les candidats élus siègent alors jusqu'à la fin de la législature, ce qui est décompté comme un mandat complet.
Pouvoir judiciaire
La Cour suprême est la plus haute instance judiciaire des Philippines. Le président dit Chief Justice et 14 juges dits Associate Justices sont nommés par le président sur recommandation du Conseil judiciaire. Voir aussi : Constitution des États-Unis qui a largement inspiré la constitution des Philippines.
Relations internationales
La république des Philippines est membre fondateur de l'ASEAN (Association of Southeast Asian Nations). C'est également un participant actif de l'APEC (Coopération économique pour l'Asie-Pacifique), un membre du G-24 et l'un des 51 États fondateurs des Nations unies le . Les Philippines sont pour le moment en conflit avec Taïwan, la Chine, et la Malaisie à propos des îles Spratleys, riches en hydrocarbures, ainsi qu'avec la Malaisie à propos de l'État de Sabah. Le fait que le sultan de Sulu ait reçu ce territoire en 1703 du sultan de Brunei est à l'origine de la revendication actuelle des Philippines.
Les Philippines sont divisées en une hiérarchie d’unités locales de gouvernement (Local Government Units, LGU), la province (lalawigan en philippin) étant la subdivision de base. En 2002, il y a 79 provinces dans le pays, regroupées en 17 régions (rehiyon). Les provinces sont subdivisées en villes et municipalités, qui elles-mêmes sont composées de barangays. Le barangay est la plus petite LGU.
Les régions sont généralement organisées de manière à regrouper des provinces ayant les mêmes caractéristiques culturelles et ethnologiques.
Les provinces sont regroupées en régions pour des raisons de commodité administrative. La plupart des administrations gouvernementales possèdent des bureaux au niveau régional, habituellement dans la ville ayant le statut de capitale régionale.
Les régions elles-mêmes ne possèdent pas d'organe gouvernant distinct, à l'exception de la Région autonome musulmane Bangsamoro.
En 2002, les Philippines comptent 17 régions. Les régions sont géographiquement combinées en trois groupes d'îles: Luçon, les Visayas et Mindanao.
Villes
- Capitale: Manille (1,7 million d'habitants en 2015)
- Régions métropolitaines: Metro Manila (avec 12,8 % de la population philippine[48]), Metro Cebu, Metro Davao
- Autres villes principales: Cebu, Davao, Quezon City, Zamboanga, Cagayan de Oro, Bacolod City, Iloílo, Ángeles, General Santos, Batangas